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L’ennemi intérieur en RDC et la peine de mort

Redigé par Tite Gatabazi
Le 25 mars 2024 à 08:20

L’abolition de la peine de mort est un mouvement global qui a pris de l’ampleur au fil des années, symbolisant une tendance vers une plus grande humanisation des systèmes judiciaires et la reconnaissance de la dignité humaine.

La décision récente de la République Démocratique du Congo (RDC) de rétablir la peine de mort, telle que communiquée par le ministre de la communication, Patrick Muyaya, s’inscrit en contradiction flagrante avec cette évolution.

La justification de cette mesure « arrêter le nombre de morts congolais par millions” , bien que présentée comme une solution à une crise sécuritaire sans précédent, soulève de graves préoccupations quant à son efficacité réelle et ses implications morales et éthiques.

Historiquement, l’abolition de la peine de mort s’est fondée sur des arguments variés, allant de la sacralisation de la vie à l’inefficacité de la peine capitale comme moyen de dissuasion.

De nombreuses recherches ont démontré que la peine de mort n’est pas plus dissuasive que d’autres formes de sanctions graves, telles que la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.

En outre, le risque d’exécuter des innocents, compte tenu des failles inévitables dans tout système judiciaire, constitue un argument de poids contre cette pratique.

Le Président Tshisekedi a déclaré plusieurs fois que la justice congolaise est malade, d’autres disent qu’elle est agonisante.

La communauté internationale, notamment à travers des organismes comme les Nations Unies et l’Union européenne, a largement condamné le rétablissement de la peine de mort, le considérant comme un recul majeur dans la protection des droits humains.

Cette condamnation s’inscrit dans un contexte où la RDC fait face à des défis de taille en matière de cohésion sociale, marquée par un discours de haine, la désignation d’ennemis internes et une impunité garantie pour les violences ciblées, notamment contre les tutsi congolais.

La situation sécuritaire de la RDC est complexifiée par la présence de groupes armés tels que les FDLR, une milice accusée de génocide, ainsi que les ADF et Codeco, dont les activités criminelles contribuent à l’insécurité dans la région.

Le gouvernement ne semble pas privilégier l’ouverture d’un dialogue politique pour examiner les causes profondes des crises et de prendre des mesures concrètes pour y mettre fin.

Dans ce contexte, la légalisation de groupes tels que les Wazalendo et l’alliance avec les très controversés FDLR soulèvent des questions quant à l’engagement réel du gouvernement à lutter contre l’insécurité et à promouvoir la justice.

L’épisode des sanctions de l’Union européenne contre Justin Bitakwira, un acteur politique visiblement soutenu par le gouvernement, illustre les tensions entre la RDC et la communauté internationale.

Ces tensions reflètent les divergences profondes sur la manière de traiter les violations des droits humains et d’adresser les causes sous-jacentes de l’instabilité dans le pays.

Le rétablissement de la peine de mort par la RDC représente un défi majeur pour les défenseurs des droits humains et souligne la complexité des crises que traverse le pays.

La solution à ces défis nécessite une approche multidimensionnelle qui va au-delà de mesures punitives extrêmes, en privilégiant le dialogue, la justice réparatrice, et le renforcement des institutions. Visiblement le chemin est encore long et parsemé d’embûches.


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