Au CSAC l’incompétence étouffe la Démocratie des Médias

Redigé par Tite Gatabazi
Le 3 octobre 2025 à 11:28

Une crise sociale profonde secoue actuellement le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), révélant au grand jour l’ampleur de la désorganisation et de la gestion calamiteuse des deniers publics et des ressources humaines au sein de cette institution pourtant essentielle au fonctionnement démocratique du pays.

Selon Radio Okapi, les agents et cadres de cette structure accusent désormais vingt-huit mois d’arriérés de salaire, une situation devenue intenable qui compromet gravement leur survie et celle de leurs familles.

Dans des témoignages poignants, certains employés déplorent la rupture de la cohésion familiale, la déscolarisation de leurs enfants et l’incapacité de répondre aux besoins élémentaires tels que l’alimentation et les soins de santé. « Le salaire est vital. Aujourd’hui, nos enfants ne vont plus à l’école, nous ne mangeons plus à notre faim, et nous perdons notre dignité », confie Augustin Mukoka, illustrant avec une crudité déchirante les conséquences humaines d’une gestion financière et administrative catastrophique.

Face à ce désastre social, les autorités du CSAC semblent s’en tenir à des déclarations creuses et convenues. Bruno Mbolison, vice-président chargé de l’administration, appelle à l’urgence d’une solution et exhorte le Gouvernement à accorder à cette question « toute l’attention qu’elle mérite ».

Si de telles exhortations résonnent comme des appels à la responsabilité, elles contrastent amèrement avec la réalité : un organe censé soutenir la démocratie médiatique fonctionne depuis plus de deux ans dans un état de précarité absolue, privé de moyens et de motivation pour ses agents.

À cela s’ajoute le paradoxe d’un nouveau barème salarial, signé depuis janvier 2023, dont l’application demeure lettre morte, illustrant à la fois l’inertie bureaucratique et le manque criant de volonté politique pour honorer les engagements pris.

Ce retard chronique ne reflète pas seulement un dysfonctionnement administratif ; il traduit une incapacité structurelle à gérer les ressources publiques et humaines avec probité et rigueur.

Les analystes soulignent le risque considérable que cette situation fait peser sur la régulation du paysage médiatique congolais. Dans un contexte où la désinformation et les discours de haine se multiplient, l’inefficience du CSAC compromet directement la qualité et la crédibilité de l’information accessible à la population, sapant ainsi les fondements mêmes de la démocratie.

Ainsi, derrière les appels officiels à la diligence et à la motivation, se dessine une vérité bien plus amère : le CSAC, au lieu de jouer son rôle de gardien de la déontologie et de la liberté de l’information, se trouve aujourd’hui étranglé par la négligence des décideurs et la malversation silencieuse qui gangrène la gestion publique.

Les agents, à bout de ressources et d’espoir, deviennent les victimes directes de ce double échec : celui de l’État à assumer ses responsabilités et celui d’une administration incapable de traduire les promesses en actes tangibles.

Christian Bosembe, président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication de la RDC

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