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Le pétrole durablement bon marché nuit aux économies.

Redigé par IGIHE
Le 11 février 2016 à 01:18

Le baril de pétrole est passé sous les 30 dollars et l’Agence internationale de l’énergie n’entrevoit pas de réel rebond à court terme. Avec des conséquences très négatives pour les économies.
Pas d’embellie des cours à attendre en 2016, estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE). La planète va produire encore beaucoup trop de pétrole par rapport aux besoins mondiaux, des besoins qui n’augmentent plus aussi vite que les années passées (1,2 million de barils supplémentaires seront consommés en 2016, (...)

Le baril de pétrole est passé sous les 30 dollars et l’Agence internationale de l’énergie n’entrevoit pas de réel rebond à court terme. Avec des conséquences très négatives pour les économies.

Pas d’embellie des cours à attendre en 2016, estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE). La planète va produire encore beaucoup trop de pétrole par rapport aux besoins mondiaux, des besoins qui n’augmentent plus aussi vite que les années passées (1,2 million de barils supplémentaires seront consommés en 2016, prévoit l’Agence, contre 1,6 million de plus en 2015, pic de croissance de la demande). Au total, l’offre serait excédentaire de 1,75 million de barils au premier semestre, alors que les stocks mondiaux débordent déjà avec 3 milliards de barils.

Les grands pays pétroliers, qu’ils soient dans l’Opep comme l’Arabie saoudite ou en dehors comme la Russie, ne se résignent pas à baisser leur production, malgré les gesticulations récentes. Quant aux pétroles de schiste aux Etats-Unis, ils résistent mieux que prévu. Ils ne devraient chuter que de 600 000 barils, estime l’AIE.

Ce sont eux qui ont véritablement torpillé le marché mondial, rappelle Philippe Sébille-Lopez, expert du pétrole au cabinet Geopolia : « On ne sort pas 3 millions de barils par jour supplémentaires en cinq ans sur un marché qui absorbe au mieux 1,2 million de barils jours de plus par an. Les Etats-Unis ont torpillé le marché mondial, mais on ne peut pas leur en vouloir, chacun joue sa carte. En réponse, la Russie et l’Arabie saoudite ne baissent pas leur production. Les Saoudiens ont des taux de rentabilité par rapport au volume de production imbattable dans le monde ; les Russes ont de leur côté besoin de produire économiquement, du fait des sanctions et du contexte politique. »

Le retour de l’Iran sur le marché pétrolier aggrave cette surproduction, et du même coup le déclin des cours. Un demi-million à un million de barils supplémentaires exportés par l’Iran vont s’ajouter en 2016 à la production déjà record de l’Irak, depuis la chute de Saddam Hussein.

Le Nigeria va s’endetter à nouveau

Le pétrole ne vaut plus que le quart de ce qu’il valait en juin 2014. L’Algérie creuse son déficit commercial, même si la compagnie nationale Sonatrach organise encore un fastueux dîner annuel à Londres cette semaine, mais la société nationale de l’Angola Sonangol y a renoncé.

Plus grave, des manifestations ont lieu au Nigeria contre la hausse des prix de l’électricité. Le Nigeria ne peut plus se permettre certaines subventions. Il pourrait même devoir se réendetter massivement. « Les caisses sont de plus en plus vides, les programmes sociaux revus à la baisse, le Nigeria va recommencer à s’endetter, prévoit Philippe Sébille-Lopez. Ils ont fait des budgets sur 75 dollars, 67 dollars ; aujourd’hui, on est à 30 dollars… Comme on sait que les Occidentaux sont très proches de cette nouvelle administration Buhari, on va prêter à nouveau, alors que ce pays n’a pas fait les réformes nécessaires sur la gestion de la rente ! Le Venezuela, lui, ne peut pas bénéficier du traitement du Nigeria, pour des raisons politiques. »

Même les monarchies du Golfe que l’on pensait inébranlables sont fragilisées. Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Koweït et Qatar sont passés de 220 milliards de dollars de surplus budgétaires en 2012 à 160 milliards de déficits l’an dernier. Et ça ne sera pas mieux cette année.

Avec des conséquences inattendues : le Proche et le Moyen-Orient ralentissent leurs achats de blé. « Plusieurs des pays qui sont les plus gros importateurs de blé de la planète sont également de gros producteurs de pétrole, souligne François Luguenot, spécialiste des marchés céréaliers chez In Vivo. C’est le cas de l’Arabie saoudite, c’est le cas de l’Algérie, c’est le cas de l’Iran, c’est le cas indirectement de l’Egypte que ne survit que grâce à l’aide des monarchies du Golfe qui sont moins à l’aise qu’avant. Finalement, les acheteurs achètent aujourd’hui pour demain, renforçant l’impression que leurs achats sont en chute libre. »

Le pétrole pas cher : une aubaine… en apparence

Le pétrole peu cher paraît une aubaine pour les pays importateurs, qui paient moins cher leur énergie. L’Inde ou la France économisent des milliards de dollars sur leur facture pétrolière, le consommateur bénéficie d’une baisse des prix à la pompe, les raffineries refont leurs marges, les compagnies aériennes économisent en dépenses de kérosène, les entreprises voient leurs coûts d’énergie baisser…

En revanche, tout un pan de l’économie s’effondre, notamment les sous-traitants de l’industrie pétrolière, de la sismique aux tubes sans soudures. Rien qu’en France, Technip, CGG, Vallourec suppriment des dizaines de milliers d’emplois, à mesure que leurs donneurs d’ordres, les grandes compagnies pétrolières, réduisent leurs coûts et leurs projets. Les majors, Shell, BP, Statoil, accumulent de mauvais résultats. Ce jeudi, le Français Total ne fera pas exception, son PDG Patrick Pouyanné a déjà laissé entrevoir une chute de 20 % des revenus du groupe.

Les pertes de l’industrie pétrolière ne bénéficient pas pour autant au développement des énergies alternatives non fossiles, les renouvelables, considérées comme un vivier d’emplois, puisque le pétrole est abondant et bon marché. Le mois dernier, le Fonds monétaire international a prévenu : la baisse du pouvoir d’achat des pays producteurs de pétrole, et de matières premières en général, va ralentir toute l’activité économique mondiale.

Avec rfi.fr


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