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Et si Tata Cardinal Ambongo avait raison

Redigé par Tite Gatabazi
Le 1er mai 2024 à 04:55

Stupeur en RDC. Même ceux qui disent qu’ils en ont tellement vu, que plus rien ne les étonne, là ils toussent.

Une correspondance officielle du procureur général près la cour de cassation, datée du 27 avril 2024, instruit instamment (toutes affaires cessantes), au procureur général près la cour d’appel de Matete « d’ouvrir une information judiciaire contre le Cardinal Ambongo ».

Dans le même courrier, on apprend que le même procureur général près la cour de cassation l’avait convié à son cabinet et le Cardinal l’avait opposé un NON, poli mais ferme et sans appel.

Il est reproché au Cardinal Ambongo « des faits infractionnels qui mettent envers et contre la patrie, son peuple et ses dirigeants et qui mettent à mal les lois de la République »

« Je vous ordonne d’ouvrir une information judiciaire a charge du prélat susvisé qui violente délibérément les consciences et semble trouver un plaisir à travers ces faux bruits et autres incitations des populations a la révolte contre les institutions établies et aux attentats contre les vies humaines ».

« Agir autrement s’analysera en déni de justice de votre part et votre inactivisme sera considéré comme un fait de complicité avec les faits repréhensibles évoqués ci-avant ».

Ça y est, le Cardinal Ambogo est devenu « traitre a la patrie » et mérite la peine de mort qui vient d’etre réhabilité par le gouvernement congolais.

Est-ce ridicule ou c’est pire que ça. La corruption, les détournements, le tribalisme a outrance, le chaos électoral, quatre mois sans gouvernement, sans sénat, sans bureau de l’assemblée national : pendant ce temps la population croupit dans la misère, mais la misère cad dépourvue de tout : rien de bien grave pour les autorités qui se prélassent dans une opulence indécente.

On cherche encore une fois à distraire l’opinion avec des boucs émissaires.

Si les crises récurrentes en RDC semblent insolubles, c’est parce qu’elles sont la résultante d’une crise morale, qui s’est muée en dépravation des mœurs qu’on nomme aujourd’hui inversion des valeurs.

Ce qui met la classe politique en porte a faux avec l’église catholique, dépositrice des valeurs morales.

Si Cardinal Ambongo accuse ouvertement le gouvernement actuel de corruption, de se détourner de la misère du peuple, son prédécesseur feu Cardinal Monsengwo était très sévère avec l’ancien président Kabila Joseph.

On se souvient de sa phrase qui avait fait mouche : « Il est temps que les médiocres dégagent et que règnent la paix et la justice en RDC ».

Le Cardinal Malula s’était opposé frontalement au Maréchal Mobutu sur les mêmes sujets au point de s’exiler au Vatican.

L’Eglise catholique a toujours incarnée ce refus de soumission au dictat de ce qu’elle qualifie comme « une politique de la prédation ».

Et les élections sont souvent le point d’achoppement entre l’église catholique et le gouvernement. A chaque fois, l’église estime que les résultats « ne sont conformes ni à la vérité ni à la justice ».

En RDC, une crise politique et sociale profonde s’accentue, exacerbée par un gouvernement qui ignore ostensiblement les attente d’un peuple vivant dans des conditions de misère extrême.

La classe politique, qui jouit d’une opulence scandaleuse, semble coupée des réalités quotidiennes de la majorité de la population, engendrant une impasse dangereuse et persistante.

Le peuple congolais, accablé par une inflation dévorante et un taux de chômage élevé, se trouve en proie à la détérioration des services publics et des infrastructures.

Malgré cela, les appels à des réformes politiques et économiques, manifestés par des protestations pacifiques, sont systématiquement ignorés ou réprimés.

La réponse du gouvernement à la contestation se traduit par une répression accrue : arrestations arbitraires des leaders d’opinion, usage disproportionné de la force contre les manifestants, et une censure rigide des médias.

Cette répression ne fait qu’approfondir le sentiment de désespoir et d’injustice parmi la population.

Dans ce climat délétère, le gouvernement commence également à menacer le clergé, qui a ouvertement pris fait et cause pour le peuple.

Le Cardinal Ambongo, traditionnellement respecté et écouté, est désormais la cible de déclarations hostiles de la part des officiels gouvernementaux, amplifiant la tension dans le discours public.

En plus de la répression interne, le gouvernement congolais adopte une politique d’isolement international. Avec une diplomatie chaotique et inaudible.

Cela a pour conséquence un affaiblissement économique accru, diminuant les investissements étrangers et les opportunités commerciales, ce qui aggrave encore la crise économique.

L’absence de mécanismes de gouvernance est un autre facteur crucial de cette impasse.

En décembre 2023, le gouvernement a manipulé les élections pour éviter toute possibilité de changement politique et a supprimee systématiquement les voix de l’opposition.

Cette monopolisation du pouvoir politique par une élite corrompue empêche le développement de politiques inclusives et justes qui pourraient améliorer la vie des citoyens ordinaires.

Le contraste frappant entre l’opulence de la classe politique et la pauvreté de la majorité alimente un cycle de colère et de ressentiment.

La corruption et la mauvaise gestion des ressources par les élites empêchent un développement équitable, laissant la plupart des citoyens dans un état de privation permanente.

Face à cette situation, le climat pourrait potentiellement se résoudre par une escalade des actions populaires.

Cette impasse en RDC illustre la complexité des crises où le pouvoir autoritaire, par sa déconnexion et son indifférence, alimentent des tensions qui peuvent mener à des confrontations prolongées et des changements radicaux.

Il faut craindre que pour le Cardinal Ambongo, comme pour ses illustres prédécesseurs, les relations avec le pouvoir ne persistent dans une guerre larvée.


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