Crimée : une parodie de référendum

Redigé par rfi
Le 13 mars 2014 à 09:38

La Crimée prépare un référendum sur son éventuelle sécession de l’Ukraine. Pour les autorités autoproclamées pro-russes, la réponse ne peut être que « oui » pour le passage de la péninsule dans le giron russe. A trois jours du vote, tout est prêt pour y parvenir, aussi bien en matière de propagande que sur le plan logistique. Des chars légers de transport d’infanterie russes, à Vesyolaya Lopan (20 km de l’Ukraine), le 12 mars 2014. Un travailleur s’active sur une affiche de publicité autour du référendum du (...)

La Crimée prépare un référendum sur son éventuelle sécession de l’Ukraine. Pour les autorités autoproclamées pro-russes, la réponse ne peut être que « oui » pour le passage de la péninsule dans le giron russe. A trois jours du vote, tout est prêt pour y parvenir, aussi bien en matière de propagande que sur le plan logistique.
Des chars légers de transport d’infanterie russes, à Vesyolaya Lopan (20 km de l’Ukraine), le 12 mars 2014.

Un travailleur s’active sur une affiche de publicité autour du référendum du 16 mars : on y lit le slogan « Ensemble avec la Russie ».
REUTERS/David Mdzinarishvili

En Crimée, on peut voir beaucoup de grandes affiches concernant le référendum, mais aucune n’appelle à voter contre le rattachement de la péninsule à la Russie. Si on en croit la propagande officielle, il n’y a aucune autre voie possible que de rejoindre la Russie. Car, dans le cas contraire, assurent les affiches et les médias pro-russes, seuls accessibles, les habitants de la Crimée seront forcés par les nouvelles autorités ukrainiennes à vivre dans un Etat « fasciste ».

Sur le terrain, tout a été fait pour couper la Crimée du reste de l’Ukraine. Selon les gardes-frontières ukrainiens, quelque trente milles militaires russes, n’affichant aucun signe d’identification, se trouvent actuellement en Crimée. Ils ont procédé par étapes. Ils ont aidé à installer un nouveau pouvoir, ils ont pris le contrôle du territoire, des aéroports, des frontières et des communications. C’est dans ces conditions que les habitants de la Crimée doivent répondre s’ils préfèrent l’Ukraine ou la Russie.

A l’approche de ce référendum, la tension monte entre la communauté russe et celle des Tatars de Crimée, qui représentent environ 15% de la population locale et qui ne veulent pas entendre parler d’un retour dans le giron russe. Des affrontements entre les manifestants tatars et russes ont d’ailleurs eu lieu ce mercredi 12 mars à Simferopol.

Des chars légers de transport d’infanterie russes, à Vesyolaya Lopan (20 km de l’Ukraine), le 12 mars 2014.
REUTERS/Sergei Khakhalev

L’inquiétude des Tatars

Rafate Tchoubarov, le président du Madjlis tatar en Crimée, a expliqué la position de sa communauté par rapport à l’intervention russe et au projet du référendum dans une interview à la télévision indépendante ukrainienne Cinquième Canal : « Au XXe siècle, cela est déjà arrivé de voir un agresseur forcer les gens à devenir collabos. A présent, on propose à toute la Crimée de devenir un collabo collectif. La communauté internationale doit être consciente de ce cynisme. Il y a des militaires dans nos rues, 30 000 hommes armés et équipés pour combattre. Tous les bâtiments administratifs sont occupés ».

« Ainsi, poursuit-il, la participation ou l’abstention au référendum ne témoignera en aucun cas de son objectivité, car celui-ci sera tout simplement nul et non avenu. Il s’agit d’une imitation de référendum. Et surtout, il s’agit d’essayer de masquer l’agression avec ce prétendu référendum. Le monde doit le savoir. Le monde entier se révèle impuissant face à l’injustice et à la force des armes. Tout l’ordre international s’effondre. La solidité des actes internationaux, des accords multilatéraux, des mémorandums, des déclarations, le sérieux de l’accord bilatéral entre la Russie et l’Ukraine ; tout cela s’est effondré en un seul instant ».

« Les gens ont peur »

Par ailleurs, depuis dimanche, on reste sans nouvelles de deux militants pro-Maïdan, qui auraient été enlevés par des groupes pro-russes. Et, mercredi 12 mars à Simferopol, un rassemblement pro-Ukraine a été annulé à la dernière minute par crainte des violences et des arrestations.

Ce militant, favorable à l’Ukraine, se dit en butte à l’hostilité des autorités et des militants pro-russes qui se sont emparés du pouvoir en Crimée : « A chaque fois qu’il y a une manifestation, les miliciens pro-russes arrivent et commencent à harceler les gens, à les insulter… parfois ils essaient de provoquer des bagarres. Vous savez, s’il n’y avait pas ces types là , qui sont comme des vautours, je suis sûr qu’il y aurait beaucoup plus de monde dans les manifestations pro-Ukraine. Mais il y a tellement de gens qui ont peur de descendre dans la rue, à cause de ces voyous ».

Cet homme qui indique en plus qu’il est dangereux d’afficher ses opinions : « Il suffit de mettre un drapeau ukrainien sur sa voiture pour se faire agresser. Les gens qui ont pris le pouvoir sont des réactionnaires qui ne supportent pas la contradiction. Ils ont placé des hommes à eux, à peu près partout, pour briser physiquement toute forme de contestation. Donc oui, les gens ont peur ».


Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité