Muhammadu Buhari est absent depuis le 29 janvier. La présidence assure qu’il subit des examens médicaux à Londres mais les Nigérians, craignant que sa mort entraîne un regain de tensions ethniques, réclament plus de transparence.
Cette fois-ci l’hypothèse de l’arrivée du président Muhammadu Buhari semblait tellement probable que le personnel de l’aéroport d’Abuja, au centre du Nigeria, avait déroulé un tapis rouge sur la piste où devait se poser l’avion présidentiel.
Mais les employés de l’aéroport et les journalistes ont attendu pour rien. Seule l’épouse du président, de retour d’un pèlerinage à la Mecque, était présente samedi à Abuja, raconte le correspondant de RFI au Nigeria.
La veille, le conseiller en communication du président, Femi Adesina, avait affirmé que le président n’était pas malade et qu’il rentrerait au Nigeria "dans quelques jours".
Muhammadu Buhari a quitté le Nigeria le 19 janvier dernier pour le Royaume-Uni où il devait effectuer "des examens de santé de routine" mais, dimanche soir, son cabinet a annoncé qu’il prolongerait son séjour à Londres sur recommandation de ses médecins.
Santé fragile
Alors que la santé de cet ancien général de 74 ans faisait déjà l’objet de questions avant son entrée en fonction en mai 2015, le gouvernement nigérian peine à convaincre que le président se porte bien et a même dû démentir à plusieurs reprises des rumeurs persistantes sur les réseaux sociaux et dans les médias, selon lesquelles il serait gravement malade, voire décédé pendant son séjour en Europe.
En juin dernier, le président avait déjà dû se rendre au Royaume-Uni pour une grave infection de l’oreille interne.
Pour tenter de rassurer l’opinion publique, la présidence nigériane a posté jeudi 9 février sur Twitter des photographies de Muhammadu Buhari, accompagné de deux chefs de partis, dans sa résidence londonienne.
"Qu’est-ce qui ne va pas exactement chez notre président ?"
La santé du chef de l’État est une question sensible au Nigeria. En 2010, le président Umaru Yar’Adua est décédé de problèmes rénaux, longtemps cachés au grand public. Son hospitalisation à l’étranger avait déclenché des mois d’incertitude politique, jusqu’à sa mort qui a finalement porté au pouvoir le deuxième personnage de l’État, Goodluck Jonathan.
Les Nigérians sont généralement méfiants envers les déclarations sur la santé de leurs dirigeants : outre Yar’Adua, ils se souviennent également du décès au pouvoir - officiellement d’une crise cardiaque - du militaire Sani Abacha en 1998.
Alors que le pouvoir est actuellement occupé par le vice-président Yemi Osinbajo, comme le prévoit la Constitution en cas de vacance de l’exécutif, des dizaines de personnes ont manifesté lundi à Abuja contre la politique économique de Muhammadu Buhari et demandé des solutions urgentes à la récession, beaucoup réclamaient davantage de transparence.
Pour James Badmus, un avocat, "la question est simple : qu’est-ce qui ne va pas exactement chez notre président et combien de temps sera-t-il absent ?" "Tout le monde peut tomber malade, mais quand un président tombe malade, ce ne devrait pas être une affaire confidentielle", a-t-il estimé.
Victor Giwa, représentant d’une organisation de défense des droits de l’Homme, est sceptique : "S’ils ne peuvent pas nous révéler l’état de santé du président, cela montre qu’ils nous cachent beaucoup de choses".
Avec rfi.fr
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