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Salaires bas, heures excessives et erreurs professionnelles affligent les sages-femmes rwandaises

Redigé par Bazikarev
Le 5 mai 2024 à 05:07

Le Rwanda se joint au reste du monde pour célébrer la Journée Internationale des Sages-Femmes du 5 Mai. En cette année 2024, cette profession vitale pour le bien-être des mères et de leurs nouveau-nés, est toujours confrontée à des défis significatifs au Rwanda.

Selon André Gitembagara, le président de l’Ordre National des Infirmières, Infirmiers et Sages-Femmes du Rwanda (RNMU), bien que le pays compte actuellement plus de 2400 sages-femmes, ces professionnels de la santé font face à des obstacles majeurs, notamment des salaires inadéquats et des heures de travail excessives.

Selon Gitembagara, la situation n’est pas bonne, les dernières augmentations salariales remontent à 2016. Depuis, le coût de la vie a considérablement augmenté, aggravée par l’inflation et les répercussions économiques de la pandémie de Covid-19 et des conflits internationaux.

Le salaire moyen d’une sage-femme au Rwanda est actuellement de 197 000 Francs Rwandais par mois, un montant qui ne permet pas de subvenir correctement aux besoins d’une famille.

"Si vous regardez ce qu’une sage-femme gagnait en 2016, environ 190 000 à 200 000 Francs Rwandais, et maintenant la plupart gagnent 197 000 Francs Rwandais, il est clair que le salaire n’a pas suivi l’inflation", ajoute-t-il.

Ndaziramiye Inyange Kate, une sage-femme à l’Hôpital de Masaka, souligne également les longues heures de travail et le manque de personnel.

"Les heures que nous travaillons dépassent souvent le raisonnable. Nous commençons à 23 heures et terminons le lendemain à 14 heures, debout tout ce temps. C’est extrêmement difficile."

Le ministre de la Santé, Dr Sabin Nsanzimana, a récemment déclaré qu’en moyenne, deux sages-femmes seulement sont disponibles pour s’occuper de quatorze accouchements par nuit. Cependant, un plan gouvernemental vise à quadrupler le nombre de travailleurs de santé, y compris les sages-femmes, d’ici 2028.

Malgré ces défis, des mesures sont en place pour améliorer la situation. Le ministère de la Santé a pour objectif d’augmenter le nombre de sages-femmes afin que chaque centre de santé dispose d’au moins trois sages-femmes, bien que beaucoup n’en aient actuellement qu’une.

Le travail solitaire durant les accouchements multiples est particulièrement risqué, comme l’explique Gitembagara. "S’occuper de trois accouchements en une nuit n’est pas rare, mais le faire seul augmente considérablement les risques. S’occuper d’une mère et ensuite d’un nouveau-né, alors qu’ils ont tous deux besoin d’aide immédiate, est où les risques deviennent vraiment sérieux."

Les défis sont nombreux, mais l’engagement envers l’amélioration des conditions de travail et de rémunération des sages-femmes est un signe d’espoir pour l’avenir de cette profession essentielle au Rwanda.

Les infirmiers également mobilisés pour les accouchements

Le directeur de la RNMU, André Gitembagara, indique également que le manque de sages-femmes au Rwanda conduit à l’utilisation des infirmières pour effectuer des accouchements, bien que cela ne fasse pas partie de leur formation initiale.

Par ailleurs, certains sages-femmes et infirmiers quittent la profession pour chercher des moyens de subsistance dans d’autres secteurs en raison des difficultés rencontrées dans leur travail.

Selon les statistiques de la RNMU, avant la Covid-19, environ 1800 sages-femmes et infirmiers avaient quitté leur poste, mais certaines sont revenues lorsque la pandémie a frappé le monde et le Rwanda, car elles étaient grandement nécessaires. Après que la situation s’est améliorée, elles sont reparties.

La RNMU rapporte également qu’au cours des cinq dernières années, de 2019 à 2023, 350 sages-femmes et infirmiers ont été emprisonnées en raison d’erreurs professionnelles, et d’autres ont été convoquées par les autorités judiciaires.

Certains sont poursuivis pour avoir prétendument joué un rôle délibéré dans la mort d’une mère ou d’un enfant, ce qui pourrait également résulter de la surcharge de travail qu’ils subissent.

Les sages-femmes interrogées par IGIHE ont mentionné que l’augmentation de ces erreurs professionnelles pourrait être due au fait qu’elles sont peu nombreuses.

Le président du Syndicat des Infirmiers, Infirmières et Sages-Femmes du Rwanda (RNMU), André Gitembagara

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