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Jean-Damascène Habarurema, marathonien philosophe, entre la France et le Rwanda

Redigé par Jeune Afrique
Le 27 janvier 2015 à 07:20

Rescapé du génocide, ce Rwandais court le marathon pour la France et travaille sur une thèse de philosophie. Lorsqu’il a posé pour la première fois le pied en Europe, à Amsterdam, Jean-Damascène Habarurema a glissé sur le tapis roulant. "J’ai appelé à l’aide, en vain, et je me suis relevé", raconte-t-il.
Direction l’aéroport Charles-de-Gaulle, à Paris. Perdu, il demande une nouvelle fois de l’aide mais personne ne lui répond. "J’ai compris que je ne pouvais compter que sur moi-même." De sa première (...)


Rescapé du génocide, ce Rwandais court le marathon pour la France et travaille sur une thèse de philosophie.
Lorsqu’il a posé pour la première fois le pied en Europe, à Amsterdam, Jean-Damascène Habarurema a glissé sur le tapis roulant. "J’ai appelé à l’aide, en vain, et je me suis relevé", raconte-t-il.

Direction l’aéroport Charles-de-Gaulle, à Paris. Perdu, il demande une nouvelle fois de l’aide mais personne ne lui répond. "J’ai compris que je ne pouvais compter que sur moi-même." De sa première rencontre avec les Européens, Habarurema garde un souvenir amer. "J’avais vécu en Afrique où l’inconnu provoque la curiosité. En Europe, l’inconnu fait peur et s’évite", déplore-t-il.

Dans son regard tendre, il y a de la sagesse et un soupçon de mélancolie.
Profondément marqué par son enfance, Habarurema est en proie à des questionnements incessants sur son identité. Né à Butare, dans le sud du Rwanda, d’un père tutsi et d’une mère hutue, l’homme au petit gabarit a survécu au génocide de 1994, qui a décimé sa famille. Son père et huit de ses frères et soeurs ont été massacrés. Longtemps, il a tu son histoire, refusant pitié et compassion.

Dans le froid automne d’Angers, en France, vêtu d’un jogging et d’une casquette qui ne le quitte jamais, il salue avec gentillesse les quidams qui le reconnaissent. Bien plus que pour son histoire, les Angevins connaissent Habarurema pour ses performances sportives. Au Rwanda, il n’avait jamais couru que "pour aller à l’école ou puiser de l’eau". Aujourd’hui, la course est devenue une drogue.

Depuis qu’il a commencé l’athlétisme, à 27 ans, le champion est une petite vedette. En 2005, il remporte son premier semi-marathon à Longeville-sur-Mer (Vendée). En 2014, à peine naturalisé français, il termine le marathon des championnats d’Europe de Zurich en treizième position sous les couleurs de l’Hexagone en 2 heures 16 minutes et 4 secondes.


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