Mais sur le dossier congolais, l’impasse semble totale. Malgré des mois d’efforts, de canaux discrets et d’allers-retours entre délégations, le processus reste enlisé et le sentiment d’usure gagne jusqu’aux partenaires les plus persévérants.
Le 11 novembre dernier devait marquer une avancée symbolique : la signature à Doha d’un accord minimal entre les représentants du gouvernement congolais et ceux de l’Alliance Fleuve Congo/M23.
Bertrand Bisimwa, numéro deux du mouvement, avait fait le déplacement, soucieux d’honorer un rendez-vous qui, à ses yeux, ouvrait enfin la voie à une désescalade durable. Mais la délégation de Kinshasa, elle, n’a jamais quitté le sol congolais. Cette absence, que beaucoup interprètent comme un nouvel acte de défiance, a laissé les médiateurs qataris pantois et Washington embarrassé.
Car derrière les murs feutrés des salons diplomatiques, la vérité s’impose : la RDC est devenue un dossier que plus personne ne veut porter seul. Doha, qui espérait se dégager de ce bourbier tout en répondant à l’appel de l’Union africaine pour une solution « continentale », voyait dans cet accord une triple victoire : se libérer d’un fardeau diplomatique, offrir à l’UA un succès symbolique et permettre à Washington d’orchestrer la réconciliation tant attendue entre Félix Tshisekedi et Kagame, sous l’œil approbateur de Donald Trump.
Mais ces calculs n’ont pas résisté à la réalité congolaise. À Washington, la cérémonie de signature tripartite, sans cesse annoncée, n’a cessé d’être repoussée du 13 au 23 novembre, avant de sombrer dans une nouvelle incertitude.
L’irritation est palpable. Les diplomates américains comme qataris, lassés de ces subterfuges, envisagent désormais de faire pression sur Kinshasa pour l’amener à parapher un texte qui, rappelons-le, ne fait que reconnaître la présence de rebelles contrôlant près d’un cinquième du territoire national.
L’Angola, naguère médiateur attitré, a d’ailleurs choisi de se retirer avec soulagement, profitant de sa présidence tournante de l’Union africaine pour se délester d’un dossier devenu explosif. Cette succession de désengagements illustre l’épuisement collectif des parrains régionaux, tous confrontés à la même évidence : la mauvaise foi caractérisée de Kinshasa, son goût pour la fuite en avant et la manipulation, ont transformé la question congolaise en une interminable tragédie diplomatique.
Au fil des renoncements et des reports, la position de l’AFC/M23 se trouve paradoxalement renforcée. Car face à un pouvoir congolais versatile, prompt à renier ses engagements et à se draper dans une posture victimaire, le mouvement rebelle apparaît de plus en plus comme l’un des rares acteurs cohérents et prévisibles du théâtre congolais.
Et tandis que les médiateurs, de Doha à Luanda en passant par Washington, se renvoient la patate chaude d’un conflit devenu ingérable, une lassitude glaciale s’installe, celle d’un monde qui ne croit plus aux promesses de Kinshasa.














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