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Burundi, les paradoxes du CNDD-FDD

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 juillet 2022 à 10:59

La fin des années 1990 a vu une irruption des mouvements rebelles sur la scène régionale des grands lacs. Le NRA en Ouganda, au Rwanda avec le Front Patriotique Rwandais « FPR », au Burundi le Conseil National pour la Défense de la Démocratie - Force de Défense de la Démocratie « CNDD-FDD » et en République Démocratique du Congo l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo « AFDL » de Laurent Desire Kabila.
Il y a une question cruciale sur la métamorphose du mouvement rebelle en parti (...)

La fin des années 1990 a vu une irruption des mouvements rebelles sur la scène régionale des grands lacs. Le NRA en Ouganda, au Rwanda avec le Front Patriotique Rwandais « FPR », au Burundi le Conseil National pour la Défense de la Démocratie - Force de Défense de la Démocratie « CNDD-FDD » et en République Démocratique du Congo l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo « AFDL » de Laurent Desire Kabila.

Il y a une question cruciale sur la métamorphose du mouvement rebelle en parti politique adapté à la scène politique du pays. Ce qui est déterminant dans la reconstruction socio-économique post conflit.

Le CNDD-FDD avait réussi le plan de paix conclu à Arusha. La réintégration des combattants au sein des forces de sécurité du pays, le désarmement et la démobilisation.

Sur le plan politique, sa participation aux institutions de transition puis sa compétition électorale de 2005 en ont fait un parti de gouvernement.

Et c’est là que le CNDD-FDD expérimente l’exercice du pouvoir et les critiques fusent. Fondées ou non, les reproches se concentrent sur l’incapacité a gouverné avec des méthodes autocratiques.

Le parti CNDD-FDD accède au pouvoir avec les élections de 2005. Mais très tôt, les critiques pleuvent sur sa méthode de gouvernance mais surtout les comportements des nouvelles autorités.

Ces critiques évoquent pèle mêle les dissensions internes au parti, l’antagonisme avec les anciens partis, la mise à l’écart des intellectuels et l’entretien d’une milice.

Les organisations de défense des droits humains enregistrent des violations graves des droits, les atteintes aux libertés fondamentales dont celle de la presse, l’interférence dans le système judicaire, la multiplication des scandales de corruption, et le népotisme.

Le CNDD-FDD prend naissance dans la foulée du coup d’Etat du 21 octobre 1993, contre le Président nouvellement élu, Melchior Ndadaye.

Le FRODEBU de Ndadaye prendra le maquis et la guerre sera longue et meurtrière.

Leonard Nyangoma, Ministre de l’intérieur du FRODEBU prend le leadership de l’organisation de « l’auto défense ».

Ainsi entrent- ils dans le maquis et le CNDD FDD prend naissance. Ils feront la guerre pendant plus de dix ans.

Pour des raisons de conditions difficiles dans le maquis, les intrigues inhérents à la culture Burundaise et les divergences apparaissent.

En novembre 1997, le Président du mouvement, Leonard Nyangoma suspend le comité exécutif.

En mai 1998, Nyangoma est renversé par le chef d’état-major général des FDD Jean Bosco Ndayikengurukiye, faisant émerger des nouvelles figures.

I s’agit principalement de Prime Ngowenubusa et Laurent Kabura promus chefs d’état-major adjoints et de Hussei Rajabu au poste hautement politique de secrétaire général du mouvement.

L’embellie sera de courte durée, Ndayikengurukiye sera renversé aussi en octobre 2001.

Il montera une structure parallèle « Kaze-FDD » avec Pierre Nkurunziza comme secrétaire général et Adolphe Nshimirimana en qualité de chef d’état-major.

De son côté, Nyangoma va former le « CNDD aile Nyangoma ».

En 2002 débutent les négociations s Inter Burundais sous l’égide du Président Sud-Africain, le très respecté Nelson Mandela.

Elles aboutissent à la signature en octobre 2002 et novembre 2003 des accords et protocoles de cesser le feu de 16 novembre 2003 avec le gouvernement Burundais.

Consacrant ainsi un compromis politique, le partage du pouvoir, la tolérance ethnique et la réconciliation nationale.

Des contacts avec l’aide des parrains Tanzaniens vont conduire au congrès du 7 et 8 aout 2004 faisant du CNDD-FDD un parti politique dirigé par Pierre Nkurunziza.

En février 2005, Pierre Nkurunziza sera désigné candidat du parti aux élections présidentielles et Hussein Rajabu confirmé au poste de secrétaire général du parti.

Les membres les plus influents sont Pierre Nkurunziza, Hussein Rajabu, Adolphe Nshimirimana, Alain-Guillaume Bunyoni tous anciens du Palipehutu.

Mais la cohabitation entre les anciens du Palipehutu et du Frodebu va être compliquée.

Il y aura des défections dont Jean Marie Nduwabike et Noel Batungwanayo, ancien du Frodebu. Et cela va miner le CNDD-FDD.

Le sectarisme, le régionalisme, la méfiance et la mise à l’écart des intellectuels privera le parti des cadres compétents lors de son accession au pouvoir.

La création et la militarisation des « Imbonerakure » en a fait une milice gouvernementale.

Dans l’exercice du pouvoir, le CNDD-FDD aura des relations tendues voire des confrontations avec l’UPRONA, le Palipehutu-FNL préférant favoriser les partis satellites MSP-Inkizo, MRC et PARENA.

Les partenaires internationaux vont multiplier les ateliers de dialogue réunissant tous les acteurs politiques pour apaiser les tensions.

C’est ainsi qu’en mars 2013, avec l’appui du Bureau des Nations Unies au Burundi s’est dégagé une feuille de route sur le processus électoral de 2015.

En décembre 2013, le Parlement organisa à son tour un atelier sur les amendements constitutionnels. Mais le pouvoir préféra un passage en force. Ce fut le « contentieux du 3e mandat » du Président Nkurunziza.

Le 21 mars 2014, le vote fut négatif pour le camp Nkurunziza.

Le Président de l’assemblée Nationale, Pie Ntavyohanyuma s’y opposa courageusement, en cela soutenu par le Frodebu, l’Uprona et la société civile.

Ce vote de l’Assemblée Nationale ouvra la crise préélectorale que connaitra le pays.

Le 14 mars 2015, une centaine des cadres du CNDD-FDD adressa une lettre ouverte au Président Nkurunziza pour s’inquiéter des tensions dans le pays lié à l’éventuelle candidature au 3e mandat.

C’était consécutif à la réunion houleuse des « sages du parti » qui s’y était opposée ouvertement.
Certains furent suspendus de leurs fonctions et appartenance au parti d’autres étaient exclus carrément.

Cette crise venait étaler sur la place publique les incohérences dans la gestion de la chose publique, les divisions profondes sur les méthodes, les tensions politiques à tous les étages…

Le Burundi traversa alors une grave crise politique émaillée de violences depuis née de la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat considéré comme illégal en interne et par l’opposition.

Ces violences avaient fait des milliers de victimes, selon les sources (ONU et ONG), des centaines de cas de disparitions forcées et de torture. La crise avait également poussé à l’exil plus de 40 000 Burundais.

Des centaines d’autres avaient été exécutées et le régime de Pierre Nkurunziza fut souvent accusé par les organisations internationales de violations graves des droits de l’homme.

Le gouvernement avait été mis dans l’embarras après la diffusion d’une vidéo montrant des Imbonerakure appelant au viol de femmes opposantes.

À la mi-2015, presque tous les dirigeants des partis d’opposition, les journalistes indépendants et les activistes de la société civile burundaise avaient fui le pays après avoir reçu des menaces répétées. Ceux qui sont restés l’ont fait au péril de leur vie.
Pendant le troisième et dernier mandat de Nkurunziza, la société civile et les médias indépendants ont été attaqués sans relâche. Certains de leurs membres ont été tués, ont fait l’objet de disparitions forcées, ont été emprisonnés, menacés ou encore forcés de quitter le pays. Des crimes qui ont bénéficié d’une impunité quasi totale.

Le lendemain de la tentative de coup d’État du 13 mai 2015, dirigé par le Général Godefroid Niyombare, des personnes présumées loyales au président attaquèrent les bureaux de la RPA, de Radio Bonesha, de Radio Isanganiro et de Radio-Télévision Renaissance.

Des hommes armés vêtus d’uniformes de la police jetèrent une grenade dans le bureau de Radio Bonesha en détruisirent son matériel de diffusion. Rema FM, une radio pro-gouvernementale sera également attaquée.

Dans un communiqué de cinq pages, le Secrétaire général et porte-parole du gouvernement de l’époque, Philippe Nzobonariba, déclara que les stations de radio étaient devenues « des agents vecteurs de l’insurrection en propageaient les rumeurs les plus alarmistes dans le pays ».

Le 2 aout 2015, Esdras Ndikumana, le correspondant au Burundi de Radio France Internationale (RFI) et de l’Agence France-Presse (AFP), sera sévèrement passé à tabac par des agents des services de renseignement après avoir tenté de prendre des photos du véhicule dans lequel le puissant ancien directeur du Service national de renseignement (SNR), Adolphe Nshimirimana, a été tué. Les agents de renseignement lui ont cassé un doigt et l’ont violemment frappé sur la plante des pieds.

Ndikumana vit aujourd’hui en exil, et les responsables de l’agression n’ont toujours pas eu à répondre de leurs actes.

Les réfugiés ont raconté d’horribles histoires de viols, de torture et de tueries de la part des Imbonerakure et des forces de sécurité burundaises qui ciblaient les membres de l’opposition, mais aussi de simples citoyens », avait affirmé Thijs Van Laer, responsable à l’Irri. « Si les autorités burundaises souhaitent sérieusement promouvoir le retour des réfugiés, elles doivent maîtriser les Imbonerakure et garantir que les abus commis depuis le début de la crise politique seront punis », a-t-il préconisé.

En août 2005, M. Nkurunziza est élu par un parlement issu de l’accord d’Arusha qui consacre le partage du pouvoir entre Hutu et Tutsi.

Son premier mandat coïncide avec le retour de la paix au Burundi. En 2009, le dernier mouvement rebelle encore actif, le Front National de Libération (FNL) dépose les armes et participe aux institutions.

Une armée nationale est formée avec l’intégration des anciennes forces rebelles.

En juin 2010, il est élu au premier suffrage universel depuis 1993 mais le scrutin est boycotté par l’opposition en raison de fraudes aux élections locales précédentes.

En avril 2015, le CNDD -FDD présente sa candidature dénoncée par l’opposition qui estime qu’il brique un troisième mandat alors que lui argue qu’il n’a été élu qu’une seule fois au suffrage universel.

En mai 2015, un coup d’état organisé par des officiers qui surfait sur un mouvement de contestation dans certains quartiers de Bujumbura échoue. Nkurunziza qui se trouve en Tanzanie au moment du putsch revient dans le pays.

La crise de 2015 a contraint plusieurs milliers de burundais à fuir leur pays. Pierre Nkurunziza a fait face à des dissensions internes au sein de son parti. Ceux qui s’opposaient à son troisième mandat ont été contraint à l’exil. Toutefois, il y a eu plusieurs tentatives de négociations entre le pouvoir en place et l’opposition vivant majoritairement en exil.

Marié et père de 6 enfants, Pierre Nkurunziza avait deux passions : le sport et la religion qu’il partageait avec son épouse, pasteure évangéliste.

La crise constitutionnelle de 2015 a plongé le pays dans un climat de violences politiques. Une commission des Nations unies a accusé le gouvernement de violations des droits de l’homme, notamment d’exécutions, d’arrestations arbitraires, de torture et de violences sexuelles. Des accusations rejetées par le Burundi.

Une nouvelle constitution adoptée en 2018, après un référendum, l’avait autorisé à rester au pouvoir jusqu’en 2034. Mais M. Nkurunziza a annoncé en 2018 qu’il ne se représenterait pas. En mars 2018, le CNDD-FDD au pouvoir l’avait déjà nommé "guide suprême éternel" du pays.

Il n’était pas candidat à sa propre succession aux élections du 20 mai 2020. Il devait céder le pouvoir au général à la retraite Evariste Ndayishimiye en août et quitter la présidence la République pour devenir le "guide suprême du patriotisme" du Burundi.

Un titre plus qu’honorifique puisque M. Nkurunziza devait bénéficier pour sa retraite de 530.000 dollars, d’un salaire à vie et de la construction d’une villa, en plus du titre de "chef suprême", en vertu d’une loi adoptée par le parlement fin janvier. Il n’a finalement pas pu profiter de son repos doré.

L’ancien Président Nkurunziza mourra au moment où son épouse, Denise, était soignée dans un hôpital de Nairobi, au Kenya, pour une maladie non dévoilée depuis le 28 mai 2020, selon un responsable du bureau présidentiel qui avait parlé à la BBC Grand Lacs.
On ne sait pas encore si Nkurunziza était positif au coronavirus.

Elu le 20 mai 2020, Évariste Ndayishimiye, a été investi ce jeudi le 18 juin 2020 à Gitega pour un mandat de sept ans. Les Burundais attendent du nouveau chef de l’Etat une ouverture politique et le retour des réfugiés.

