L’aveuglement en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 26 février 2025 à 02:18

La désillusion s’impose-t-elle comme un épilogue funeste ou, au contraire, assiste-t-on à l’irruption tardive d’une lucidité aussi abrupte que douloureuse ?

Tandis que le monde bascule, tournant avec fracas une page cruciale de son histoire, la République Démocratique du Congo, emportée dans le tumulte tragique des convulsions géopolitiques, se retrouve face à des défis d’une ampleur vertigineuse, menaçant tant sa pérennité que l’intégrité de sa souveraineté.

Prisonnière d’un passé captif d’influences antagonistes, elle subit aujourd’hui, avec une intensité dramatique, la remise en question de sa faculté à s’ériger en maître de son destin et à s’affranchir des pesanteurs d’une tutelle exogène.

Cette conjoncture critique, lourde de périls, résulte en grande partie de l’opacité et du déficit de consensus qui président aux desseins de ses partenaires originels. Loin d’être fortuite, cette carence stratégique éclate avec une implacable évidence au regard des résultats dérisoires obtenus au prix de sacrifices exorbitants.

Plus pernicieux encore, l’absence flagrante d’une volonté sincère d’instaurer un dialogue entre protagonistes illustre un dogmatisme obtus, contrastant singulièrement avec d’autres conflits internationaux où la diplomatie, même ténue, a su esquisser des prémices d’apaisement.

Que la classe dirigeante congolaise n’ait su anticiper, ou à tout le moins envisager ce renversement de paradigme en s’y préparant en amont, confine à un aveuglement accablant. Cet entêtement tragique révèle une incapacité persistante à appréhender l’avènement d’un nouvel ordre mondial, où les archaïsmes légués par l’ère mobutiste ne résonnent plus qu’en de lointains échos dissonants.

Comme un séisme idéologique ébranlant leurs certitudes éculées, la panique, désormais palpable, trahit leur inaptitude à décoder les signaux d’un univers en perpétuelle reconfiguration, où les rapports de force et les principes jadis sanctuarisés sont cyniquement révoqués par ceux-là mêmes qui s’érigeaient en garants d’un équilibre factice.

Les préceptes de bonne gouvernance et d’éthique, professés avec une condescendance feinte par des puissances drapées dans une vertu fallacieuse, apparaissent désormais sous leur vrai jour : de simples instruments de domination assujettis aux aléas d’intérêts mouvants.

Dans ce théâtre gangrené par la corruption systémique, l’injustice institutionnalisée et le mépris des principes démocratiques, les contempteurs d’hier s’effacent, contraints de reconnaître mais bien trop tard la myopie de leurs analyses. Quant à ceux qui subsisteront à cette spectaculaire réversion des dynamiques, leur réveil n’en sera que plus cuisant.

L’heure n’est plus aux imprécations indignées ni aux postures faussement scandalisées ; il s’agit désormais d’affronter sans fard la réalité d’un effondrement dont les prodromes, pourtant flagrants, n’ont jamais été sérieusement appréhendés.

Plutôt que de persister dans une rhétorique d’autosatisfaction stérile, les gouvernants congolais feraient bien de méditer ces avertissements, de prendre acte de l’abîme qui se creuse entre eux et les aspirations populaires, menace bien plus insidieuse que toute ingérence étrangère.

Se bercer de l’illusion de pouvoir encore manipuler un paysage politique, économique et social en pleine déréliction, en neutralisant ou en travestissant le suffrage populaire et ses corollaires institutionnels, relève d’une outrecuidance suicidaire.

Si cette déconnexion perdure, si cette gouvernance ankylosée dans des discours interchangeables ne cède pas la place à une refonte profonde, alors l’issue sera inéluctable : ces dirigeants, en perpétuant leur cécité, ne feront que précipiter leur propre effacement, balayés par la déferlante d’une histoire qui ne pardonne jamais l’aveuglement des puissants.

Les dirigeants du parti UDPS

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