Au cours de ces deux dernières semaines deux événements d’apparence sans rapport se sont déroulés dans la haute superstructure militaire du pays. La structure politique en a également ressenti un impact au cours du Bureau politique du FPR de ce 31 août dernier avec un sursaut de critique ouverte intraparti. Il s’agit de la réunion du haut conseil militaire dirigé par le Commandant suprême Paul Kagame, Président de la République qui a été suivie de près par l’arrestation et emprisonnement du général à la retraite Frank Rusagara et du Colonel actif Tom Byabagamba. On notera aussi l’arrestation d’un autre esprit libre Capt démob. David Kabuye, mari d’une autre colonnelle Rose Kabuye, elle aussi démobilisée.

Au moment où les deux officiers supérieurs cités ci haut sont, devant la Cour militaire, accusés de manquement à la philosophie de la discipline militaire de RDF (Forces Rwandaises de la Défense), le capitaine démobilisé Kabuye est, quant à lui, traduit dans un tribunal civil sous le chef de port illégal d’arme.

Force est de constater que ce port illégal d’arme à feu est pourtant aussi un acte d’indiscipline. Sauf si les actes d’indiscipline commis sont de poids différents.

Les procès de ces militaires sonnent comme un rappel aux gens d’armes que leur discipline langagière ou comportementale doit être autrement dure par rapport à celles des civils comme par le passé.

Au cours de sa rencontre avec ses généraux, le grand Commandant Kagame avait insisté sur le fait qu’un militaire doit afficher une discipline exemplaire.
« Le chef suprême des armées est revenu sur le fonctionnement des armées dans le cadre du maintien de la sécurité comme clé du développement du pays. La culture de la discipline, du respect et la conformité aux principes et à la doctrine de RDF qui ont caractérisé durant ces 20 dernières années ont fait que ces RDF sont devenues le socle de la sécurité au pays et dans la région", rapportait IGIHE du 27 août dernier citant le général Joseph Nzabamwita, Porte parole de l’armée à la sortie du Briefing militaire fait par le Grand Commandant Paul Kagame.

Pourtant le Commandant ne se comporte pas de la même façon avec les civils, signe qu’il reste militaire et connaît les conséquences très négatives des incartades de militaires qui ne sont plus régis par une philosophie de discipline militaire stricte et sans cesse revisitée.

Dans le procès militaire du général et du colonel, il leur est reproché de propagation de rumeurs et d’incitation au soulèvement ? Du coup comme un phénomène d’osmose, leurs femmes porteront les mêmes crimes qui seront révélés au cours de la session du Bureau Politique du FPR, parti moteur du gouvernement, de ce dimanche 31 août où plus de 1500 délégués nationaux étaient rassemblés.

Critique ouverte, les bons principes d’antan reviennent-ils au sein du parti moteur ?

AFP de ce 2 septembre suit à la trace les transes de ce parti moteur FPR avec sa tendance de revenir à la vertu de la critique ouverte en son sein dans un effort de redresser les torts.

Selon cette agence de presse française, « Il y a des membres qui ont été impliqués dans des crimes sérieux contre l’Etat (…), propageant des rumeurs et s’alliant avec des gens négatifs », a affirmé Oda Gasinzigwa, Ministre de la Promotion féminine et Genre et Commissaire au FPR, avant de citer deux femmes Col Rose Kabuye et Mme Mary Baine épouse du Col Tom Byabagamba ainsi que l’ancienne ambassadrice rwandaise aux Pays-Bas, Immaculée Uwanyirigira. « Nous ne leur permettrons pas d’être des loups au sein du parti », a ajouté Oda Gasinzingwa.

Pour une discipline de fer

Va-t-on comprendre qu’un militaire rwandais doit éviter de jaser n’importe comment sur les événements politiques qui se passent dans le pays ? Pour sûr, il lui est interdit de montrer sa tendance politique encore moins quand certains officiers félons dont le Gén. Kayumba Nyamwasa décident de prendre une porte dérobée pour entrer dans la dissidence politique ?

Gare à ceux qui tenteront par sympathie ou par intérêt à lui emboîter le pas dans son aventure suicidaire.

La rencontre des généraux de ce 27 août ne doit avoir eu d’autre pertinence si ce n’est celle émise par le grand Commandant consistant à leur montrer la lourdeur de cette entreprise de dissidence et les conséquences néfastes y relatives.

La rencontre consistait-elle à leur montrer que toute démarche d’un officier de l’armée qu’il soit à la retraite, démobilisé ou alors actif doit être pesée, tout discours tenu a doublement un impact sur la société que s’il était débité par un civil ?

En effet, le général et le colonel subissent un procès de propagation de rumeur et de tentative de désobéissance civile au moment où de hauts et moyens fonctionnaires de l’administration publique peuvent commettre de gros crimes comme celui de pactiser avec les Fdlr (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) opérant dans l’Est de la RDC et rêvant de reparaître à Kigali..

Dans tous les cas, la rencontre des généraux avec leur Commandant aura été une sorte d’évaluation et d’appréciation de l’évolution de la discipline et doctrine militaires des ex-APR (Armée Patriotique Rwandaise) alors dans la guérilla vers celle endossée par les RDF (Rwanda Defence Force).

Des recommendations express doivent avoir été faites par le Commandant suprême de l’armée et Président de la République pour apprécier la conjoncture politique internationale actuelle incidente avec les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) auxquels se sont joints les RNC du gén. Kayumba Nyamwasa, la situation insécuritaire favorable de l’Est de la RDC pour une éventuelle invasion du Rwanda et la situation intérieure rwandaise où certains ambitieux politiciens indécis pourraient basculer dans le mauvais côté du mur.