A l’Est de la RDC, la SADC tire sa révérence

Redigé par Tite Gatabazi
Le 14 mars 2025 à 12:52

L’annonce du retrait progressif des troupes de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) de la République démocratique du Congo (RDC) marque un tournant décisif dans la crise sécuritaire qui secoue l’Est du pays.

L’architecture sécuritaire sur laquelle le président Tshisekedi fondait ses espoirs se délite inexorablement, ses soutiens militaires se dérobant les uns après les autres. Après le désengagement du Malawi, la débâcle des mercenaires et la fuite précipitée des contingents burundais à Bukavu, c’est au tour de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) de se retirer, scellant ainsi l’évidente déroute d’une stratégie de reliance extérieure.

Cette défection, survenue dans un contexte d’exacerbation des affrontements, s’érige en aveu tacite d’un échec tant tactique que stratégique. Elle révèle, avec une implacable clarté, les carences structurelles des interventions militaires régionales face à la nature protéiforme des conflits asymétriques, où l’iniquité des capacités, la perméabilité des frontières et l’instabilité des allégeances rendent illusoire toute projection classique de la force.

Ce revers cinglant témoigne ainsi de l’incapacité persistante des États à juguler, par le seul prisme coercitif, des insurrections enracinées dans les strates profondes des antagonismes politiques, des tensions identitaires et des jeux d’influence géostratégiques qui fracturent la région.

L’implication de la SADC en RDC, initialement perçue comme un rempart contre la progression de l’AFC/M23 et une tentative de stabilisation régionale, s’est progressivement muée en une mission laborieuse, marquée par des ambiguïtés opérationnelles et une fragilité logistique. La situation sur le terrain a révélé un manque de coordination entre les forces de la SADC et les autorités congolaises, exacerbant ainsi l’incompréhension stratégique et réduisant l’efficacité des actions militaires.

Les contingents sud-africains, malawites, tanzaniens et burundais, initialement déployés avec la vocation d’exercer une dissuasion stratégique, se sont heurtés à une adversité d’une résilience insoupçonnée, dont la sophistication tactique et la supériorité organisationnelle ont rapidement inversé les rapports de force.

Confrontées à une asymétrie opérationnelle exacerbée, ces forces expéditionnaires ont subi des pertes conséquentes, tant en vies humaines qu’en matériel, érodant progressivement leur capacité de projection et sapant le moral des troupes.

A mesure que s’imposait l’évidence d’un théâtre de guerre plus périlleux et imprévisible qu’anticipé, une lassitude insidieuse s’est infiltrée dans les rangs, nourrissant un scepticisme croissant quant à la viabilité de leur engagement et accélérant la désagrégation du dispositif militaire régional.

Le retrait progressif des troupes de la SADC traduit un sentiment de frustration généralisé parmi les États contributeurs, qui se voient contraints d’admettre l’impuissance de leur engagement face à la complexité du conflit congolais. L’inadéquation entre les moyens déployés et la nature du défi sécuritaire, conjuguée à une coopération hésitante avec les FARDC, a conduit à une situation où la mission s’est avérée non seulement inefficace, mais également source de tensions supplémentaires.

Sur le plan diplomatique, cette annonce résonne comme un signal fort adressé aux dirigeants congolais quant à la nécessité de repenser les mécanismes de sécurisation de l’Est du pays.

Kinshasa se retrouve ainsi devant l’urgence de réévaluer ses alliances militaires et d’envisager d’autres alternatives, qu’il s’agisse d’un renforcement des capacités nationales ou d’une redéfinition de la coopération avec d’autres partenaires internationaux.

En définitive, l’expérience de la SADC en RDC constitue une leçon amère sur les limites des interventions régionales face à des groupes armés aguerris et ancrés dans des dynamiques locales complexes.

Ce repli ne marque pas seulement la fin d’une mission, mais interroge plus largement sur la pertinence des stratégies adoptées jusqu’ici pour restaurer une paix durable dans une région en proie à des soubresauts récurrents.

L’avenir de la stabilité dans l’Est de la RDC repose désormais sur la capacité des acteurs nationaux et internationaux à tirer les enseignements de cet échec et à bâtir une réponse adaptée aux réalités du terrain.

L’annonce du retrait progressif des troupes de la SADC de la RDC marque un tournant décisif

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