A l’Occasion de l’assassinat du Col. Jean Bikomagu, ex-Chef d’Etat Major général des FAB (Forces Armées Burundaises), l’ex Président du Burundi Sylvestre Ntibantunganya, fait une sortie remarquée par les milieux extrémistes hutu rwandais.
Ces derniers ne comprennent pas la grandeur d’esprit de cet homme d’Etat burundais qui refuse cette méthode violente et anti démocratique d’élimination de ses adversaires.
Plus que cela, il comprend l’étroite largeur de manoeuvre de cet ancien Chef d’Etat major en son temps et sa méthode pour ramener la paix dans un pays déchiré par la violence dans les années 1993-1995-6.
Prise sur son blog, voici ci après sa lettre à la famille éprouvée et au peuple burundais. Elle dénote une sagesse de cet homme d’Etat qui, magnanime, a compris les temps difficiles dans lesquels a évolué ce colonel :
ASSASSINAT DU COLONEL JEAN BIKOMAGU :
RÉACTION DU PRÉSIDENT SYLVESTRE NTIBANTUNGANYA
Le Colonel Jean BIKOMAGU avait été nommé Chef d’État-major Général des Forces
Armées Burundaises (FAB) par le Président Melchior NDADAYE, au mois de juillet 1993.Melchior NDADAYE venait à son tour d’être le premier Président de la République du
Burundi, Chef de l’État et Commandant Suprême des Forces Armées Burundaises (FAB) démocratiquement élu de l’histoire du Burundi.Il avait été élu au suffrage universel direct, le 1er juin 1993, en compétition avec le Major Pierre BUYOYA, le troisième Chef d’État du Burundi, issu de la hiérarchie militaire et qui, comme ses prédécesseurs, le Capitaine Michel MICOMBERO et le Colonel Jean-Baptiste BAGAZA, était parvenu au pouvoir par la voie de coup d’État.
L’arrivée au pouvoir du Président Melchior NDADAYE constituait donc une véritable révolution. Surtout qu’il s’agissait aussi du premier Chef d’État burundais d’origine ethnique hutu.
Nommé à la tête d’une Armée essentiellement composée de tutsis, le Colonel Jean
BIKOMAGU se trouvait ainsi face à un défi : comment faire passer au sein de cette
Armée l’obligation de répondre aux ordres d’un Commandant Suprême auquel les
officiers, sous-officiers, caporaux et soldats des Forces Armées Burundaises (FAB)
« n’étaient pas habitués » si on considérait ses origines ethnique, régionale et
professionnelle ?Cela avait constitué des épreuves pour le jeune Chef d’État-major
Général durant toute la période où il avait été à la tête des Forces Armées Burundaises.La première épreuve a été le coup d’État militaire du 21 octobre 1993 qui emporta le
Président Melchior NDADAYE et plusieurs de ses collaborateurs. Quel fut le rôle du
Colonel durant cette épreuve ? Beaucoup de choses ont été dites et écrites, mais les
faits sont loin d’avoir été définitivement démêlés.Les circonstances dans lesquelles j’écris ces quelques mots obligent au respect de la mémoire du Colonel et également au devoir de réconforter sa famille, ses amis et le pays aujourd’hui éprouvés. D’autant plus que je suis également témoin des rôles positifs joués par le Colonel Jean BIKOMAGU pendant les moments difficiles qui ont suivi.
Je garde une image positive du Colonel quand, à la veille de l’investiture du Président
Cyprien NTARYAMIRA, le 4 février 1994, il avait mis sérieusement en garde les leaders politiques burundais qui persistaient dans une stratégie d’empêcher cette investiture.Il avait menacé d’user de tous les moyens à sa disposition pour dégager les rues de
Bujumbura que les jeunes à la solde de ces leaders politiques obstruaient, en même
temps qu’ils commettaient des assassinats ethniquement et politiquement ciblés.Le Colonel avait même dit qu’il était prêt à mettre les hélicoptères des Forces Armées
Burundaises à la disposition des Députés pour qu’ils viennent nombreux participer à
l’investiture du Président Cyprien NTARYAMIRA !Je me souviens également de l’investissement du Colonel Jean BIKOMAGU dans la
gestion du décès du Président Cyprien NTARYAMIRA le 6 avril 1994 et les jours qui
avaient suivi. Alors que j’avais réuni autour de moi les plus hauts responsables de l’État (Premier Ministre, Ministre de la Défense Nationale, Ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Administrateur Général de la Documentation Nationale, Chef d’Étatmajor Général des Forces Armées Burundaises, Chef d’État-major Général de la
Gendarmerie et présidents des groupes parlementaires FRODEBU et UPRONA à
l’Assemblée Nationale) et le Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies au Burundi (l’Ambassadeur Ahmedou Ould ABDALLAH), c’est le Colonel Jean BIKOMAGU qui avait fait comprendre que le message à livrer à la Nation ne pouvait être lu que par le Président de l’Assemblée Nationale (moi-même), et non par le Premier ministre (Anatole KANYENKIKO).Pour le Colonel, la raison était simple : outre que j’étais Président de l’Assemblée
nationale et président du parti Sahwanya-FRODEBU, mes origines ethniques (hutu)
pouvaient aussi rassurer que la mort du Président NTARYAMIRA ne pouvait être
interprétée comme une récidive ! Il pensait à l’assassinat, quatre mois plus tôt, dont
le Président Melchior NDADAYE avait été victime, et dont les commanditaires et auteurs étaient présentés comme « éléments des Forces Armées Burundaises (FAB) » alors étiquetées de tutsies !Pendant les deux ans que j’ai passé à la tête de l’État, j’ai gardé le Colonel Jean
BIKOMAGU dans ses responsabilités de Chef d’État-major Général des Forces Armées Burundaises (FAB). Les moments n’étaient pas faciles. C’était à l’époque que naissait et se consolidait chaque jour la rébellion (la résistance ?) du Conseil National pour la Défense de la Démocratie (CNDD) et sa branche armée, les Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD). Ma façon de comprendre et gérer les choses n’était pas toujours concordante et partagée avec les perceptions et les comportements du Chef d’État- Major Général des Forces Armées Burundaises, le Colonel Jean-BIKOMAGU. Il ne pouvait en être autrement.En ces moments difficiles pour la famille et les amis du Colonel, je leur présente mes
condoléances les plus sincères. J’exprime ma foi et mon voeu. Il s’agit d’un ssassinat
de trop après celui du Lieutenant Général Adolphe NSHIMIRIMANA et d’autres officiers des Corps de défense et de sécurité dont, malheureusement, on n’a pas beaucoup parlé.Cette spirale d’assassinats ciblés doit rapidement s’arrêter pour éviter que le pays ne
soit pas inexorablement entrainé dans des violences plus étendues, dont beaucoup
redoutent des dimensions ethniques. Encore une fois, j’en appelle à une reprise des
négociations entre les divers acteurs concernés au premier chef pour stopper
rapidement et définitivement tous les risques de dérapage".
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