Russ Feingold, l’Envoyé Spécial du Département d’Etat Américain pour la Région des Grands Lacs et pour la RDC annonce entreprendre un périple qui le conduira à Kigali et à Paris.

Russ Feingold, l’Envoyé Spécial des USA pour les Grands Lacs et la RDC. Il se propose médiateur dans les négociations régionales devant disséquer les causes profondes du Conflit de l’Afrique Centrale. Parviendra-t-il à faire comprendre à Kinshasa qu’il n’aura pas payé les efforts de guerre grâce auxquels l’Ouganda et le Rwanda ont pu détrôner le géant Mobutu et introniser le clan Kabila à Kinshasa ?

Il rencontrera les responsables gouvernementaux dans le cadre du suivi du processus du Cadre de rétablissement de la Paix, de la Sécurité et de la Coopération dans la Région des Grands Lacs.

D’après le Communiqué du Département d’Etat, il sera entrepris la possibilité d’une médiation au cours d’un dialogue ayant l’objectif de résoudre les causes profondes du Conflit qui sévit dans la région.

« Les USA sont fin prêts pour soutenir des efforts tendant à lancer un tel dialogue et donner un coup de pouce au Cadre du processus de paix dans la région », lit-on dans le communiqué.

Les Kabila, Père et Fils, ont payé l’Ouganda et le Rwanda en monnaie de singe, y compris les USA qui avaient donné le feu vert aux troupes accompagnant les Kabila à Kinshasa. Les USA peuvent-ils redresser leurs torts en analysant profondément les causes du conflit Est rdcongolais et en faisant une efficace médiation ?

Au moment où Kinshasa fête à tambours battants sa victoire sur le M23 chassé de l’espace de l’Est de la RDC qu’il occupait, des cartes géostratégiques bellicistes semblent se clarifier qui pourraient dangereusement envenimer les débuts de l’espoir de la paix dans cet Est de la RDC tant convoité pour ses ressources naturelles immenses.

L’axe Afrique du Sud-Tanzanie-Zimbabwe-France semble conforter Kinshasa dans sa tentative de ne plus comprendre la dynamique de la paix dans la région. Cela s’entend car, dans sa tentative d’ignorer la dynamique de développement de la région au profit de la sauvegarde des intérêts étroits de ses puissances qui tiennent à leurs concessions minières, cet axe se dispute l’espace des Grands Lacs à l’autre axe Kenya-Sud Soudan-Ouganda-Rwanda qui, lui, privilégie une logique commerciale équitable avec des infrastructures de desserte durables.

En effet, le Kenya parle concrètement de la pose de chemin de fer sillonnant cet ensemble de Mombasa à Kampala, Juba, Kigali, Goma, Kisangani et Bujumbura.

Ici, on ne peut parler mieux d’environnement d’affaires qui épanouisse mieux les populations et le respect des institutions publiques congolaises avec un renflouement des caisses de l’Office congolais des recettes et, par ricochet, l’assainissement de l’administration publique de la RDC autant que le sont et le resteront les administrations des pays de cet axe.

Or le premier axe est plutôt géostratégique avec une puissance occidentale française qui tient à son précarré congolais s’étirant sur l’ensemble de l’Afrique Centrale et de l’Ouest.

Les puissances régionales (Tanzanie, Zimbabwe) ayant signé des pactes de défense avec la première se joignent à la non moins prestigieuse Afrique du Sud et se pressent d’entretenir des relations commerciales avec une RDC affaiblie, déchirée et parfaitement exploitable dans des conditions de porosité corruptrice jamais bénéfique à l’épanouissement des citoyens de l’est de la RDC qui croupissent dans une misère innommable sans accès pratiques aux richesses potentielles inouïes de leurs contrées.

Les USA, procurateurs désabusés

En toute logique, les USA grands meneurs de jeu discrets, souhaitent-ils autres avantages qu’un environnement des affaires s’accordant avec des règles transparentes du marché ?

le français Hervé Ladsous, chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, avant le vol inaugural du premier drone utilisé par une mission onusienne, le 3 décembre 2013 à l’aéroport de Goma, en RDC (Photo AFP)

Ont-ils, ces USA, intérêt à voir une dispute Kinshasa-M23 se terminer sur la note de ni-guerre-ni-paix autant que le veut l’Axe Tanzanie-Afrique du Sud-France sans que Kinshasa investisse sa confiance et l’autorité de l’Etat dans les citoyens des Provinces du Kivu et d’ailleurs ? Sans que le sort des combattants M23 ‘vaincus’ soit réglé y compris le rapatriement de leurs parents réfugiés depuis 1996 dans les pays voisins ?

Les USA, par le communiqué du Département d’Etat et par leur soudaine volonté de s’inviter dans la médiation du contentieux des Grands Lacs, comprennent qu’ils sont à l’origine de tous ces soubresauts d’insécurité généralisée qui ne sert même pas, et loin de là, leurs intérêts.