Les statistiques de différentes organisations de journalistes montrent que dans les médias de la région de Grands Lacs, peu des femmes accèdent aux postes de responsabilité. Cette situation est conséquente de certaines coutumes discriminatoires et rétrogrades à l’égard de la femme.

Malgré ces stéréotypes et préjugés, certaines femmes sortent du lot difficilement et parviennent à créer leurs propres médias ou occupent des postes de responsabilité dans leurs maisons de presse.

Parlons d’abord de quelques exemples de discrimination dans les médias :

A l’époque, Anna Mayimona, actuelle directrice de l’Union Congolaise des Femmes des Médias (Ucofem) souhaitait effectuer un reportage à l’est de la République Démocratique du Congo en proie à des conflits armés. « Non, Madame, ce n’est pas un sujet pour femme’’, a répondu le rédacteur en chef à la journaliste.

Souvent, les responsables des médias empêchent les femmes à effectuer différents reportages qu’ils trouvent « difficiles » non pas parce qu’ils pensent que ces femmes sont incapables. Plutôt ils sont dictés par les valeurs avec lesquelles ils ont grandis : Famille, école, église et environnement relèguent, jusqu’ici la femme à des taches ménagères.

La discrimination des femmes est légion dans différentes rédactions des pays de la région des Grands Lacs. Solange Ayanone, directrice médias de Pax Press du Rwanda, se souvient d’une mésaventure lorsqu’elle réalisait des reportages pour différents médias de son pays. Elle explique que souvent, les responsables des rédactions ne voyaient aucune importance de travailler sur des sujets traitant de questions relatives aux femmes. De ce fait, le pourcentage des informations sur la femme n’était pas considérable dans les médias de son pays.

« Dans la région, l’image que nos médias présentent de la femme n’est souvent pas bonne. Déjà, les femmes ne parlent presque pas. Souvent les médias de la région présentent la femme comme victime et souvent pas comme leaders’’, regrette pour sa part Agathonique Barakukuza, présidente du Réseau des Femmes des Médias des Grands Lacs.

Plus que tout le monde, les femmes des médias utilisent plume, micro et caméras pour se battre contre cette discrimination. Pour beaucoup des cas, elles s’en sortent mieux que quiconque.

Plus de courage et de détermination

« Les femmes doivent être plus déterminées dans leur travail malgré des propos décourageants auxquels elles se butent sur leur parcours’’,conseille Solange Lusiku, directrice du journal congolais Le Souverain. « Il est très difficile pour une femme de sortir la tète de l’eau dans notre domaine suite aux différentes scènes auxquelles nous assistons dans les médias, mais avec de la passion et de la détermination, nous émergeons », renchérit-elle. A Solange Ayanone d’ajouter : « Les femmes doivent faire preuve de la rigueur pour convaincre par leur travail »

Pour ces dames, qui sont devenues responsables des médias et qui ont même créé leurs propres maisons de presse, elles ont eu beaucoup du mal à se frayer un chemin. Maintenant après avoir fait preuve de bravoure, elles sont appréciées.

Des solutions pour changer l’image de la femme dans les médias

Peacemaker Mbungiramihigo, Secrétaire Exécutif du Haut Conseil des Médias au Rwanda, se dit conscient du problème. Il a organisé des séances de sensibilisation pour demander aux médias d’intégrer la dimension genre dans leur politique de recrutement. « Depuis que cette campagne a eu lieu, trois médias ont été créés par les femmes au Rwanda » se réjouit-il.

Pour sa part, l’Union Congolaise des Femmes des Médias, dans ses stratégies de lutte, a réussi à mettre à la disposition des médias un répertoire des femmes ressources en République Démocratique du Congo. Ce répertoire permet aux journalistes d’avoir des contacts des femmes qui évoluent dans différents domaines. « Nous avons fait des études et avons compris que la femme était sous représentée dans les médias. Quand nous avons demandé aux journalistes pourquoi, ils ont dit qu’ils ne savaient pas où trouver les femmes. Raison pour laquelle nous leur avons fourni ces contacts pour qu’ils n’aient plus des raisons », explique Anna Mayimona de Ucofem. Elle affirme que depuis l’acquisition de cet outil par les médias, les choses commencent timidement à changer.

Le Réseau des femmes des Médias de Grands Lacs élabore des programmes qui ciblent les femmes et des concours médias en vue de créer de l’émulation dans le chef de promouvoir les femmes. « Cette expérience marche et nous commençons à avoir un peu plus des femmes dans la profession et l’image de la femme commence à changer » se réjouit la présidente Agathonique Barakukuza.

Le résumée des organisations des femmes journalistes est clair : Le chemin est encore long, mais, une lueur d’espoir se dessine. Les femmes ne doivent pas croiser les bras.