En bref, il fait de la pédagogie pour le grand public, mais aussi pour les sceptiques. Bisimwa ne se contente pas de justifier le combat mené par le M23 ; il en démontre la légitimité en soulignant les causes profondes et historiques du conflit.
Il rappelle que le combat du M23 est avant tout celui des droits fondamentaux et de la citoyenneté pour ceux qui ont été exclus de la nationalité congolaise depuis les années 1990. Il explique que cette exclusion n’est pas un phénomène récent, mais qu’elle découle du concept de nationalité douteuse mise en place depuis la décennie 1990.
Ce discours de Bisimwa met également en lumière le refus du gouvernement congolais d’engager un véritable dialogue, malgré les efforts de médiation régionale. À travers ses propos, il révèle l’impasse politique actuelle, exacerbée par la présence de seigneurs de guerre au sein même du pouvoir, qui compliquent la recherche d’une solution pacifique.
Les racines profondes du conflit : exclusion et lutte pour la citoyenneté
Le combat du M23, selon Bertrand Bisimwa, trouve sa source dans une exclusion historique des banyarwanda congolais de la nationalité congolaise. Il évoque la politique de nationalité douteuse instaurée dans les années 1990, qui a privé des milliers de personnes de leurs droits civiques et les a marginalisées. Cette exclusion est un facteur déclencheur de nombreuses insurrections, dont celle du M23. Bisimwa rappelle que la question de la nationalité est un problème structurel, qui remonte à des décennies, et qui continue de diviser la nation congolaise.
Le M23, selon lui, ne se bat pas pour conquérir des territoires, mais pour obtenir la reconnaissance des droits fondamentaux des populations qui sont dépossédées de leur citoyenneté. Ce combat pour la dignité et l’égalité s’inscrit dans une démarche politique visant à rétablir un équilibre social et politique, tout en dénonçant une injustice persistante qui dure depuis trop longtemps.
L’argument central de Bisimwa est que, derrière la violence, se cache une légitimité de revendications qui cherchent à rectifier une inégalité fondamentale : l’exclusion de millions de Congolais de la nationalité, avec des conséquences dramatiques sur leur statut social et politique. Cette légitimité se trouve d’ailleurs renforcée par la volonté du M23 de chercher une solution pacifique à travers le dialogue.
Le refus du dialogue et la résistance du M23
Une autre dimension importante du discours de Bisimwa est le refus du gouvernement congolais de dialoguer avec le M23, malgré les efforts de médiation de pays comme le Kenya et l’Angola. Après l’élection de Félix Tshisekedi, une délégation du M23 s’était rendue à Kinshasa, où elle avait été accueillie par le ministre de l’Intérieur, Gilbert Kankonde.
Cependant, ce qui semblait être un pas vers la réconciliation s’est rapidement transformé en un échec politique lorsque Tshisekedi, influencé par ses conseillers militaires, a cru que l’armée congolaise pouvait neutraliser le M23 par la force.
Ce choix a conduit à l’escalade du conflit, les FARDC soutenu par une coalition impressionnante de forces locales et internationales, dont les FDLR, les groupes criminels wazalendo, les mercenaires,les burundais et parfois même la Monusco et la SADC lancent systématiquement des offensive contre le M23, mais échouant face à la résistance et la détermination du groupe armé.
Bisimwa souligne que le M23 n’a pas cherché à conquérir des territoires, mais qu’il veut un dialogue sincère pour analyser les causes profondes et structurelles de la crise à l’Est du pays. Ce dialogue a été refusé par le gouvernement, qui semble préférer la force plutôt que la négociation. Selon Bisimwa, ce refus est la principale raison de l’impasse dans laquelle se trouve la RDC, avec des conséquences dramatiques pour la population.
Les obstacles internes à la paix : les seigneurs de guerre et l’impasse politique
Un autre facteur majeur, que Bisimwa évoque dans son interview, est l’implication des seigneurs de guerre au sein du gouvernement congolais. Il indique que certains acteurs du pouvoir entretiennent des liens avec des groupes armés, ce qui bloque toute tentative de pacification durable.
Ces seigneurs de guerre, qui ont des intérêts économiques et politiques liés à la guerre, continuent de jouer un rôle clé dans le maintien du statu quo. Leurs alliances avec des groupes armés compliquent les efforts pour démanteler les milices, car ces individus détiennent une part du pouvoir politique et militaire en RDC.
Cette situation crée une dynamique où les autorités congolaises, bien que souhaitant parfois la paix, ne sont pas en mesure de prendre des décisions efficaces en raison de l’opposition de ces puissants intérêts internes. L’absence de dialogue et l’impossibilité de déloger ces seigneurs de guerre exacerbent la violence et prolongent la crise.
L’interview de Bertrand Bisimwa offre une perspective précieuse sur les causes profondes du conflit du M23 et sur l’absence de solution politique en République Démocratique du Congo.
Le M23, en revendiquant la justice pour les populations exclues de la nationalité congolaise, soulève des questions fondamentales sur la citoyenneté et les droits humains.
Cependant, le manque de volonté du gouvernement de Félix Tshisekedi de s’engager dans un dialogue sincère et la présence de seigneurs de guerre au sein même du pouvoir congolais continuent d’alimenter l’impasse politique.
La clé de la paix réside dans la reconnaissance des revendications légitimes du M23 et dans l’ouverture d’un dialogue inclusif, soutenu par la communauté internationale. Tant que les causes structurelles de la crise ne seront pas traitées, la violence risque de perdurer, et la paix restera hors de portée pour la RDC.
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