Le déclic est survenu en 2016 lorsque Ndamukunda, alors jeune diplômée, décroche un emploi d’ingénieure au Soudan du Sud, pays qu’elle connaissait pour y avoir effectué un stage estudiantin.

Elle raconte : « Un an après mes études, quelqu’un m’a contactée, m’ayant repérée durant mon stage. Ils avaient décroché un contrat au Soudan et recherchaient un ingénieur qualifié, le leur ne disposant pas des accréditations requises. »

Débutant avec un salaire mensuel de 600 dollars, Ndamukunda a rapidement constaté que celui-ci ne correspondait pas à ses responsabilités et à son travail acharné. Son salaire a donc triplé en deux mois seulement.

Sa contribution remarquable à l’entreprise a été saluée, son salaire continuant d’augmenter jusqu’à ce qu’on lui propose des parts dans la société. Cependant, elle a décliné l’offre.

Ndamukunda explique les raisons de son refus et de sa démission subséquente : Très vite, elle identifie un important problème d’approvisionnement en matériaux de construction auquel son employeur est régulièrement confronté.

Ndamukunda saisit alors l’opportunité en fondant avec sa sœur une société de négoce de matériaux, faisant de son ancien patron son premier client.
"Après deux ans, d’autres entrepreneurs et organisations internationales sont devenus nos clients pour la fourniture de matériel", explique la jeune cheffe d’entreprise.

Fort de ce succès, les deux sœurs restructurent alors leur activité pour se lancer pleinement dans la construction. Une stratégie payante puisque Eagle’s Cornerstone décroche rapidement de nombreux contrats de travaux publics et privés au Soudan du Sud.

Ndamukunda Ebenezer attribue en grande partie sa réussite aux politiques volontaristes du Rwanda en faveur de l’émancipation et de la promotion économique des femmes.

"La Vision 2020 incluait de donner aux jeunes filles des opportunités. Sans cette directive mise en œuvre dès 2000, lorsque j’étais à l’école primaire, nous n’aurions pu réaliser tout cela" affirme-t-elle.

Et d’ajouter : "Nous n’aurions pas pu réaliser tout cela si notre pays ne nous avait pas créé ces chances. J’encourage les filles à croire en elles, à leur talent et leurs connaissances. Permettez-vous de rêver et soyez déterminées à concrétiser ces rêves. C’est ainsi que nous progresserons."

Après s’être solidement implantées au Soudan du Sud, les deux entrepreneuses ambitionnent à présent de dupliquer leur modèle économique prospère au Rwanda.