La démocratie sociale de Hollande n’est ni démocratique ni sociale !

Redigé par Le Point.fr
Le 12 février 2013 à 11:15

Pour Hervé Gattegno, le président qui voulait engager les bases d’un dialogue social se retrouve défié par les syndicats qui font grève. Nouvelle journée tendue sur le front social : grève des profs contre la réforme des rythmes scolaires, manifestation d’ouvriers menacés par des fermetures d’usine devant le siège de Goodyear. Vous y voyez un échec de la méthode Hollande. Votre parti pris : la démocratie sociale de Hollande n’est ni démocratique ni sociale. Pourquoi donc ?
Démocratie sociale, c’est une (...)

Pour Hervé Gattegno, le président qui voulait engager les bases d’un dialogue social se retrouve défié par les syndicats qui font grève.

Nouvelle journée tendue sur le front social : grève des profs contre la réforme des rythmes scolaires, manifestation d’ouvriers menacés par des fermetures d’usine devant le siège de Goodyear. Vous y voyez un échec de la méthode Hollande. Votre parti pris : la démocratie sociale de Hollande n’est ni démocratique ni sociale. Pourquoi donc ?

Démocratie sociale, c’est une appellation qui sonne bien : c’est un courant de la gauche qui ambitionne de mettre l’économie au service du progrès social. Si vous dites "social-démocratie", on pense au modèle politique allemand. Donc François Hollande préfère inverser les termes pour annoncer une ère nouvelle dans les rapports entre le pouvoir, les entreprises et les salariés. C’est ce nouveau modèle qu’est censé instaurer l’accord sur le droit du travail signé le 11 janvier entre syndicats et patronat, et que François Hollande avait qualifié par avance d’"historique". Quand on regarde le paysage social un mois après, le climat paraît plutôt hystérique !

François Hollande affronte des manifestations de plusieurs secteurs ce mardi. © AFP

Le gouvernement a transposé cet accord dans un projet de loi qui a été remis hier aux syndicats. Est-ce qu’il ne peut pas quand même fonder un nouveau partenariat avec les syndicats ?

Ne nous payons pas de mots : François Hollande s’est vanté d’avoir obtenu cet accord en tordant le bras aux partenaires sociaux. En fait, c’est un accord a minima : le Medef comme les syndicats avouent qu’on est loin de la "flexisécurité" à la scandinave recherchée. Et puis cet accord majoritaire est... minoritaire : 3 syndicats sur 5 l’ont ratifié mais la CGT et FO, qui n’ont pas signé, représentent 50 % des salariés - sans compter que la CFE-CGC et la CFTC, non signataires, ne seront plus considérés comme représentatifs avec la nouvelle loi en vigueur en mars. Et que nous avons un taux de syndicalisation parmi les plus faibles d’Europe... Autant dire qu’on est loin des bases solides d’un nouveau dialogue social. La meilleure preuve, c’est que les syndicats font grève et défilent comme sous Sarkozy !

Le nouveau leader de la CGT reproche au gouvernement de mener la même politique que Nicolas Sarkozy. C’est de la surenchère ?

La CGT trouvera toujours qu’on n’en fait pas assez pour les salariés et trop pour les patrons. Ce qui est vrai, c’est que l’accord du 11 janvier entérine plus de flexibilité que de sécurité de l’emploi. De fait, les critiques sur le texte viennent de la gauche du PS, de Jean-Luc Mélenchon et des communistes ; alors que la droite est très modérée - et Laurence Parisot a vite fait taire les critiques du Medef pour ne pas fragiliser la loi... Matignon a même donné des instructions au PS pour qu’il y ait le moins d’amendements possible. Drôle de "démocratie sociale" où la majorité parlementaire se voit imposer un accord minoritaire !

Ce qui n’est toujours pas réglé, c’est la fameuse question des "licenciements boursiers". Est-ce qu’on peut considérer que François Hollande a renoncé ?

Oui puisque l’encadrement des licenciements irait à rebours de l’esprit du texte. Hier, dans une de ces acrobaties syntaxiques dont il a le secret, François Hollande a annoncé une loi en vertu d’un "engagement qui a été pris sur les sites rentables". Tout le monde a cru que c’était la fameuse loi pour laquelle défilent les ouvriers de Goodyear et bien d’autres. En fait non : l’Élysée a précisé qu’il parlait d’une mesure qui figure dans l’accord du 11 janvier et qui obligerait l’industriel voulant fermer un site à chercher lui-même un repreneur. Fausse alerte, donc. Il parait qu’il faut y voir le signe de ce que François Hollande se réintéresse aux usines. Visiblement, il commence par les usines à gaz.


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