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Yolande Makolo : La faiblesse de l’armée congolaise et la corruption expliquent sa complicité avec les FDLR

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 7 mars 2025 à 09:07

La porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo, a indiqué que l’un des facteurs expliquant le soutien continu de la République démocratique du Congo aux FDLR réside dans la faiblesse de son armée et une corruption profondément enracinée jusque dans les plus hautes sphères de l’État, la rendant incapable de mener des combats efficaces.

Makolo a fait ces remarques lors d’une interview accordée au média allemand DW Africa, portant sur la récente capture du Général de Brigade Jean Baptiste Gakwerere, un haut responsable des FDLR, un groupe rebelle majoritairement composé d’individus impliqués dans le génocide contre les Tutsi en 1994.

Le Général de Brigade Gakwerere, ainsi que 13 autres combattants des FDLR, ont été remis au Rwanda par le groupe rebelle M23, le 1ᵉʳ mars 2025, via le principal poste-frontière (La Corniche) dans le district de Rubavu.

Makolo a souligné que Gakwerere était depuis longtemps dans le collimateur du Rwanda. "L’un des individus remis est une figure clé des FDLR, considérée comme responsable du renseignement. Nous le traquions depuis des années afin de le traduire en justice pour son rôle dans le génocide contre les Tutsi en 1994 ainsi que pour ses activités criminelles persistantes en RDC," a-t-elle déclaré.

"Il s’agit d’une avancée significative pour la sécurité de l’est de la RDC. Plus de combattants des FDLR seront capturés et rapatriés au Rwanda, plus la région gagnera en stabilité, au bénéfice tant des populations congolaises que des Rwandais, qui refusent la présence de ces menaces à proximité de notre frontière." a-t-elle ajouté.

Makolo a rappelé que ces combattants FDLR avaient été capturés lors d’affrontements ayant permis au M23 de prendre le contrôle de Goma. Elle a précisé que ceux ne disposant pas de casier judiciaire seraient envoyés dans un centre de réintégration, tandis que ceux faisant l’objet de poursuites judiciaires seraient traduits en justice.

Les 13 combattants des FDLR, ainsi que de nombreux autres toujours en fuite, seraient utilisés par le gouvernement congolais dans son conflit contre les rebelles du M23 dans l’est du pays. Makolo a réaffirmé que la dépendance de la RDC à l’égard des FDLR résulte de la faiblesse et de l’incompétence de son armée.

"Entre 2001 et 2009, plusieurs accords ont été signés dans le but de résoudre ce problème. L’une des raisons pour lesquelles ces individus, impliqués dans le génocide, continuent d’opérer librement en RDC réside dans le fait que le gouvernement congolais accorde de la valeur à leurs capacités de combat," a-t-elle expliqué.

"Ce sont des combattants aguerris, ayant pris part au génocide, passé des années à mener la guerre en RDC et qui continuent de propager une idéologie génocidaire," a-t-elle ajouté.

Makolo a été sans détour dans son évaluation de l’armée congolaise. "L’armée congolaise est faible, inefficace, gangrenée par la corruption et la mauvaise gestion. C’est une armée incapable de produire des résultats concrets," a-t-elle affirmé.

Selon Makolo, ces faiblesses ont conduit à l’intégration de combattants des FDLR dans l’armée congolaise, ainsi qu’à l’implication de troupes burundaises, des forces de la SADC, des milices locales appelées Wazalendo et de mercenaires européens dans le conflit.

Malgré les efforts du gouvernement congolais pour renforcer ses capacités militaires, il continue de perdre du terrain. Le M23 contrôle désormais une grande partie du Nord-Kivu, y compris Goma. Dans le Sud-Kivu, le groupe occupe la région de Bukavu, et des rapports crédibles font état de l’avancée des forces du M23 vers la ville d’Uvira.


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