Des anciens combattants exposent la collaboration entre les FDLR, les armées congolaise et burundaise

Redigé par IGIHE
Le 22 janvier 2025 à 10:20

Récemment, sept membres de groupes armés opérant en République Démocratique du Congo (RDC) ont choisi de se rendre au Rwanda. Parmi eux, Niyitanga Gervais, dont le témoignage bouleversant dévoile les dures réalités vécues au sein de ces milices. Son récit met en lumière la brutalité des conflits dans l’Est de la RDC, offrant un aperçu glaçant des conditions de vie et des violences qui marquent cette région dévastée par la guerre.

Niyitanga, qui a rejoint un groupe armé en RDC dans l’espoir de trouver un emploi, partage son expérience au sein d’une coalition comprenant les FARDC, le FDLR, Wazalendo, d’autres milices, y compris l’armée burundaise. "Avant chaque affrontement, le général Justin nous donnait des instructions claires : l’un prenait la mitrailleuse, un autre le RPG, et un autre encore le mortier", raconte-t-il. Ces armes, fournies par les FARDC, étaient utilisées pour préparer des offensives contre le M23".

Cependant, malgré une préparation minutieuse et des alliances stratégiques, les combats étaient d’une brutalité extrême, et ces groupes armés subissaient fréquemment de lourdes défaites. « Sur le terrain, nous combattions aux côtés des FARDC, du FDLR et d’autres groupes alliés. Mais malgré cette coordination, nous perdions souvent, indépendamment de notre équipement ou de notre nombre. » explique Niyitanga.

Son parcours a débuté lorsqu’il a été contraint de rejoindre la milice Nyatura après avoir été forcé de porter de l’eau pour les combattants. "Désobéir signifiait la mort. Nous n’avions d’autre choix que d’obéir, même si nous savions que nos batailles étaient souvent perdues d’avance", raconte-t-il.

Les jeunes recrues de ces groupes étaient rapidement immergées dans une idéologie de haine, particulièrement dirigée contre les Tutsi. Niyitanga explique que les chefs leur enseignaient que le M23, un groupe rebelle actif dans l’Est du Congo, était constitué de Rwandais venus pour envahir le Congo, et qu’une fois le M23 vaincu, l’objectif était d’envahir le Rwanda. Cependant, Niyitanga estime que ce plan était voué à l’échec, en raison de divisions internes et de tribalisme qui minaient ces groupes.

Ishimwe Patrick, ancien combattant des FDLR, témoigne : « Les batailles contre le M23 étaient toujours coordonnées avec les FARDC, l’armée burundaise, les FDLR, et d’autres groupes alliés. Malgré notre armement impressionnant, le M23, sous la direction du général Sultan Makenga, remportait systématiquement presque toutes les victoires. »

Les groupes armés ne se limitaient pas à des affrontements violents, mais étaient également responsables de pillages et d’exactions commises contre les civils. Hatangimana Delphin, un autre déserteur, témoigne : « Nous étions contraints de dérober les civils pour survivre. Et si quelqu’un résistait, nous devions le tuer. Nos supérieurs nous disaient que c’était pour la lutte contre le Rwanda. »

La réalité dans les forêts du Congo, selon les déserteurs, était une vie de violence incessante et de conditions inhumaines. « Les blessés étaient soignés dans les hôpitaux congolais, mais les morts étaient abandonnés comme des déchets », déplore Ishimwe, soulignant l’indifférence cruelle envers les vies humaines.

Ayant vécu dans cet enfer de violence, de souffrance et d’exploitation, ces jeunes hommes lancent un appel désespéré à la jeunesse rwandaise. Ils les avertissent de ne pas se laisser séduire par des promesses de richesse ou de gloire en rejoignant des groupes armés, car cela mène inévitablement à la misère et à la mort. « Le Rwanda est un pays paisible. Aller au Congo, c’est choisir la souffrance et la mort. Il est préférable de rester au Rwanda et de contribuer à son développement », insiste Niyitanga, appelant à une prise de conscience collective.

Hatangimana appelle également ses anciens compagnons d’armes à quitter les groupes armés et à revenir dans leurs foyers. « On vous promet des richesses au Congo, mais c’est un mensonge. Vous quittez une vie paisible pour découvrir que l’endroit où vous allez est bien pire que l’enfer », déclare-t-il, un appel poignant à ceux qui sont encore piégés dans cette spirale de violence.

Les témoignages de ces jeunes déserteurs dressent un tableau accablant de la brutalité de la guerre dans l’Est de la RDC et de la souffrance infligée à ceux qui y participent. En plus de leur propre douleur, ils appellent la jeunesse rwandaise à faire preuve de discernement et à ne pas se laisser séduire par des idéologies destructrices. Ils insistent sur l’importance de choisir la paix et le développement, et de contribuer à un avenir prospère pour le Rwanda, loin des violences et des conflits qui ravagent l’est de la RDC. Leur message est clair : la véritable richesse réside dans la construction d’un Rwanda uni et pacifique, loin des promesses vaines qui mènent à la mort et à la dévastation.

Des anciens combattants qui se sont rendus au Rwanda ont exposés la collaboration entre les FDLR, les armées congolaise et burundaise et des autres milices.

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