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Transpoesis 2016 : Un espace poétique, un spectacle culturel périodique au The Manor

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 1er février 2016 à 03:00

Le Rwanda manque cruellement d’espaces culturels où des jeunes artistes peuvent s’épanouir. Transpoesis, une organisation de rencontres de poètes rwandais vient de voir le jour à l’Hôtel The Manor de Nyarutarama, un quartier chic du nord Est de Kigali. En ce 30 janvier 2016, la suissesse Dr Andréa Grieder, anthropologue de son état, et Mustafa Kayitare ont organisé une émulation de jeunes poètes rwandais avec le sponsor de l’Hotel The Manor et celui d’un styliste Francis Sahabu. De gauche à droite (...)

Le Rwanda manque cruellement d’espaces culturels où des jeunes artistes peuvent s’épanouir. Transpoesis, une organisation de rencontres de poètes rwandais vient de voir le jour à l’Hôtel The Manor de Nyarutarama, un quartier chic du nord Est de Kigali.
En ce 30 janvier 2016, la suissesse Dr Andréa Grieder, anthropologue de son état, et Mustafa Kayitare ont organisé une émulation de jeunes poètes rwandais avec le sponsor de l’Hotel The Manor et celui d’un styliste Francis Sahabu.

De gauche à droite Andrea Grieder et Mustafa Kayitare, organisateurs de Transpoesis. Décidés à en faire une institution culturelle régie par RGB.

Des jeunes rwandais ont le loisir d’exprimer leurs talents et convaincre le public.

Les morceaux de poèmes présentés avaient différents thèmes. Le jury composé d’artistes et écrivain Kalisa Tharcisse Rugano, écrivain et directeur artistique de la Troupe culturelle Mutabaruka, de l’écrivain et poète Musizi Nsanzabera Jean de Dieu et le jeune poète Eric Ingangare.

Le Jury avait à choisir 3 meilleurs artistes sur les 14 en lice. Nous avons 3 critères d’évaluation. La présentation et la richesse du contenu du poème mais aussi l’appréciation du public. Un public peu nombreux par ailleurs qui néanmoins augure que les prochaines organisations de cet événement artistiquevont attirer non seulement des amis des artistes mais aussi un public cultivé qui saura jouir des prestations de ces artistes qui produisent en français, anglais et Kinyarwanda.

Le Jeune Hakim Nizeyimana a été primé pour son ode à sa femme chérie. Le poète a peuplé tout le podium allant même intéragir avec le public avec son poème déclamé en Kinyarwanda. Il communique expressivement la quantité de l’amour qu’il porte à sa femme. Par une sorte de simulation réussie, l’auditeur ne sait plus s’il chante sa femme ou son enfant dans un Kinyarwanda hautement littéraire.

Le deuxième prix est allé à Martine Uwacu Karekezi qui a présenté un poème très philosophique en français : "Mon passé est une partie de moi". Martine qui va dans les trente ans accuse son passé, sa vie qui
« 

" impose à certains du poids
Pour enfin me retrouver dépourvue de joie
Car elle glisse leur confiance entre mes doigts".

 »

Les spectateurs

Voici un morceau poétique qui aurait dû être classé premier si l’audience avait été francophone.

Ce poème a des accents et des sonorités bien cadencés tout en évoquant des sentiments qui peuplent la conscience des jeunes gens de son âge qui ont vécu la déshumanisation et les affres du génocide des tutsi de 1994. Un poème qui questionne et peint avec intensité des tonnes de sentiments et autres images qui ne lâchent ni l’observateur, ni l’acteur ou l’objet passif d’un drame qui déchire l’humanité :

Martine Uwacu Karekezi, deuxième Primée

"...Pour un tas de tes souvenirs qui me lacent
Sauras-tu me dire de quoi on est complice ?
Pour me courber sous tes coups qui m’agacent
En suivant la cadence de tes pas qui trahissent
Et en cédant à l’épée du bourreau qui me traverse !
..."

Le thème du génocide a été évoqué par Liliane Bizimana avec "Mata yahindutse amaraso".

L’auteure jour sur l’homonymie du Kinyarwanda. Elle joue sur le mois d’avril dit MATA (1994), désormais synonyme de sang des Tutsi égorgés à la machette et hâche et répandu par terre et dans les ruisseaux. L’auteure joue sur le fait que dans le temps il était interdit de répandre par terre AMATA le lait de vache nourricier.

« 

"Avril (Mata) a été synonyme de sang d’homme versé au moment où ce MATA pluvieux était synonyme de la période de la vache grasse donnant assez de lait (AMATA)"

 »
, déclamme-t-elle avec une sorte d’amertume, de quantité de sentiments difficilement contenus.

Les trois primés
Deux autres jeunes gens se sont illustrés par des constructions subtiles de leurs poèmes.

Rugira Kamanzi Addis semble exorcicer ’AGAHINDA’ (chagrin) qu’il interpelle et lui demande de ne plu faire partie de lui :

« 

"Pourquoi m’oppresses-tu et me tiens prisonnier...
Tu m’as pris quand j’étais enfant..."

 »

Cette interpellation va crescendo et montre que plus loin Rugira remonte au fait qu’il est esseulé et sans pilier dans sa vie depuis que les siens sont emportés par le génocide des Tutsi de 1994.

Un autre poète en Kinyarwanda Lucky Jean d’Amour, s’est fait remarqué par une construction hautement imagée sous le titre de "KIZIGENZA- NI WOWE NDATA". Difficile de savoir qu’il adresse une ode à son Président de la république.

« 

"Ubu ndavuga Ntavuguruzwa n’abazungu(Je m’exprime librement sans influence blanc)
Isuku yose isobetse Gasabo (Proproté et hygiène dans tout le Rwanda)
We wadushyikirije Girinka Munyarwanda (allusion au programme One Cow- 1 Family)
Umuco n’Uburezi (Culture et education pour tous)
Ngaha abagore ijambo risesuye... (Gender ferme)..."

 »

Lucky chante plus qu’il ne déclame en mariant le ’je’ et le ’il’ pour une seule et même personne, celle de Paul Kagame, son président.

Une jeune élève d’école secondaire Sabrina Murara a déclamé un poème montrant ses émotions de dépit face à la vie désemparée des réfugiés burundais du Camp de Mahama à qui elle a rendu visite.

Leon Bizimana déclame "URUKUNDO". Aux extases, il scande des sons qu’il accompagne d’un rythme de son pied

Le chef du jury Rugano Tharcisse proclamme les trois meilleurs


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