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Le problème est entre Tshisekedi et le M23, selon Kagame

Redigé par Tite Gatabazi
Le 20 septembre 2023 à 11:48

Dans une interview exclusive au journal Jeune Afrique, le président Kagame est formel : « le problème n’est pas entre moi et Tshisekedi mais entre Tshisekedi et le M23 ». Tshisekedi s’apprête à solliciter un second mandat à ses concitoyens dans un hypothétique scrutin électoral de décembre 2023 sur fond d’instabilité chronique et mortifère à l’Est de la RDC.

Selon jeune Afrique, « dans ce contexte volatile et dans des soubresauts qui agitent le continent, le 12 septembre 2023 s’est entretenu avec le Président Kagame ».

Sur les coups d’État à répétition en Afrique, Kagame considère que « ces événements n’arrivent pas juste comme ça, sans une explication. Je crois qu’ils sont souvent le résultat d’une accumulation de griefs sur plusieurs années. On peut les analyser, trouver que ces raisons sont valables ou ne le sont pas, mais forcement des facteurs qui amènent à cette extrémité. Cela ne me surprend pas ».

Avant de préciser : « chaque changement ou implosion dans différents pays se résume en un mot : la gouvernance. La gouvernance et ensuite la sécurité. Ce sont celles qui posent les fondations du développement d’un pays, à condition qu’elles soient gérées de la bonne manière ».

Et d’ajouter « qu’il y a assurément un sentiment très négatif sur l’interférence des puissances étrangères dans la politique africaine. Peu importe qu’elle vienne de la France, des Etats Unis, du Royaume Uni ou de la Belgique. Il y a un véritable rejet de cette attitude et c’est justifié, et ces pays doivent en prendre conscience. Mais cela n’excuse pas non plus les problèmes qui connaît notre continent et qui nous concernent, nous, avant tout »

S’agissant de la relation tumultueuse avec la RDC, jeune Afrique indique que pour la deuxième fois en six mois, le groupe d’experts de l’ONU épingle le Rwanda pour son soutien actif au M23, détaillant même la chaîne de commandement impliqué du côté de l’armée Rwandaise, tout en s’appuyant sur des images aériennes, des photos et des témoignages. Et de chercher à savoir si cela ne serait pas des preuves irréfutables ?

Et la réponse tombe comme un couperet : « Je ne sais pas de quoi ces gens sont experts mais partons du principe que le groupe a rédigé un rapport. La plupart des choses rapportées par ces experts ne correspondent pas aux faits tels que nous les connaissons. Est-ce que le problème de la RDC est le M23 ou est-ce le Rwanda, vraiment ? Le M23 et le Rwanda seraient les problèmes de la RDC et c’est tout ? Je pose la question parce que, dans le rapport, il n’y a rien ou presque sur l’histoire des problèmes du Congo, sur la responsabilité des institutions congolaises, sur les crimes commis par les FARDC…Cela dure depuis plus de vingt ans, malgré la présence de l’ONU qui coûte des milliards de dollars. Pourquoi ne parle-t-on pas du bilan de cette mission ? Ces questions n’ont-elles aucun intérêt ? Si le Rwanda est accusé de ce dont vous venez de parler, quelle pourrait être la raison de son implication en RDC ? Pourquoi les experts sont-ils silencieux là-dessus, sur la présence des FDLR dans cette région depuis toutes ces années, sur la menace qu’ils représentent pour le Rwanda et pour la RDC elle-même ? le gouvernement congolais regroupe des gens qui se revendiquent comme des anti Rwanda, qui veulent faire tomber le gouvernement rwandais, le président congolais les reçoit, mais les experts n’en parlent pas »

A la question relative à l’échec de la voie diplomatique du processus de Nairobi et de la feuille de route de Luanda, Kagame rappelle une évidence.

« Les efforts de la communauté des Etats de l’Afrique de l’Est ont permis le déploiement d’une force sur le terrain. Celle-ci a fait un excellent travail pour calmer les choses.je suis surpris de voir, alors que cette solution est la seule qui a pour le moment produit des résultats, avec un cessez le feu globalement respecté malgré quelques affrontements ça et là, que les autorités congolaises veulent mettre un terme à sa présence. C’est surprenant. Quels que soient les efforts qui ont jusque-là été mis en œuvre, le processus de Nairobi et de Luanda sont les seuls avoir aidé à calmer les choses ».

Et cette phrase qui en dit long sur l’état d’esprit en présence : « pour que le processus politique puisse se tenir, il faut que la RDC cesse de le rejeter ». Là est le nœud du problème.

Les indices sérieux et concordants indiquent que c’est la RDC qui sabote le processus de paix. S’agissant du dossier Rusesabagina, Kagame estime que le narratif a changé et tant mieux. De même, il salue les actions menées par le Général Muhoozi Kainerugaba dans le rétablissement des relations cordiales avec l’Ouganda.

Pour ce qui du refus de l’ambassadeur Karega Vincent par la Belgique, Kagame considère les explications fournies au Rwanda comme sans fondement. Et que le Rwanda est en attente d’un « meilleure explication ».

Et de conclure par la confirmation de la confiance que lui manifeste les Rwandais, qu’il servira son pays tant qu’il le pourra. Et en foi de quoi, il sera candidat à sa succession.


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