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ÉTATS-UNIS • La bibliothèque Bush : comme une noce sans alcool

Redigé par Dan Roberts The Guardian
Le 27 avril 2013 à 01:41

George W. Bush inaugure sa propre bibliothèque le 25 avril, comme les autres ex-présidents l’ont fait avant lui. L’occasion de revenir sur les moments clés d’une présidence qui devient de moins en moins impopulaire.
L’ancien Président George W. Bush, dans la bibliothèque Laura Bush en octobre 2006, à Stockton, en Californie - AFP.
Réduire les décisions les plus controversées de la dernière décennie à un jeu vidéo de quatre minutes n’est certainement pas le moyen le plus ingénieux de réhabiliter (...)

George W. Bush inaugure sa propre bibliothèque le 25 avril, comme les autres ex-présidents l’ont fait avant lui. L’occasion de revenir sur les moments clés d’une présidence qui devient de moins en moins impopulaire.

L’ancien Président George W. Bush, dans la bibliothèque Laura Bush en octobre 2006, à Stockton, en Californie - AFP.

Réduire les décisions les plus controversées de la dernière décennie à un jeu vidéo de quatre minutes n’est certainement pas le moyen le plus ingénieux de réhabiliter un héritage présidentiel. Mais les subtilités diplomatiques n’ont jamais été le fort de George W. Bush.
Les visiteurs de sa bibliothèque officielle, qui ouvrira ses portes le 25 avril à Dallas, découvriront ce jeu interactif où il est demandé aux participants de réévaluer quatre décisions clés de sa présidence : le renversement de Saddam Hussein, le renforcement massif des troupes en Irak, le renflouement des banques et la réponse à l’ouragan Katrina.

Il est trop tôt pour dire si, après ce jeu, les visiteurs auront une meilleure opinion de son bilan, mais l’ouverture de la bibliothèque marque un effort concerté de ses partisans pour améliorer la réputation d’un président qui a terminé son mandat avec le taux de popularité le plus bas de l’histoire récente des Etats-Unis. L’apparat qui entoure ce genre d’événement – la présence des présidents Obama, Clinton, Carter et Bush père, dont les allocutions viseront à mettre en lumière les aspects positifs de la 43e présidence – devrait faciliter les choses.

"C’est un peu comme une noce sans alcool", commente Danielle Pletka, de l’American Enterprise Institute, un cabinet de consultants orienté à droite. "Les gens ont beau détester leur belle-mère, ils trouvent toujours une gentillesse à lui dire."

"Loin des yeux, près du cœur"

Selon des collaborateurs de Bush, un effort conscient a également été fait pour rendre la bibliothèque plus "accessible". Alors que celle de Bill Clinton, qui surplombe le fleuve Arkansas, a une architecture grandiose et que celle de Richard Nixon, une somptueuse bâtisse entourée d’une profusion de palmiers, n’évoque pratiquement pas l’affaire du Watergate, la bibliothèque officielle de George W. Bush se dresse au milieu de fleurs des prés de son Texas natal, sur un campus universitaire qui tente de défendre son bilan.

L’opération semble avoir un certain effet, du moins chez les Américains. Selon les derniers sondages, le taux de popularité de Bush aux Etats-Unis est remonté, puisque 47% des gens approuvent ses huit années de pouvoir, contre 50 % qui les désapprouvent. "Le syndrome du déséquilibre Bush a pris fin et les gens font preuve d’un peu plus de réflexion", observe Danielle Pletka ; "Loin des yeux, près du cœur."

Bien qu’elle évite d’établir un lien direct avec les attentats qui ont eu lieu à Boston le 15 avril, Danielle Pletka fait valoir que la menace terroriste permanente et les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient devraient jeter un jour nouveau sur la politique interventionniste de George W. Bush.

"Le ’printemps arabe’ est une conséquence des changements survenus pendant la présidence de Bush Jr., affirme-t-elle. Que cela plaise ou non, reconnaître que les populations n’étaient pas destinées à vivre éternellement sous le joug de dictateurs violents est une idée nouvelle."

Une réhabilitation qui prendra du temps

Néanmoins, certains vétérans modérés de Washington n’en sont pas si sûrs. Stephen Hess, ancien conseiller des présidents Gerald Ford et Jimmy Carter, est d’avis que les sympathisants de George W. Bush ne sont pas au bout de leurs peines.

"Il faudra beaucoup de temps pour réhabiliter la réputation de George Bush, estime-t-il. C’est peut-être même impossible. Nous évaluons les présidents selon deux facteurs – la politique étrangère et l’économie – et son bilan est médiocre dans les deux cas. En résumé, il nous a embrigadés dans une guerre grâce à une désinformation éhontée."

Même Danielle Pletka admet que les républicains lui reprochent encore sa politique intérieure. Un domaine qui lui attire aussi les foudres des partisans de la droite populiste, le Tea Party, qui le diabolisent pour avoir laissé les dépenses publiques dégénérer. Pourtant, elle maintient que trouver une perspective historique est juste une question de temps.

Hannah Abney, qui travaille au Bush Center, précise que la bibliothèque ne cherche pas à présenter la présidence de George W. Bush sous un angle particulier, mais présente plutôt les faits en toute neutralité, pour que les visiteurs puissent se former une opinion.

Le centre se penchera également sur des points moins polémiques de son bilan, comme le soutien apporté aux victimes du sida en Afrique. George Bush et son épouse, Laura, se rendront en Tanzanie pendant l’été 2013 pour lancer une nouvelle initiative visant à promouvoir le dépistage du cancer chez les femmes en Afrique.


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