L’investiture pour un mandat de sept ans du nouveau président burundais, Évariste Ndayishimiye, survient moins de deux semaines après le décès brusque de son prédécesseur, Pierre Nkurunziza.

La cérémonie de prestation de serment a eu lieu au stade Ingoma de Gitega, la capitale administrative et politique du pays, en pleine crise sanitaire liée à la Covid-19.

Les diplomates accrédités dans le pays ont pris part à cette cérémonie à laquelle devrait aussi participer le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi.
Le nouveau président du Burundi, Évariste Ndayishimiye, a prêté serment.

"Devant Dieu le tout-Puissant, devant le peuple burundais, seul détenteur de la souveraineté nationale, moi Évariste Ndayishimiye, président de la République du Burundi, je jure fidélité à la Charte de l’Unité nationale, à la Constitution de la République du Burundi, et à la loi...", a déclaré le chef de l’Etat.

Agé de 52 ans, Évariste Ndayishimiye devait initialement prendre fonction samedi 20 aout 2020 à l’expiration du mandat de Pierre Nkurunziza. Le décès, lundi 08 juin 2020 de celui-ci a poussé la cour constitutionnelle à décider d’avancer la prise de fonction du nouveau chef de l’Etat, jugeant un intérim pas nécessaire.

Pour éviter une période d’incertitude qui aurait pu déstabiliser le Burundi, dont l’histoire est jalonnée de crises politiques meurtrières et d’une longue guerre civile (300.000 morts entre 1993 et 2006), le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, a décidé d’accélérer la transition.

La disparition de Pierre Nkurunziza, qui devait rester très influent, pourrait lui donner plus de marges de manœuvre pour gouverner le pays. Même s’il devra coopérer avec le groupe de généraux qui détiennent la réalité du pouvoir.

Au micro de la DW, l’ancien président du Burundi (entre 2003 et 2005), pendant la période de transition, Domitien Ndayizeye parle de ses attentes vis-à-vis du président Évariste Ndayishimiye.

Le chef de l’État, qui aurait préféré un civil, Pascal Nyabenda, le président de l’Assemblée Nationale avait cédé face à ces généraux déterminés à ce qu’un militaire reste au sommet du pouvoir. Évariste Ndayishimiye, qui ne fait pas partie de ce groupe de généraux, leur est donc redevable et pourrait avoir du mal à s’émanciper.

Comme le président sortant, un évangélique « born again », Évariste Ndayishimiye est un fervent croyant et pratiquant, mais de confession catholique. Cela pourrait aider le pouvoir à renouer avec l’Église catholique, qui n’a pas mâché ses mots à l’égard de la dérive observée depuis 2015.

Son profil plutôt modéré pourrait aussi lui valoir une certaine bienveillance de la communauté internationale et l’aider à briser un peu l’isolement du pays.

D’abord critique à l’égard de la Belgique, l’ancien colonisateur, et de l’Union européenne, après l’accession au pouvoir il s’est montré plus conciliant.

Il a lancé « des signaux d’ouverture à la communauté internationale, et elle est prête à le reconnaître et à renouer avec lui », explique un autre diplomate ayant requis l’anonymat.

Ce changement à la tête de l’État pourrait changer la donne alors que depuis le troisième mandat du président sortant, le Burundi a vu son économie s’effondrer et le taux de pauvreté exploser. La dépréciation du franc burundais (Fbu), la pénurie de produits importés sont les conséquences de l’isolement du régime.

Lors de sa prestation de serment, du 18 juin 2020, il avait déclaré : « Nous entendons bâtir le Burundi sur les bases solides à savoir la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme. »

Deux ans après, certains considèrent que les promesses sont encore non tenues.

E il avait ouvert le chantier de la lutte contre la corruption.

Le 23 aout 2020, il avait appelé tous les membres du gouvernement a déclaré leurs patrimoines.

Le 15 octobre 2021, sa visite du barrage de Mpanda en commune de Musigati lavait scandaliser. Un détournement de prêt de 54 milliards de fbu.

Parmi ses réussites on peut signaler la démolition des construction anarchiques.

Mais ces deux ans ont été émaillées par la pénurie des devises, du carburant, des produits de première nécessité et certains perdurent jusqu’à ce jour.

Le Président Ndayishimiye a libéré les journalistes et autres détenus politiques, a obtenu la levée des sanctions de l’Union Européenne et redorer l’image du pays.

Et les Etats Unis ont levés les sanctions individuelles a l’encontre de huit personnalités.

