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L’apiculture, devenu un métier pour femme

Redigé par IGIHE
Le 10 septembre 2012 à 11:57

En dépit des préjugés qui leur interdisaient d’être apicultrices, les femmes rwandaises sont aujourd’hui très nombreuses à pratiquer ce métier. Regroupées dans des coopératives, elles font preuve d’honnêteté, du sens des responsabilités et de courage, ce qui leur a permis d’augmenter durablement leur production et de gagner mieux leur vie.
C’est le jour de la récolte du miel sur cette colline rwandaise en pente raide, tapissée d’une jeune forêt d’eucalyptus. Ici on ne voit que des femmes qui s’activent dans (...)

En dépit des préjugés qui leur interdisaient d’être apicultrices, les femmes rwandaises sont aujourd’hui très nombreuses à pratiquer ce métier. Regroupées dans des coopératives, elles font preuve d’honnêteté, du sens des responsabilités et de courage, ce qui leur a permis d’augmenter durablement leur production et de gagner mieux leur vie.

C’est le jour de la récolte du miel sur cette colline rwandaise en pente raide, tapissée d’une jeune forêt d’eucalyptus. Ici on ne voit que des femmes qui s’activent dans les 37 ruches installées dans une maisonnette en briques adobes. Les 16 ruches traditionnelles qu’on aperçoit perchées dans les hauts arbres ici et là ne servent qu’à attirer les abeilles avant de les installer dans ces ruches modernes plus rentables et surtout plus durables, d’après la présidente de la coopérative Twegerane (Rassemblons-nous).

"Avant l’appui technique et matériel d’ARDI (Association rwandaise pour le développement intégré) en 1998, la récolte était d’environ 60 kg par an, quand nous utilisions uniquement les ruches traditionnelles alors qu’aujourd’hui elle est de 900 kg par an. Nous espérons récolter encore plus car nous projetons de majorer le nombre de ruches", explique Muhayemariya Brigitte, cheftaine du comité de suivi.

Un progrès que les femmes ne doivent qu’à elles-mêmes, selon Brigitte, car ce sont elles qui ont tout fait. "L’homme qui récoltait pour nous était malhonnête car il se faufilait la nuit avant le jour de récolte convenu et s’emparait d’une partie de miel, sans se soucier de nos problèmes. Ainsi la récolte ne pouvait jamais augmenter avant de découvrir cette canaillerie", renchérit cette femme.

Dans la culture rwandaise, l’apiculture était un des métiers réservé aux hommes. Des tabous interdisaient sa pratique aux femmes : "Nos ancêtres disent qu’une femme, qui est dans sa période menstruelle ou encore soupçonnée d’infidélité, ne peut pas s’approcher des ruches de peur que les abeilles meurent ou quittent les ruches pour aller s’installer ailleurs", raconte Uwera Josée, présidente de Twegerane, qui regroupe actuellement 61 femmes et quatre hommes récemment acceptés. Elles ont été aidées par ARDI qui travaille avec des associations ou coopératives d’apiculteurs rwandais afin d’améliorer la quantité et surtout la qualité du miel produit dans le pays.

Comme le précise une des femmes, le prix du kg de miel est passé de 2000 Frw à 3000 Frw (3 à 6 $) ces dernières années, les membres de la coopérative perçoivent chaque mois environ 20000 Frw (plus de 30$), ils ne sont plus démunis. "Pour le moment je suis capable de me payer la mutuelle de santé, les frais de scolarisation de mes enfants, le matériel nécessaire dans mon foyer, plus de famine, quand j’ai besoin d’urgence d’argent j’emprunte très simplement dans la coopérative…bref nous sommes gâtées !", complète Séraphine.

Des associations et coopératives d’apiculteurs se multiplient dans toutes les régions du Rwanda. Encouragés par les autorités locales et des Ong, comme le Service au développement des associations (SDA), les apiculteurs s’organisent collectivement pour valoriser leur production : ils mettent ensemble leurs ruches, ce qui leur permet de les surveiller, les entretenir et gérer les revenus. Au parc national de Nyungwe, les techniciens agricoles de la région, affirme que le miel des abords de la forêt s’est longtemps vendu difficilement faute d’organisation dans cette région difficilement accessible.

Pourtant ils ne manquent pas de marché car ce miel est apprécié pour sa qualité et sa pureté, les apiculteurs n’y ajoutent ni eau ni sucre ce qui attire des investisseurs prêts à le transformer localement. ″Depuis 2006, nous pouvons vendre notre miel plus de 1500 Frw le kilo (2.5 $). Avant, nous le vendions individuellement et au détail à 600 Frw ce qui n’était pas avantageux" se souvient Jérémie Nshunguyiki de la CoopérativeTurwanyubukene (Luttons contre la pauvreté).

Dans les différentes coopératives dont elles sont membres, les femmes occupent des postes de responsabilités à cause de leur honnêteté et de leur sens des responsabilités. Selon le président de la Coopérative des apiculteurs du bord de Nyungwe (CABONYU), "plus de la moitié des 300 apiculteurs sont des femmes qui occupent des postes de responsabilités".

Elles ont aussi fait tomber certains préjugés qui les écartaient des ruches : "Les abeilles sont capables de découvrir qu’un mari ou sa compagne a été infidèle à l’autre. Ils dessinent en effet, le sexe du coupable sur la cire", explique un mythe rwandais. Etant jadis responsables des abeilles, les hommes pouvaient s’en prendre à leurs femmes et non l’inverse.
Source : syfia-grands-lacs.info


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