De X au tribunal avec Victoire Ingabire ou le crépuscule d’une égérie contestée

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 juin 2025 à 03:06

L’on eût cru, à entendre ses saillies rageuses sur X, que Victoire Ingabire Umuhoza tenait l’opinion publique pour un simple parterre de badauds fascinés par le vacarme des indignations feintes.

Drapée dans la toge fallacieuse de la victime éternelle, elle feint d’ignorer que la clémence n’est point un dû, mais un acte souverain  ; elle piétine, avec la superbe d’une Cassandre désavouée, la grâce présidentielle qui en 2018 l’arracha à l’ombre des murs pénitentiaires pour lui rouvrir le champ d’une citoyenneté responsable.

En lieu et place de gratitude, la voilà lançant un pied de nez à la justice rwandaise, convaincue, naïveté ou cynisme, qu’un Occident abstrait suspendrait la baguette du législateur local.

Pourtant, le calendrier judiciaire suit son cours de marbre  : elle est convoquée, le jeudi 19 juin 2025, à répondre des ombres demeurées dans un dossier épais, lesté d’anciens appels au soulèvement, de proximités idéologiques suspectes avec les FDLR et d’allusions troublantes à une gouvernance fantoche prête à naître sur les ruines du chaos.

Ingabire affecte d’attendre «  une lettre officielle  », comme si la formalité documentaire tenait magie d’absolution  ; mais nul cachet ne dissout les faits, et la procédure, patiente, ne s’émotionne point du vacarme numérique.

La situation, retournée tel un miroir implacable, lui renvoie le visage de ses propres complaisances  : regarder sans mot dire, n’est ce pas applaudir tacitement les pogroms latents orchestrés par les retors affidés des FDLR  ? Et laisser faire, n’est ce pas valider que l’innocent paie le tribut d’une démagogie meurtrière  ?

Là où elle s’imagine couverte par l’ombre portée de quelques tribunes européennes, le Rwanda oppose la lumière crue d’un droit positif assumé, affranchi des tutelles morales qu’improuvent encore certains cénacles paternalistes. Le pays, meurtri mais ressuscité, ne saurait rétrocéder à l’âge des ténèbres pour complaire à la vanité d’une personne qui se croit immunisé par la quantité de ses abonnés. Ingabire, escomptant se draper d’un souffle épique, dévoile en réalité le désarroi aigu de ceux dont les relais armés se désagrègent à l’Est de la RDC  : chaque rebelle en déroute rend plus criantes l’inanité stratégique et la vacuité doctrinale de leurs protecteurs civils.

Aussi la convocation du 19 juin ne marque t elle pas un caprice étatique, mais la continuité organique d’une justice qui, depuis les gacaca jusqu’aux prétoires modernes, conjugue exigence de vérité et équilibre des sanctions.

Qui, dès lors, peut croire qu’un «  tweet tonnerre  » fera trembler le flanc volcanique d’un système institutionnel patiemment reconstruit  ? La République, forte de sa légitimité de reconstruction post génocidaire, oppose à la rhétorique plaintive la force tranquille de l’état de droit.

Reste, pour Mme Ingabire, le choix inéluctable  : s’astreindre à la rigueur des codes qu’elle défie verbalement, ou persister dans l’ivresse d’une dramaturgie numérique qui, bientôt, ne nourrira plus que les échos d’une légende personnelle.

Car, à mêler l’amertume au mensonge, l’on se condamne à boire la lie de ses propres illusions. L’histoire, irrévocable notaire consignera qu’au jour où la justice l’invita à la barre, elle préféra l’esbroufe au repentir, l’orgueil stérile à la responsabilité citoyenne.
Et, selon l’adage, «  qui sème le vent…  ».

À en croire ses saillies rageuses sur X, Victoire Ingabire semblait prendre l’opinion pour un public de badauds sensibles au vacarme des indignations feintes

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