Urgent

Kasaï Oriental ou l’oubli tragique d’une terre meurtrie

Redigé par Tite Gatabazi
Le 6 mars 2025 à 03:51

Alors que les projecteurs sont braqués sur les foyers de tension qui embrasent l’Est du pays, une autre tragédie, plus silencieuse mais tout aussi dévastatrice, se joue dans l’ombre : le Kasaï Oriental, bastion ancestral du Président Félix Tshisekedi, sombre inexorablement dans une crise alimentaire d’une gravité inouïe.

Selon les récentes alertes du Programme Alimentaire Mondial (PAM), cette province est désormais classée en phase 3 de crise alimentaire, un seuil critique où la survie de la population est gravement compromise. Huit ménages sur dix sont privés d’une alimentation saine et suffisante, réduits à la précarité absolue, tandis que l’accès aux soins de première nécessité relève de l’impossible.

Ce constat implacable est d’autant plus accablant que le Kasaï Oriental est éloigné des zones de conflits. Ici, nul fracas d’armes, nulle insurrection armée, mais une misère profonde, un délitement progressif qui sape les fondements mêmes de la dignité humaine. Comme un cruel paradoxe, cette terre qui a vu naître l’actuel chef de l’État est aujourd’hui le symbole éclatant de l’oubli et du reniement. Lorsqu’en 2023, les habitants, à bout de patience, lui ont lancé à la face un verdict sans appel : "Vous n’avez rien fait pour nous". Ils exprimaient le désespoir d’un peuple trahi par l’un des siens.

Et pourtant, pendant que le Kasaï Oriental s’enfonce dans une indigence abyssale, Félix Tshisekedi, en quête d’alliances pour perpétuer une guerre qui échappe de plus en plus à son contrôle, engage sans scrupules le bradage du patrimoine minier national. Les richesses souterraines du pays, dont le cuivre et le cobalt figurent parmi les plus convoités au monde, ne servent plus la prospérité des Congolais mais deviennent une monnaie d’échange dans un jeu diplomatique hasardeux, où la survie de son pouvoir semble primer sur celle de son peuple.

À l’heure où les agences des Nations Unies tirent la sonnette d’alarme sur l’urgence humanitaire qui frappe le Kasaï Oriental, la tragédie prend une dimension quasi funeste : le fils du Kasaï abandonne le Kasaï. Pendant qu’il se bat pour consolider une gouvernance vacillante, son terroir natal meurt de faim, privé de perspectives, sacrifié sur l’autel des ambitions présidentielles. Est-ce là le prix du pouvoir ? Un abandon méthodique de ceux qui, hier encore, nourrissaient l’espérance d’un avenir meilleur sous l’égide de l’un des leurs ?

Le temps n’est plus aux discours en langue locale, aux promesses lénifiantes et aux visites ponctuées de slogans électoraux. Ce que le Kasaï attend, c’est l’accès à l’essentiel : la nourriture, l’eau, la santé, l’éducation. Ce que le Kasaï réclame, c’est qu’on lui restitue sa dignité volée. Mais pendant que la famine décime des foyers entiers, les mines du pays continuent d’être bradées, alimentant une guerre qui se nourrit du malheur des siens. Ainsi, l’histoire retiendra qu’en un temps de détresse absolue, le Président du Congo a choisi de marchander son sol plutôt que de sauver son peuple.

Le Kasaï Oriental, bastion ancestral du Président Félix Tshisekedi, sombre inexorablement dans une crise alimentaire d’une gravité inouïe

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