S’exprimant lors d’une réunion de l’organe chargé du suivi de la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région, le président Museveni a attribué les conflits persistants en République démocratique du Congo aux politiques de discrimination attisées par des puissances étrangères sous les régimes de Mobutu et Habyarimana.

« Mobutu ne se préoccupait ni du sort de ses concitoyens ni de ses voisins. Il soutenait des groupes armés hostiles à l’Angola et rejetait nos idéaux, alors que nous menions une lutte contre le colonialisme. Lui, il s’était rangé de l’autre côté », a-t-il déclaré.

Évoquant la situation du Rwanda à l’époque, Museveni est revenu sur le sort des Rwandais exilés depuis 1959, ainsi que de ceux nés en exil, qui avaient commencé à s’organiser pour regagner leur pays. Il a rappelé qu’à cette période, le président Juvénal Habyarimana avait été invité à faciliter leur retour pacifique, mais qu’il s’y était fermement opposé.

« Habyarimana a dit : Non, il n’y a pas de place pour eux, le Rwanda est plein. » Face à cette impasse, ceux qui ne pouvaient plus supporter la situation sont rentrés par la force et ont lancé une offensive contre le Rwanda. Mobutu est alors intervenu pour soutenir Habyarimana et les extrémistes hutus. C’est à ce moment-là que les crises du Congo et du Rwanda ont commencé à s’entremêler », a expliqué Museveni.

Lors de la guerre de libération lancée en 1990 par le Front patriotique rwandais (FPR-Inkotanyi), les troupes de Mobutu, placées sous le commandement du général Donatien Mahele Lieko Bokungu, surnommé « Tigre », ont combattu aux côtés des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR) fidèles au président Habyarimana.

Défaites de manière flagrante, elles se sont repliées ensemble vers l’est de la République démocratique du Congo, entraînant avec elles les milices Interahamwe, après avoir perpétré l’un des génocides les plus barbares et considérés comme le plus rapide du XXe siècle : le génocide commis contre les Tutsi au Rwanda en 1994.

Museveni a expliqué qu’après cette défaite, Mobutu avait été sommé de désarmer les forces réfugiées sur son territoire, ce qu’il a catégoriquement refusé de faire. Selon le président ougandais, ce refus a contraint le Rwanda à intervenir militairement.

« Les forces de Habyarimana ont été vaincues et se sont repliées à Goma. Nous avons demandé à Mobutu de les désarmer, mais il a refusé d’entendre raison. Il estimait que les populations locales n’avaient aucune importance, que les pays voisins ne comptaient pas, et que seuls les étrangers qui le soutenaient avaient de la valeur. Pourquoi Mobutu a-t-il refusé d’écouter ? Pourtant, nous étions là, prêts à l’aider », a-t-il déclaré.

Selon Museveni, le refus de Mobutu de coopérer a rendu inévitable l’intervention de forces rwandaises en octobre 1996, entraînant la chute de son régime quelques mois plus tard.

Mobutu Sese Seko, arrivé au pouvoir en 1971 après avoir évincé Joseph Kasa-Vubu, a été renversé en mai 1997. Il a alors été remplacé par Laurent-Désiré Kabila, chef du mouvement armé AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo).

Exilé au Maroc, Mobutu est décédé en septembre 1997 des suites d’un cancer de la prostate.

Le président ougandais a estimé que Mobutu Sese Seko, aurait pu conserver le pouvoir s’il avait consenti à désarmer les forces de Juvénal Habyarimana réfugiées sur son territoire

Les conflits persistants en RDC résultent des politiques de discrimination attisées par des puissances étrangères sous les régimes de Mobutu et Habyarimana