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À toi Trésor Rusesabagina ; génocide, dollars et petites pépés

Redigé par Yolande Mukagasana
Le 5 septembre 2020 à 06:55

Entre Kabuga Félicien, financier du génocide contre les Tutsi et Paul Rusesabagina, Financier des assassins qui l’ont fait pour finir le travail, quelle différence entre les deux ?

On dit en Kinyarwanda, Mwene Samusure avukana isunzu : Tel père tel fils.

J’ai vu une photo sur laquelle Trésor, le fils de Paul Rusesabagina a une femme de petites vertus sur les genoux. Il tenait une bouteille d’alcool d’une main et un pistolet dans une autre, portant un t-short rouge, immaculé de taches de billets de cent dollars ou bien la monnaie de l’argent spolié aux réfugiés des 1000 collines. J’ai eu honte pour lui. A son âge, il ne sait pas encore différencier le mensonge de ses parents et la réalité historique du Rwanda ? On me dira sans doute que c’était sous l’effet de l’alcool. Des alcooliques boivent pour oublier une vérité de toute nature qu’elle soit. Mais au réveil, la vérité est toujours là.

Il dit qu’il vengera son père. De quoi et de qui et sur qui ? Vengera-t il son père sur les Rwandais d’aujourd’hui ? Sur la jeunesse rwandaise d’aujourd’hui ? Sur une politique de reconstruction et de changement ? Ou sur l’imbécilité des génocidaires ? Sur les rescapés Tutsi qui attendaient la mort à l’hôtel des 1000 collines que ton père a spoliés le peu qu’ils avaient pour fuir le génocide ? Ou encore te venger sur la Banque que l’on appelait la Belgolaise à Bruxelles dans laquelle était déposé le butin. Ou sur Jean qui gérait ce compte de ces sommes volées ? Voudrais-tu te venger contre le peuple de Nyabimata que ton père a fait attaquer et tué cette année-ci 2000 ?

Ton père a acheté son premier appartement à Laeken, Rue de Wautier numéro 6 juste après le génocide. Il a acheté une maison à Woluwé Saint Pierre si mes souvenirs sont bons, lorsqu’il pensait avoir quitté définitivement le Rwanda et le voilà de retour dans ce cimetière dans lequel il a participé à creuser les fosses. On dirait que je rêve ! J’espère que ton père ne se plaint pas de la prison dans laquelle il se trouve, sinon il peut demander une chambre à l’hôtel des 1000 collines qui est encore là. Tu peux aussi demander à Hollywood de tourner la suite du film « Hôtel Rwanda ». Mais on verra si Hollywood tournerait la suite à Mageragere, la nouvelle prison centrale de Kigali.

Quand le film « Hotel Rwanda » a été présenté en avant première à Bruxelles, j’ai été invitée par un journaliste pour le voir. On m’a dit qu’il était soutenu par Amnesty international. Après le film, j’ai contesté à une télévision européenne, mais comme c’était en différé, ma contestation a été coupé au montage.

Trésor, je ne comprends toujours pas ton esprit de vengeance. Se venger sur ces jeunes fils et filles du Rwanda que ton père Paul Rusesabagina envoyait au front dans les forets du Congo au lieu de t’envoyer toi, son fils. Mais non, il doit faire tuer d’autres jeunes mais surtout pas son fils.

Moi à ta place, je me ferais petit, même très petit. Je crois t’avoir offert trop de mon temps, je te laisse où tu es dans la négation et la haine et l’esprit génocidaire que tu as sans doute hérité de tes parents.

Je m’adresse à la jeunesse rwandaise maintenant.
Jeunes Rwandais, il y a eu un génocide qui a été perpétré contre les Tutsi au Rwanda, arrêté en 1994 surtout par des jeunes comme vous qui étiez nourris par le volonté patriotique. Ils ont tout offert à leur patrie que les gens comme Paul Rusesabagina ont voulu anéantir dans un bain de sang d’innocents.

Le génocide contre les Tutsi a été planifié savamment pas les intellectuels qui avaient tout. Les biens et le pouvoir aussi bien politique, militaire que financier. Mais cela ne leur suffisait pas car ils avaient peur de la différence. Ce génocide a été perpétré en utilisant toutes ces forces qu’ils avaient et ont utilisé la population pour arriver à leur but. Ils ont massacré du vieillard au bébé. Ils ont tué des malades dans les hôpitaux jusqu’aux malades mentaux. Ils n’ont pas épargné les bébés. Mais ils n’ont pas utilisé seulement des enfants des autres, ils ont utilisé même leurs propres enfants. Pauline Nyiramasuhuko a été condamné à Arusha avec son fils Shalom, avec lequel elle a supervisé les viols sur les victimes de Huye. (Je rappelle que Shalom en Hébreu veut dire la paix) Au lieu d’honorer la paix, ses parents lui ont appris à semer la haine et la désolation.

J’ai rencontré les jeunes assassins au Rwanda dans un centre de rééducation. Ces enfants qui ont tué n’étaient pas nés tueurs, ils le sont devenus par une éducation génocidaire. Ils ont été victimes de l’éducation de leurs parents. En tuant, ils n’étaient pas seuls. Ils ont été encadrés par les adultes, parfois par leurs propres parents. Et lorsque l’on détruit une vie humaine, on a commencé par tuer sa propre humanité pour pouvoir ôter la vie sans regret. J’aimerais tellement les revoir adultes pour savoir ce qu’ils sont devenus à l’âge adulte.

Je m’adresse à vous ce matin, à vous les jeunes du Rwanda : Vous avez la chance de vivre dans un pays paisible et tout le monde veille sur vous. Vous avez un pays dans lequel vous avez les mêmes droits et les mêmes devoirs pour chaque Rwandais d’ici et d’ailleurs à travers le monde. Cette chance, moi je ne l’ai pas eu, mes enfants encore moins car ils ne sont plus. Profitez-en et protégez-vous en protégeant les acquis de la reconstruction du pays dans lequel vous allez faire des enfants, le Rwanda.


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