Parmi eux, 2 900 personnes sont directement employées par les compagnies aériennes, les aéroports et les services de navigation aérienne, générant 8,9 millions de dollars de valeur directe, soit 0,1 % du PIB. Lorsqu’on inclut le tourisme, les effets de la chaîne d’approvisionnement et les dépenses des employés, l’aviation devient un moteur économique majeur pour le Rwanda.
Le tourisme aérien demeure le principal contributeur à cet écosystème. Les visiteurs arrivant par avion ont généré 124,9 millions de dollars pour le PIB et soutenu 29 000 emplois. En 2023, les touristes internationaux ont dépensé environ 688 millions de dollars en hébergement, restauration et transport. Selon les experts, l’aviation dépasse le simple transport pour devenir un vecteur structurant du développement national, favorisant l’accès aux marchés, à l’éducation et à l’emploi.
RwandAir, symbole de connectivité nationale
Créée en décembre 2002, RwandAir est aujourd’hui à la fois un symbole de fierté nationale et un poste budgétaire majeur. En 2023, la compagnie a bénéficié de 192,3 milliards de francs rwandais de subventions publiques, en hausse de 33 % par rapport à l’année précédente, ainsi que d’un prêt garanti par l’État de 40,6 milliards de francs rwandais.
« Nous ne considérons pas ces postes comme une dépense, mais comme un investissement crucial et un levier essentiel pour la croissance économique », a expliqué Tesi Rusagara, ministre d’État chargé de la Mobilisation des ressources et de l’Investissement public.
Malgré sa dépendance financière, RwandAir a enregistré une hausse de 82 % de son chiffre d’affaires, atteignant 620 milliards de francs rwandais entre 2022 et 2023. La compagnie prévoit d’étendre ses destinations de 23 à 29 et de doubler le nombre de passagers, passant de 1 à 2 millions, avec de nouvelles liaisons vers Zanzibar et Mombasa prévues pour décembre 2025.
Fret aérien et intégration commerciale
Le fret aérien constitue également un pilier en pleine expansion. En 2023, les transporteurs nationaux ont traité 16 500 tonnes de marchandises, positionnant le Rwanda au 104ᵉ rang mondial selon l’IATA. Le gouvernement vise à doubler ce volume d’ici l’exercice 2025–2026.
L’acquisition en 2022 d’un Boeing 737-800 cargo a renforcé la capacité de RwandAir à soutenir les exportations, notamment dans l’horticulture. La croissance du fret est également soutenue par l’implantation du premier hub cargo africain de Qatar Airways à Kigali, faisant du Rwanda un centre logistique pour le commerce intra-africain et la réexportation.
Bugesera : un hub aérien régional en devenir
Le projet d’aéroport international de Bugesera, dont l’achèvement est prévu fin 2027, constitue le plus ambitieux du pays, avec un coût estimé à 2,6 milliards de dollars. La quasi-totalité des 699,4 milliards de francs rwandais alloués par le Fonds d’investissement et de participation pour l’exercice 2025–2026 sera consacrée à sa construction, tandis que des travaux de réhabilitation sont également prévus pour les aéroports de Rubavu et Musanze.
Le financement de Bugesera combine ressources locales, prêts concessionnels et investissements étrangers. Qatar Airways détient 60 % de l’aéroport et envisage d’acquérir 49 % de RwandAir, un accord encore en négociation. La Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) a également accordé un prêt de 200 millions de dollars, à un coût inférieur aux marchés commerciaux.
Selon Giulia Filocca, directrice associée chez S&P Global Ratings, « le Rwanda se distingue par l’implication de partenaires crédibles comme le Qatar et par son cadre institutionnel solide. Bugesera pourrait considérablement améliorer les perspectives de croissance du pays à moyen terme. »
Réseaux globaux et portée internationale
Le réseau aérien rwandais s’est fortement développé, avec 25 départs internationaux quotidiens vers 31 aéroports dans 24 pays, desservis par dix compagnies aériennes. En 2023, les passagers internationaux représentaient 95 % des départs, soit 447 400 voyageurs, en hausse de 21 % sur dix ans. L’Afrique demeure le marché principal (56 % des passagers), suivie de l’Europe (21 %) et de l’Amérique du Nord (11 %).
Les dix principales destinations au départ de Kigali étaient Nairobi, Entebbe, Bruxelles, Johannesburg, Dubaï, Lagos, Paris, Dar es Salaam, Bujumbura et Londres. Depuis 2014, l’indice de connectivité aérienne du Rwanda a augmenté de 23 % sur le continent et de 326 % avec les régions non africaines, confirmant le rôle croissant de Kigali comme hub régional.
L’aviation contribue également à l’inclusion sociale en reliant les régions isolées aux soins de santé et à l’éducation, en accélérant la réponse humanitaire et en intégrant le Rwanda aux échanges culturels et scientifiques mondiaux.
Selon le ministre Tesi Rusagara, « comme pour tous les grands projets de construction, le financement est planifié selon un calendrier d’exécution. La connectivité est cruciale, non seulement pour développer le tourisme, mais aussi pour soutenir nos investissements dans la production de vaccins et les hubs agroalimentaires. »














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