La Belgique cet artisan d’une conflagration régionale

Redigé par Tite Gatabazi
Le 14 novembre 2025 à 11:47

Il devient désormais impossible de masquer ce que d’aucuns s’entêtaient à reléguer au rang de rumeur malveillante : la Belgique joue un rôle actif et nocif, structurant et singulièrement ambigu dans l’embrasement persistant de l’Est de la République démocratique du Congo.

Grâce aux révélations méticuleuses du média d’investigation The Great Lakes Eye, l’un des rares à sonder sans relâche les arcanes opaques de la région, le voile se déchire enfin sur une implication longtemps travestie par un discours humanitaire de façade.

Tandis que le processus de Doha exhorte les protagonistes à la retenue, à la confiance et à l’instauration d’un cessez-le-feu durable, Bruxelles semble se complaire dans un jeu diplomatique à double entrée : apôtre proclamé de la paix dans les enceintes internationales, pourvoyeur discret de moyens létaux sur le terrain.

La contradiction n’est plus seulement morale : elle est profondément délétère pour des populations meurtries qui subissent de plein fouet les convulsions d’un conflit interminable.

L’épisode du 9 novembre en offre une illustration éclatante. Un Airbus A400M Atlas de l’armée belge, immatriculé CT-04, a atterri à l’aéroport international de N’Djili après une escale soigneusement calibrée à Saragosse, siège d’INSTALAZA S.A., fleuron européen de l’industrie de l’armement.

Ce détour, loin d’être fortuit, suggère fortement que l’appareil ne convoyait pas de simples fournitures logistiques mais des équipements destinés à renforcer la coalition FARDC-Wazalendo, épaulée par les forces burundaises et les miliciens génocidaires FDLR.

En recourant aux infrastructures de l’OTAN pour des opérations de cette nature, la Belgique franchit une ligne rouge, engageant tacitement d’autres États membres et exportant, de facto, une crise régionale vers la sphère stratégique occidentale.

Depuis 2021, les indices s’accumulent : rotations aériennes récurrentes vers Bujumbura, Kisangani, Kindu et Kinshasa ; soutien matériel constant ; appui logistique à une coalition lourdement mise en cause pour de graves violations des droits humains.

L’ancienne puissance coloniale ne se contente plus d’observer : elle agit, elle infléchit, elle influe et toujours dans le sens d’une escalade militaire aux conséquences incalculables.

Une lecture obsolète de l’histoire et une diplomatie à contre-temps

En dépit de discours officiels prétendant à l’introspection, la Belgique demeure entravée par une vision anachronique et idéologisée des dynamiques politiques des Grands Lacs.
L’introduction, dans le débat public, d’acteurs dépourvus d’expertise véritable quant à son passé colonial n’a fait que renforcer une ligne politique fondée davantage sur des impulsions partisanes que sur une compréhension rigoureuse des réalités historiques et contemporaines.

Cette posture, loin d’apaiser les tensions, nourrit des analyses erronées et des décisions hasardeuses. En adoptant une position systématiquement favorable à Kinshasa et ouvertement hostile à Kigali, Bruxelles semble sacrifier la complexité géopolitique de la région sur l’autel du calcul démographique et de la flatterie diplomatique.

Une telle attitude attise inutilement les antagonismes entre communautés rwandaise et congolaise établies sur son territoire, tout en confortant une vision déformée des rapports de force qui structurent aujourd’hui l’Afrique centrale.

Car la situation tragique du Kivu ne saurait être lue à travers des prismes simplistes entretenus par certains relais médiatiques et diplomatiques européens. Elle appelle un examen minutieux, affranchi des nostalgies coloniales mal digérées et des réflexes doctrinaires. En s’engageant de manière opaque et partiale, la Belgique se place résolument à contre-sens de l’histoire, ignorant les mutations profondes d’une région dont elle se croit encore l’arbitre moral alors qu’elle en complique, par ses propres actions, les perspectives de paix.

Une interrogation majeure, lourde de portée éthique et géopolitique, demeure suspendue au-dessus de l’action belge comme une épée de Damoclès : au nom de quels intérêts souterrains, de quelles fidélités inavouées et de quelle conception du monde Bruxelles s’autorise-t-elle à infléchir le cours d’un conflit dont les populations congolaises acquittent quotidiennement le prix le plus funeste ?

Cette question, que l’histoire ne cessera de faire résonner avec une acuité croissante, convoque un examen de conscience que la Belgique s’obstine pour l’heure à éluder. Car derrière les paravents diplomatiques et les professions de foi humanitaires, se dessine l’ombre portée d’une diplomatie qui oscille entre archaïsmes coloniaux, calculs opportunistes et alliances tacites, au mépris des vies brisées et des espoirs de paix de millions d’innocents livrés à l’âpreté du chaos.

Il est désormais indéniable que la Belgique joue un rôle actif, nocif et ambigu dans l’embrasement persistant de l’Est de la RDC

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