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La finance islamique toujours en croissance

Redigé par Emmanuel Schafroth Yahoo ! Finance France
Le 14 mars 2013 à 08:20

Pas de crise pour la finance islamique, portée par les puissances pétrolières du Golfe. Mais elle reste discrète en France, malgré quelques initiatives notables
A l’heure où la finance apparaît globalement comme un secteur en crise, certains segments se portent au contraire très bien. C’est le cas de la finance islamique.
D’après les dernières statistiques d’Ernst & Young sur le sujet, les actifs dits islamiques détenus au sein de banques commerciales ont progressé en moyenne de 19% par an entre (...)

Pas de crise pour la finance islamique, portée par les puissances pétrolières du Golfe. Mais elle reste discrète en France, malgré quelques initiatives notables

A l’heure où la finance apparaît globalement comme un secteur en crise, certains segments se portent au contraire très bien. C’est le cas de la finance islamique.

D’après les dernières statistiques d’Ernst & Young sur le sujet, les actifs dits islamiques détenus au sein de banques commerciales ont progressé en moyenne de 19% par an entre 2008 et 2011, pour atteindre 1.300 milliards de dollars en 2011. Et ce chiffre pourrait grimper à 2.000 milliards dès 2014, tiré notamment par les pays du Golfe persique et l’Asie du sud-est.


La finance islamique, c’est quoi ?

Parmi les principaux pays de la banque islamique figurent en effet les Emirats arabes unies, le Qatar, le Koweit, mais aussi la Malaisie. L’acteur le plus important reste cependant l’Arabie Saoudite, où la finance islamique représente la moitié de tous les actifs bancaires du pays, et où l’on dénombre trois établissements bancaires islamiques dont les actifs dépassent le milliard de dollars, toujours d’après Ernst&Young.

La finance islamique regroupe les produits et services financiers compatibles avec les préceptes du Coran dont celui édicté dans le verset 275 de la sourate "al baqara", qui spécifie que "ceux qui mangent de l’intérêt usuraire ne se tiennent que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé", ajoutant que "Allah a rendu licite le commerce et illicite l’intérêt." En clair, le prêt avec intérêt est interdit par la finance islamique. On peut lui substituer une technique de financement appelée "murabaha" dont le principe est d’acheter un bien et de le revendre immédiatement à un prix majoré au client, qui remboursera ce prix selon un échéancier préétabli : c’est donc bien la vente du bien (le "commerce") qui produit une marge pour l’intermédiaire financier.

Jeux interdits !

La finance islamique prohibe également tout pari hasardeux, ce qui la rend incompatible avec les produits dérivés comme les warrants ou les options, qui visent précisément à jouer sur les variations de cours d’un actif à court terme. Parmi les autres principes figure aussi l’interdiction d’investir dans certains secteurs : armement, jeux de hasard, pornographie, commerce de la viande porcine,... En ce sens, la finance islamique est une variante de la finance socialement responsable, qui investit selon des critères à la fois financiers et non financiers, et dérive elle-même de la finance éthique, née aux Etats-Unis pour répondre à la gestion des actifs financiers de congrégations religieuses. Le contrat d’assurance-vie Salam-Epargne et placement lancé l’an dernier par Swiss Life se décrit d’ailleurs comme "conforme aux principes de la finance éthique et islamique".

Un développement encore embryonnaire en France

En France, la finance islamique reste cependant assez peu développée, même si elle a déjà son organisme de certification. C’est la mission que se fixe en effet le Comité indépendant de finance islamique en Europe (CIFIE), qui se charge de rendre des avis sur la conformité à la charia des produits financiers. Emanation hexagonale d’un groupe marocain, la Chaabi Bank propose depuis 2011 un compte bancaire "charia compatible" dont le premier engagement ne déplaira à aucun banquier : ne pas verser d’intérêts sur les dépôts ! Les fonds déposés sont uniquement utilisés à des financements compatibles avec les préceptes islamiques, ce qu’un comité d’audit composé de savants musulmans se charge de contrôler.

L’offre de finance islamique apparaît parfois non pas pour une clientèle française mais pour attirer en France des capitaux venus du monde musulman. Ainsi la société de gestion La Française AM a-t-elle lancé en mai 2012 un Organisme de placement collectif en immobilier (OPCI) compatible avec la charia. Il s’agissait de répondre à la demande d’une grande banque koweitienne désireuse d’acquérir un immeuble de bureaux loué à France télécom au 91 du boulevard Saint-Michel, à Paris. Quoi de mieux que la pierre pour respecter un autre principe de la finance islamique, l’adossement à un actif tangible.


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