Le Président Kagame appelle à repenser la gestion des conflits mondiaux

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 29 mai 2025 à 07:12

Le Président Paul Kagame a appelé la communauté internationale à changer radicalement son approche de la gestion des conflits mondiaux, exhortant les dirigeants à s’attaquer aux causes profondes du conflit plutôt que de se contenter d’appliquer des mesures temporaires.

S’exprimant lors du Forum international d’Astana 2025, au Kazakhstan, le Président Paul Kagame a mis en garde contre l’inefficacité du modèle actuel de médiation des conflits, fondé sur les cessez-le-feu et une diplomatie à court terme, affirmant qu’il n’avait jamais permis d’instaurer une paix véritable et durable.

« On accorde davantage d’attention à la gestion des conflits qu’à la résolution de leurs causes profondes », a-t-il déclaré lors d’une séance plénière à laquelle assistaient le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev, la présidente de la Macédoine du Nord, Gordana Davukova, ainsi que de nombreuses autres personnalités internationales.

« On peut calmer une situation pendant quelques mois, voire quelques années, mais la même crise finit souvent par ressurgir, parfois de manière encore plus grave, ou laisse place à de nouveaux conflits. Il ne s’agit donc pas simplement de gérer les crises, mais de s’attaquer à leurs causes profondes. »

Le Président Kagame a souligné que des problèmes anciens et non résolus, aggravés par des intérêts particuliers, alimentent l’instabilité dans plusieurs régions, notamment en Afrique.

Il a cité, entre autres, les conflits persistants au Soudan et dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où les rebelles du M23 ont récemment pris le contrôle de vastes territoires.

Le Forum international d’Astana, placé sous le thème « Connecter les esprits, façonner l’avenir », a rassemblé plus de 5 000 participants venus du monde entier. Ils ont échangé autour des grandes crises mondiales interconnectées, telles que le changement climatique, les enjeux énergétiques, les tensions géopolitiques et la résilience économique.

Lors de la séance plénière, le Président Kagame a également retracé le parcours de reconstruction du Rwanda après le génocide contre les Tutsi de 1994, insistant sur l’importance de la résilience et des solutions endogènes.

« Nous avons tiré des leçons de notre histoire, alors que le génocide se déroulait et que le reste du monde détournait le regard », a-t-il déclaré. « Nous avons commencé par recoller les morceaux et bâtir une confiance qui nous a permis de créer des institutions responsables, à l’écoute des besoins de notre peuple. »

Reconnaissant l’importance du soutien extérieur dont a bénéficié le Rwanda, Paul Kagame a insisté sur le fait que cette aide n’aurait pas porté ses fruits si elle n’avait pas été accompagnée d’un engagement fort au niveau national.

« Nous avons reçu le soutien de nombreux amis et partenaires, mais cela n’aurait eu aucun impact si nous n’étions pas restés unis et si nous n’avions pas fait notre part de l’intérieur », a-t-il ajouté.

Le Chef de l’État a souligné que ce principe concerne toutes les nations, qu’il s’agisse de petits États, de pays en voie de développement ou d’autres, et s’applique à toutes celles qui souhaitent garantir leur avenir dans un monde de plus en plus instable.

Le Président a également dressé un constat critique de l’architecture financière mondiale, qu’il a qualifiée de « structurellement défaillante et politiquement biaisée ».

Selon lui, les pays en voie de développement subissent encore des évaluations des risques dépassées et une application inégale des règles financières internationales, ce qui limite leur accès au financement et freine leur développement.

« On parle beaucoup de réformer l’architecture financière mondiale… Mais le problème n’est pas seulement structurel, il est aussi politique », a déclaré Paul Kagame, tout en appellant à un renouveau de la coopération Sud-Sud, notamment entre l’Afrique et l’Asie centrale, qu’il a présenté comme un complément stratégique — et non une alternative — à l’engagement global.

Le Président Paul Kagame a appelé la communauté internationale à changer radicalement son approche de la gestion des conflits mondiaux
Le Forum international d’Astana a réuni plus de 5 000 participants pour discuter des crises mondiales liées au climat, à l’énergie, à la géopolitique et à l’économie
Le Forum international d’Astana était placé sous le thème « Connecter les esprits, façonner l’avenir »

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