L’implication de mercenaires roumains en République démocratique du Congo (RDC), révélée par les confessions d’Horatius Potra dans les colonnes du journal « Le Soir », met en lumière un engrenage complexe où se mêlent intérêts financiers, corruption et perpétuation des violences.
Ce phénomène, loin d’être anodin, illustre la manière dont des forces exogènes et des élites autour du Président Tshisekedi exploitent la crise congolaise à des fins purement mercantiles, au mépris des considérations humanitaires et des aspirations légitimes du peuple.
La déclaration d’Horatius Potra selon laquelle son contingent était artificiellement multiplié sur le papier pour maximiser les profits trahit une logique prédatrice où la guerre devient une rente.
A hauteur de 20 000 dollars par homme et par mois, le coût exorbitant de ces mercenaires, supporté par l’État congolais, questionne sur les véritables bénéficiaires de ces arrangements opaques. Cette manne financière, qui aurait atteint sept millions d’euros entre 2022 et 2024, selon la justice roumaine, alimente une économie de guerre qui profite avant tout à une caste de privilégiés, consolidant ainsi leur mainmise sur les leviers du pouvoir.
Au-delà du simple constat de l’enrichissement illicite, cette affaire illustre une dynamique bien plus inquiétante : la violence comme instrument politique et économique. Il apparaît évident que certains cercles influents, au lieu de rechercher une résolution durable du conflit, y trouvent une opportunité d’accumulation de richesses et de consolidation de leur autorité. Cette logique cynique repose sur un postulat effrayant : la pérennisation du chaos est plus profitable que la paix. Les populations, premières victimes de cette stratégie funeste, se retrouvent ainsi prises en otage par un système où les intérêts d’une oligarchie financière et politique priment sur la stabilité nationale.
L’affaire Potra met en exergue l’absence criante de mécanismes de contrôle et de transparence dans la gestion des fonds alloués à la sécurité nationale. L’opacité des transactions, le recours à des sociétés-écrans et l’impunité dont jouissent les protagonistes de ce commerce de la mort témoignent de la fragilité institutionnelle de l’État congolais. Cette situation renvoie également à la responsabilité des partenaires internationaux, dont l’inaction face à de telles dérives interroge sur la complaisance, voire la complicité tacite, dont bénéficient ces réseaux mafieux transnationaux.
L’affaire des « Roméos » en République Démocratique du Congo ne saurait être réduite à la seule dimension d’une malversation financière, tant elle s’inscrit dans une mécanique plus vaste et insidieuse. Elle dévoile les rouages d’un système où la prédation économique se conjugue avec une instrumentalisation cynique de la violence, érigeant l’arbitraire en mode de gouvernance. Loin d’être un scandale isolé, elle s’impose comme le révélateur d’un déséquilibre structurel, où l’impunité des puissants s’épanouit à l’ombre de l’oppression des plus vulnérables. L’argent détourné n’est ici que l’écume d’un mal plus abyssal : celui d’un appareil politico-militaire gangréné par la collusion des intérêts privés et des logiques coercitives.
Ainsi, derrière le vernis des discours officiels et des promesses de réforme, se dessine une réalité bien plus âpre, où la violence devient un instrument de consolidation du pouvoir autant qu’un levier d’accumulation illicite. Ce n’est pas seulement la justice qui se trouve bafouée, mais l’idée même d’un contrat social fondé sur l’équité et la protection des citoyens.
En dernier ressort, cette affaire n’est qu’un écho parmi tant d’autres d’une gouvernance où la force prime sur le droit, et où les dépossédés ne sont que les spectateurs impuissants d’un théâtre où se joue, inlassablement, la perpétuation du désordre au profit d’une élite sans scrupules.
Tant que ces logiques prédatrices prévaudront, la paix restera un mirage et le peuple congolais continuera d’être sacrifié sur l’autel des appétits insatiables de quelques-uns. Il appartient aux forces vives de la nation et aux instances internationales de briser ce cercle vicieux et d’ouvrir la voie à un avenir où la stabilité ne sera plus une chimère mais une réalité tangible et pérenne.

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