La spéculation règne sur le marché de la pomme de terre au Rwanda. Depuis peu, le prix d’un kilogramme de pommes de terre de la variété « Gikungu » caracole à 2000 Frw, les autres variétés n’étant pas en reste sur les marché locaux. Cette situation crée des bouleversements notables dans les habitudes des consommateurs ; et c’est peu dire !
De mémoire de Rwandais, ceci n’était jamais arrivé, d’où la sagesse populaire vaut ici tout son pesant en pommes de terre ; elle qui dit :
« Qui vivra verra ! »
Une telle envolée des prix est en effet inédite. Elle serait le fruit d’une conjoncture délicate, alliant aléas climatiques et spéculations économiques.
Historiquement, les régions du Nord et de l’Ouest du pays étaient réputées pour leur production abondante. Or, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Selon Apollinaire Karegeya, un agriculteur modèle du district Musanze, des perturbations climatiques majeures ont affecté près de 80% des cultures en mai dernier, surtout dans les secteurs de Nyange et Kinigi, suite aux inondations ayant sévies en cette époque de l’année.
Le défi n’est pas seulement que de nature climatique. Des témoignages recueillis auprès de commerçants locaux laissent entendre que certaines des pommes de terre vendues à Kigali proviendraient du Malawi, un pays avec lequel le Rwanda n’entretient pas d’accords commerciaux directs.
Ainsi, ces produits seraient enregistrés comme venant de la Tanzanie, avant d’être introduits sur le marché rwandais, d’après des sources bien informées au poste la frontière de Tunduma, côté tanzanien.
Dr. Florence Uwamahoro, adjointe au Directeur général de l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Agriculture et de l’Elevage, RAB, met en lumière une autre dimension du problème.
Selon elle, la pénurie actuelle découle principalement du choix des cycles de culture. Elle est optimiste quant à l’avenir, assurant que les efforts sont concentrés sur la promotion de la culture des pommes de terre.
Dr. Ildefonse Musafiri, Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, a récemment poussé la sonnette d’alarme en partageant des chiffres intrigants.
Le Rwanda consomme plus d’un million de tonnes de pommes de terre par an, mais la production locale ne dépasse pas les 700 000. Un écart qui pousse à l’importation, alors que le pays possède le potentiel agricole nécessaire, s’est cabré Musafiri.
Le Ministre du Commerce et de l’Industrie, Dr. Jean Chrysostome Ngabitsinze, reconnaît également la baisse de la production locale. Il confirme que la majorité des importations de la pomme de terre proviennent de l’Ouganda et du Kenya, tout en se montrant sceptique quant aux allégations concernant le Malawi.
L’Institut rwandais de régulation du marché, RICA, a annoncé l’ouverture d’une enquête afin de clarifier la situation actuelle dudit marché.
Mme Béatrice Uwumukiza, à la tête de l’institut, s’engage toutefois, à protéger les intérêts des consommateurs rwandais.
Dans ce contexte tendu, certains, comme Mudaheranwa James, représentant du Fonds de distribution et de vulgarisation de la semence de pomme de terre, SPF, le conçoivent comme une opportunité, SPF tentant de stabiliser le marché en fournissant des semences de qualité.
Mudaheranwa assure que malgré les défis, la production pourrait suffire à couvrir les besoins du pays, si tous les acteurs dans le secteur travaillaient de concert.
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