Et plusieurs opposants en exiles sont rentrés au pays.

Réchauffement avec le Rwanda

Plusieurs réunions ont été organisées entre des responsables des deux pays, dont des représentants des services de renseignements militaires, des gouverneurs de province, des ministres des Affaires étrangères et des présidents de Sénat.

La plupart des litiges qui les opposaient semblent avoir été résolus, notamment la demande controversée des autorités burundaises de livrer les présumés putschistes. La réouverture complète de la frontière entre les deux pays (fermée depuis 2015) et une rencontre de leurs deux dirigeants scelleraient un rapprochement, tant attendu par les populations des deux pays.

Toutefois, tout n’est pas sans peine. Si les deux gouvernements s’efforcent d’ouvrir une nouvelle page de leurs relations, ils se heurtent néanmoins à une opposition farouche.

La méfiance entre les deux nations sert les intérêts d’un large éventail d’acteurs étatiques et non étatiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des deux pays. Ces acteurs provoquent l’instabilité en diffusant des fausses informations et des discours de haine, en soutenant des groupes armés par procuration et en créant l’insécurité au Rwanda et au Burundi.

Le 19 octobre 2021, le Burundi avait remis 11 présumés combattant du FNL DE Rusesabagina aux autorités Rwandaises.

A leur tour, les autorités Rwandaises avaient remis au Burundais 19 présumés rebelles de Red-Tabara.

Le 10 janvier 2022 le Président Kagame avait reçu en audience une délégation Burundaise de haut niveau conduite par le Ministre Burundais des Affaires de EAC.

En mars 2022, le Président Rwandais Kagame avait envoyé un message à son homologue Burundais porté par le ministre rwandais de la défense le General Albert Murasira.

Le Burundi a fêté, jeudi 1er juillet 2021 le 59e anniversaire de son indépendance. Parmi les invités de marque : le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, mais surtout le Premier ministre du Rwanda, Dr Edouard Ngirente. C’est la première visite du chef du gouvernement rwandais au Burundi depuis la détérioration des relations entre les deux voisins en mai 2015.

Invité à la tribune, le chef du gouvernement rwandais a proposé au président burundais de renouer le partenariat stratégique entre les deux pays :

« Le moment est venu pour le Burundi et le Rwanda de s’appuyer sur les fondements solides de nos liens historiques et culturels afin de parvenir à la prospérité et au développement durable. Je suis convaincu que nous sommes tous prêts à travailler pour la consolidation et la promotion des relations existantes d’amitié et de coopération au profit de nos deux peuples.

Main tendue acceptée par le chef de l’État burundais. « Nous sommes prêts », a répondu le président Évariste Ndayishimiye, à ouvrir un nouveau chapitre et à enterrer la hache de guerre entre le Burundi et le Rwanda, et nous sommes prêts à travailler avec le Rwanda. »

La première visite d’un de gouvernement rwandais au Burundi depuis 2015 est un signe : les relations s’améliorent entre les deux pays voisins de la région des Grands lacs.

La relève à la tête de l’Etat burundais a contribué à cette détente, depuis le décès de Pierre Nkurunziza : son successeur Evariste Ndayishimiye est mieux disposé vis-à-vis de son homologue rwandais Paul Kagame.

En témoignent les opérations de l’armée burundaise contre la rébellion rwandaise du FLN qui menait jusque-là des raids sur le territoire rwandais depuis la forêt burundaise de Kibira.

De son côté le Rwanda a donné des gages : s’il continue d’abriter des militaires, des journalistes et des figures de la société civile burundaises réclamés par Bujumbura, Kigali a fermé la radio des opposants burundais qui émettait depuis le Rwanda.

Prochaine étape très attendue pour des raisons commerciales : la réouverture de la frontière burundo-rwandaise, toujours fermée officiellement pour raisons sanitaires, alors que Bujumbura l’a déjà rouverte avec la RDC.

Les gouvernements du Rwanda et du Burundi sont nés de groupes d’opposition armés en exil similaires. Ayant de nombreux points communs, ils pourraient, en travaillant ensemble, endiguer les menaces qui pèsent sur la région. Parmi les autres similitudes figurent notamment leur composition ethnique, la forte densité de population et la rareté des terres, ainsi que la proximité avec la province orientale mal gouvernée de la République démocratique du Congo (RDC).

Toutefois, la similitude la plus saillante réside dans leur passé colonial et dans le lourd héritage de la guerre qui façonne leur histoire politique et leur politique étrangère.


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