La parodie institutionnelle ou la corruption se banalise en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 14 novembre 2025 à 03:12

Il n’est sans doute que dans les marges de la République démocratique du Congo que l’on peut observer des aberrations politiques et institutionnelles défiant le sens commun et la raison la plus élémentaire.

Là où la corruption devrait être dénoncée et combattue, elle s’érige en norme, voire en rite : ses manifestations sont si systématiques qu’elles en viennent presque à nécessiter une nouvelle désignation, tant le terme usuel paraît désormais insuffisant pour traduire l’ampleur de la dépravation morale et administrative qui gangrène le pays.

L’« union sacrée » ou ce qu’il en reste après des années de fragilisation et de luttes intestines se voit ainsi réduite à un instrument de manipulation et de marchandage. Dans ce cadre, la plus haute des institutions parlementaires ne se contente pas de garantir le fonctionnement démocratique : elle devient l’arène où les principes de légitimité et de représentativité cèdent le pas aux logiques de transaction et de profit personnel.

La récente tentative d’élection du président de l’Assemblée nationale, Aimé Boji Sangara en remplacement de Vital Kamerhe illustre à elle seule cette dérive : non seulement le scrutin fut dépourvu de tout suspense, mais les députés eux-mêmes ont conditionné leur participation au paiement d’un versement individuel de 6 000 USD, ne daignant siéger qu’après le règlement intégral de cette somme.

Ce faisant, l’acte démocratique, censé incarner la volonté populaire, se trouve subverti par la monétisation de l’exercice du mandat, transformant la représentation nationale en simple marché de gré à gré.

La marchandisation du pouvoir : symptomatique d’une crise éthique profonde
Cette situation dépasse le simple scandale matériel : elle est le révélateur d’une crise éthique et institutionnelle profonde, où les valeurs fondamentales de l’État de droit, de la responsabilité civique et de la déontologie politique sont reléguées au rang de simulacres.

Le paiement exigé comme condition préalable à l’exercice d’un mandat n’est pas un incident isolé ; il s’inscrit dans une logique de normalisation de la corruption, où l’aberration devient pratique courante et où l’exception morale se transforme en exceptionnalité insupportable.

Ainsi, la scène décrite, députés exigeant le paiement d’avances et conditionnant leur présence à l’Assemblée illustre de manière saisissante le dysfonctionnement systémique d’un système politique qui a perdu tout sens de l’honneur public et du devoir civique.

La « parodie de vote » pour un candidat unique n’est plus seulement un problème procédural : elle est la manifestation tangible d’un effondrement du pacte social et démocratique, une négation des principes qui devraient fonder la légitimité de tout État.

Dans un tel contexte, la question n’est plus de savoir qui gouverne, mais plutôt de comprendre comment une institution peut continuer à fonctionner lorsque la moralité et la légitimité ont été marchandisées à ce point, transformant la représentation nationale en théâtre de la cupidité et du cynisme politique.

La récente tentative d’élection du président de l’Assemblée nationale, Aimé Boji Sangara en remplacement de Vital Kamerhe illustre une dérive

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