A l’occasion de la 10ème célébration de la journée du contribuable ce samedi à Kigali, le président Paul Kagame a préconisé dans son discours la prise des mesures fiscales visant l’augmentation de la taille des recettes du pays.

« Actuellement, déclare Kagame, nous ne sommes plus au stade d’expliquer à nos contribuables l’intérêt de payer les taxes et les impôts… nous avons progressé ».

Après une décennie d’instauration et de modernisation de l’Office rwandais des recettes (RRA, sigle en anglais), les signes de cette progression sont formels.

John Rwangombwa, le ministre des finances, affirme que les Rwandais sont parvenu à financer le budget à 48 %.

Cependant, s’autofinancer à moitié ne satisfait pas le chef d’Etat qui veut plus de dignité, car le pays dépend toujours de l’aide des « contribuables étrangers, qui ont la même dignité que vous… que nous tous », a insisté le président.

L’aide étrangère représente 41% du budget. Un fardeau que les pays développés ne devraient pas porter. Selon Kagame : « les autres pays développés qui nous soutiennent ont aussi des problèmes, il leur arrive de manquer la volonté ou la possibilité de nous venir en aide… nous devons arrêter d’être leur fardeau ».

Et le président mise sur la vitesse. « Si nous ne parvenons pas rapidement à atteindre nos buts, cette contribution étrangère nous causera des problèmes ».

Les buts sont spécifiques, Rwangombwa a dévoilé à Gatsibo (province de l’Est) que le gouvernement veut voir les citoyens parvenir à financer le budget au moins à 60 % au cours de l’exercice 2014/ 2015.

Sur terrain, l’Office rwandais des recettes poursuit sa conquête. La décentralisation au niveau des districts continue, un nouveau bureau de l’office a été inauguré récemment à Gatsibo. L’accès à l’information fiable peut, désormais, se faire au moyen d’un appel téléphonique gratuit avec une capacité d’écouter et d’aider des centaines de personnes par jour. Et la guerre contre les illégaux devrait continuer, naturellement.

Toutefois, les autorités de l’Office rwandais des recettes, à l’image de Ben Kagarama, son Commissaire général, ont remarqué que ces derniers jours, « les Rwandais se sont engagés à payer les taxes ».

Ce changement de comportement est d’ailleurs perceptible dans l’évolution du vocabulaire et les jeux des mots qui entourent l’appellation du « contribuable » en Kinyarwanda (la plus importante langue en termes d’utilisateurs).

Auparavant, l’Office Rwandais des recettes organisait la journée d’ « Abasoreshwa —littéralement ceux qui sont forcés de payer les impôts [et taxes] ».

Ce n’est plus le cas. Ce samedi, RRA a célébré la 10eme journée d’ « Abasora —ceux qui payent les impôts [et taxes] ».

Cette révision du qualificatif du contribuable rwandais marque un tournant au niveau des relations entre percepteurs et payeurs d’impôts et taxes.

Plus tendues au début, les relations se normalisent progressivement.
 
Au sein du RRA, l’on projette que l’enregistrement de tous les acteurs du secteur informel devrait permettre l’autofinancement.

Photo  : Le président Paul Kagame (A gauche) remet le prix à James Gatera, DG de la Banque de Kigali (BK), un des contribuables modèles