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Cécifoot : un buteur non-voyant plus fort que Messi

Redigé par Le Monde
Le 17 novembre 2014 à 11:29

Frédéric Villeroux pendant France-Brésil, le 31 août 2012, lors des Jeux paralympiques de Londres.
102 buts en 42 matchs, soit une moyenne ahurissante de 2,5 réalisations par rencontre. C’est encore plus fort que le record de Lionel Messi lors de la saison 2011/2012, quand l’Argentin avait été l’auteur de 91 buts en 69 apparitions (1,3 buts par match). La comparaison, faite pour marquer les esprits par Cécifoot impacts, la branche de l’Union nationale des aveugles et déficients visuels, est (...)

Frédéric Villeroux pendant France-Brésil, le 31 août 2012, lors des Jeux paralympiques de Londres.

102 buts en 42 matchs, soit une moyenne ahurissante de 2,5 réalisations par rencontre. C’est encore plus fort que le record de Lionel Messi lors de la saison 2011/2012, quand l’Argentin avait été l’auteur de 91 buts en 69 apparitions (1,3 buts par match). La comparaison, faite pour marquer les esprits par Cécifoot impacts, la branche de l’Union nationale des aveugles et déficients visuels, est volontairement provocatrice. Mais elle n’enlève rien à l’exploit réalisé par Frédéric Villeroux, le joueur du FC Girondins de Bordeaux Cécifoot.

Alors que la Coupe du monde de cécifoot, discipline destinée aux non-voyants et aux malvoyants, se déroule au Japon du 16 au 24 novembre, l’ancien capitaine de l’équipe de France médaillée d’argent lors des derniers Jeux paralympiques de Londres est à 31 ans au sommet de son art. S’il s’est mis en retrait de la sélection nationale depuis l’an passé, le natif de Nîmes peut tout de même se vanter d’un palmarès impressionnant.

Il est double champion d’Europe, vice champion des Jeux mondiaux, vainqueur de la Coupe de France à 11 reprises et 12 fois champion de France. Son club de Bordeaux est invaincu depuis 2011.

« L’UN DES MEILLEURS JOUEURS AU MONDE »

Mal-voyant profond, ne possèdant qu’une « infime perception des lumières et des formes », le buteur prolifique se distingue par son talent hors du commun. « Frédéric est parmi les meilleurs joueurs au monde, si ce n’est le meilleur. Il allie la performance athlétique, l’endurance, la variation du rythme de jeu, un bagage technique complet et cette qualité si propre au cécifoot, la gestion de l’information », argumente Toussaint Akpweh, ancien sélectionneur des Bleus (1998-2012) et entraîneur des Girondins de Bordeaux depuis 1996.

En dehors des registres habituels de la technique, du physique et du mental, le cécifoot ajoute une quatrième dimension au football dans laquelle Frédéric Villeroux excelle : l’émission et la réception d’informations. « Voy, voy, voy ! ». Cette interjection espagnole (« j’arrive », en français) permet aux joueurs de se signaler lorsqu’ils tentent de s’emparer du ballon, lui-même adapté par l’introduction de grelots. Les guides, voyants, placés derrière les buts, peuvent également donner des indications aux joueurs.

Cette année, l’entraîneur Toussaint Akpweh a décidé de les supprimer pour son effectif bordelais. « Cela nous rend plus autonome. Et cela montre que nous ne sommes pas téléguidés », explique Frédéric Villeroux. « Parmi toutes les informations émises par le ballon, par les coéquipiers, par les adversaires, par les spectateurs ou encore par les guides lorsqu’il y en a, il faut être capable de choisir la bonne information au bon moment », ajoute Toussaint Akpewh, aujourd’hui responsable du développement mondial du cécifoot.

C’est en 2000, dans le cadre de ses études au Centre pour déficients visuels de Toulouse, que Frédéric Villeroux débute le cécifoot, désireux de pratiquer un sport collectif. Il joue d’abord avec les mal-voyants, mais plus handicapé que les autres joueurs, ne parvient pas « à prendre du plaisir ». Il s’oriente alors vers la catégorie B1, celle réservée aux non-voyants, bandeau noir sur les yeux. Et doit franchir au début le cap de « la peur du choc ».

« PEUR DU CHOC »

« Sans bandeau, on peut toujours se servir du peu de vue que l’on a. Avec le bandeau, tu dois accepter ton handicap et la phase est plus ou moins longue », décrit-il. De manière impressionnante, les joueurs de cécifoot parviennent à placer leurs partenaires, schématiser le terrain et leurs adversaires dans leur esprit. « On ressent la masse, on imagine le terrain, les joueurs, les tactiques », ajoute-t-il.

Au club de Bordeaux depuis 2004, Frédéric Villeroux est animateur auprès de l’Union nationale des aveugles et déficients visuels. « Je suis chargé de promouvoir le cécifoot en tant qu’ambassadeur », raconte-t-il. En pause internationale depuis 2013 pour « raisons personnelles et professionnelles », Frédéric Villeroux espère que son combat pour le développement de sa discipline obtiendra l’appui de la Fédération française de handisport : « Je pense que l’on peut faire encore plus d’efforts pour que le cécifoot soit plus reconnu ». Le parcours des Bleus au Mondial japonais l’y aidera peut-être.


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