Le ministre Nduhungirehe qualifie de «  mesure de façade  » la suspension du général Ekenge

Redigé par IGIHE
Le 31 décembre 2025 à 12:20

Le ministre des Affaires étrangères, l’ambassadeur Olivier Nduhungirehe, a estimé que la suspension du général-major Sylvain Ekenge de ses fonctions de porte-parole des FARDC par les autorités de la RDC relève plus d’une mesure de façade qu’une réelle sanction face à la gravité des faits reprochés au général.

«  La suspension du général-major Sylvain Ekenge au poste de porte-parole des FARDC n’est en effet que de la poudre aux yeux destinée à la communauté internationale, tant le mal est profond au sommet de l’État  », a réagi le ministre Nduhungirehe sur X.

Il estime que cette décision, prise sous pression occidentale, ne répond pas à l’enjeu central de la responsabilité politique face aux discours de haine.

Le chef de la diplomatie rwandaise a établi un parallèle historique avec le cas de Léon Mugesera, exfiltré par le régime du président Juvénal Habyarimana après son discours incendiaire de Kabaya, en novembre 1992. Mugesera avait alors appelé au meurtre des Tutsi et à leur expulsion symbolique vers l’Abyssinie par la rivière Nyabarongo. Bien que la justice rwandaise ait tenté d’engager des poursuites, la direction du parti MRND l’avait protégé et aidé à fuir à l’étranger.

Après un passage par l’Espagne, Mugesera s’était installé au Canada, où il exerça comme professeur d’université jusqu’à son extradition vers le Rwanda en janvier 2012 pour répondre des accusations portées contre lui.

Le ministre Nduhungirehe a également rappelé que c’est dans les mêmes périodes que le régime Habyarimana créait la tristement célèbre milice «  Interahamwe  », qui commettait déjà des massacres contre les Tutsi à Kibilira, Mukingo, Murambi, Bugesera et ailleurs dans le pays.

Les propos du ministre rwandais interviennent dans un contexte de vive indignation publique, après des déclarations jugées haineuses visant les Tutsi congolais, tenues par le général-major Ekenge lors d’une récente intervention à la télévision nationale.

Si les autorités congolaises ont annoncé sa suspension peu après, de nombreux observateurs estiment que cette décision ne remet pas en cause la tolérance persistante des discours extrémistes au sein des institutions étatiques.

Selon Nduhungirehe, des mesures symboliques, telles que des suspensions temporaires, risquent d’occulter la question fondamentale de la redevabilité, surtout lorsque des responsables de haut rang continuent d’utiliser ou de tolérer un langage qui alimente la haine ethnique.

Les tensions ont été ravivées par la récente réception, le 22 décembre 2025, par le président Félix Tshisekedi, de deux ressortissants congolais vivant aux États-Unis, dans le cadre d’une initiative baptisée «  Unité congolaise  ». L’un d’eux, Jean-Claude Mubenga, s’est illustré par le passé par des propos qualifiant les Tutsi de «  cafards  » et de virus qu’il faudrait éliminer, suscitant de larges condamnations.

Le gouvernement rwandais met en garde depuis plusieurs années contre le danger que représente l’absence de lutte ferme contre l’incitation à la haine et l’idéologie génocidaire au plus haut niveau de l’État congolais. Selon Kigali, cette situation risque non seulement d’aggraver l’instabilité persistante dans l’est de la RDC, mais aussi de saper les efforts en faveur d’une paix durable et d’une stabilité régionale.

La suspension du général-major Sylvain Ekenge de ses fonctions relève plus d’une mesure de façade qu’une réelle sanction face à la gravité des faits reprochés au général

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