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Presse : pourquoi le magazine « Sciences et Avenir » a été censuré au Maroc

Redigé par Igihe
Le 13 janvier 2016 à 06:29

La censure a encore frappé au Maroc. Cette fois-ci, elle a touché le magazine français « Sciences et Avenir », accusé d’avoir publié des images portant atteinte au prophète.
Le hors-série de janvier-février du magazine français « Sciences et Avenir » a été interdit au Maroc, a confirmé à Jeune Afrique, mercredi 13 janvier, le ministre de la Communication marocain Mustapha El Khalfi.
Consacré à la thématique « Dieu et la Science », il contenait deux dessins en miniature remontant au XVIe siècle et (...)

La censure a encore frappé au Maroc. Cette fois-ci, elle a touché le magazine français « Sciences et Avenir », accusé d’avoir publié des images portant atteinte au prophète.

Le hors-série de janvier-février du magazine français « Sciences et Avenir » a été interdit au Maroc, a confirmé à Jeune Afrique, mercredi 13 janvier, le ministre de la Communication marocain Mustapha El Khalfi.

Consacré à la thématique « Dieu et la Science », il contenait deux dessins en miniature remontant au XVIe siècle et représentant le prophète Mahomet. « Nous avons décidé d’interdire la distribution de ce magazine le 17 décembre, conformément à l’article 29 du code de la presse et à une décision de l’Assemblée générale de l’ONU, datée du 21 décembre 2001, relative à la diffamation des religions  », déclare le ministre El Khalfi.

Une loi liberticide

L’article 29 du code de la presse stipule que « l’introduction au Maroc de journaux ou écrits périodiques ou non, imprimés en dehors du pays, pourra être interdite par décision motivée du ministre de la Communication lorsqu’ils portent atteinte à la religion islamique, au régime monarchique, à l’intégrité territoriale, au respect dû au roi ou à l’ordre public ».

« J’ai trouvé la thématique de ce dossier très intéressante, mais le problème réside dans les dessins représentant le prophète », a ajouté le ministre.

Un prophète sans visage entouré de flammes

La première image miniature, sur la page 30 du magazine, montre le prophète, nouveau-né et entouré par deux anges dans le ciel qui le présentent aux habitants de La Mecque.

La deuxième, en page 31 – celle qui a le plus irrité Rabat -, illustre le moment de la Révélation par l’archange Gabriel à Mahomet, en tenue d’époque, mais dont le visage a été gommé au point qu’on ne peut discerner ses traits. Dans la même image, le prophète est entouré de flammes. Pour les autorités marocaines, cette représentation est « une provocation ».

Sciences et Avenir proteste

Dans une lettre de protestation publiée le 12 janvier , la direction de « Sciences et Avenir » s’élève » avec la plus grande force » contre cette censure qui pénalise selon elle le magazine et va à l’encontre du dialogue qu’il veut favoriser à travers sa thématique.

Résultat d’un colloque organisé par le magazine en avril 2015, qui a réuni des scientifiques et des représentants des différentes religions, le hors-série interdit au Maroc visait à retracer la dimension scientifique et religieuse de l’histoire des écrits monothéistes abordant l’apocalypse, le big bang et la création du monde, la théorie de l’évolution, l’immortalité, etc…

Dernière censure d’une longue série

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement marocain censure des publications reproduisant des images du prophète. En février 2012, le magazine français Gazelle avait été censuré pour cette même raison. Ce fut le cas aussi du journal Charlie Hebdo en 2012 et de sept journaux français ayant reproduit ses caricatures.

La censure est également à l’œuvre dans le monde de l’art ; en ont fait les frais le péplum biblique « Exodus » de Ridley Scott en décembre 2014, qui avait été déprogrammée des salles de cinéma en raison d’une scène représentant Dieu ou, tout récemment, le film « Much Loved » de Nabil Ayouch, accusé d’avoir porté atteinte à la pudeur.

Une situation qui ternit sérieusement l’image du Maroc, au moment où le gouvernement islamiste tient à faire adopter un nouveau Code de la presse qu’il veut « plus libéral ». Depuis son arrivée au pouvoir en 2011, le Parti de la justice et du développement (PJD) promeut une vision de « l’art propre » qui dérange les milieux progressistes. Ces derniers ont, à plusieurs reprises, battu le pavé en protestant contre le recul des libertés au Maroc.

avec Jeune Afrique


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