Urgent

Nord-Kivu : se parler pour réconcilier les ethnies

Redigé par Syfia Grands Lacs
Le 4 avril 2013 à 05:08

Face aux menaces de conflits ethniques et pour éviter des affrontements souvent dramatiques, des ressortissants de différentes localités du Nord Kivu multiplient les rencontres et prônent le dialogue afin de lever toutes les dissensions.
"Nous disons non au tribalisme et pour nous faire entendre, nous allons diffuser des messages dans toutes les radios locales, pour dire : ’’Plus jamais de conflit à caractère tribal’", lance François Bakundakabo, représentant de la société civile de Nyanzale, dans (...)

Face aux menaces de conflits ethniques et pour éviter des affrontements souvent dramatiques, des ressortissants de différentes localités du Nord Kivu multiplient les rencontres et prônent le dialogue afin de lever toutes les dissensions.

"Nous disons non au tribalisme et pour nous faire entendre, nous allons diffuser des messages dans toutes les radios locales, pour dire : ’’Plus jamais de conflit à caractère tribal’", lance François Bakundakabo, représentant de la société civile de Nyanzale, dans le territoire de Rutshuru.

Cette déclaration a été faite après une rencontre de trois jours, organisée début mars, par différentes communautés vivant dans cette partie du Nord Kivu : les Nande, les Hutu, les Hunde et les Tutsi.

Chaque de ces ethnies est accusée d’avoir sa milice propre "Les participants ont demandé aux groupes armés de ne plus entrer dans Nyanzale et de n’exercer aucune influence ni pression sur les personnes appartenant à leur ethnie.

Nous avons aussi exhorté les Maï Maï à se constituer en groupement afin de faciliter leur intégration dans l’armée nationale", ajoute François Bakundakabo.

Dans cette localité comme dans d’autres de la région, les conflits se sont multipliés ces derniers mois, opposant des milices ethniques entre elles ou des groupés armés contre les forces armées congolaises.

Instaurer le dialogue

Kitchanga, cité située à 80 km au nord ouest de Goma, à cheval entre Masisi et Rutshuru, a connu début mars de cette année, de violents affrontements entre les FARDC et les Maï Maï de l’Armée populaire pour un Congo libre et souverain APCLS. Un bilan officiel lourd, avec près de deux cents personnes tuées, des blessés et plus de cinq cents maisons incendiées.

Pour panser les blessures et dissiper les incompréhensions ethniques à l’origine de nombreux affrontements dans la région, la plate-forme Baraza la Wazee a organisé le 10 mars dernier, une rencontre avec des notables de différentes communautés vivant dans cette cité.

Avec comme objectif principal, le rappel à l’ordre et la nécessité pour chaque partie, d’œuvrer pour prévenir et éradiquer les conflits fondés sur l’appartenance ethnique.

Dans la même région, à Sake, à 20 km à l’Ouest de Goma, des tensions ont opposé la population locale et des soldats des forces armées gouvernementales, retranchés dans la localité lors de la prise de Goma par le M23 en novembre 2012.

Les civils s’indignaient des exactions commises contre eux par les militaires qui, à leur tour, accusaient les populations de servir de couverture aux groupes armés.

Pourparlers avec les militaires

Le calme revenu, les autorités locales et les responsables militaires ont entamé des pourparlers. Une journée de réflexion et de dialogue a été organisée à cet effet au cours de ce mois de mars.

L’occasion pour les différents protagonistes de se dire la vérité en face mais aussi de veiller à ce que toutes les parties en conflit enterrent la hache de guerre.

A l’issue des débats, la population a pris l’engagement de dénoncer tout détenteur d’armes sans autorisation. Les militaires ont quant à eux promis de faire cesser toute forme d’exaction contre les populations civiles.

"Les militaires ont été des civils et retourneront tôt ou tard à la vie civile. Ils ont de ce fait des responsabilités vis-à-vis des populations. C’est ce que nous avons rappelé à nos troupes, assure le lieutenant Colonel Busaga, chargé des affaires sociales à la 8ème région militaire Les militaires ont besoin de civils pour vivre et doivent, en contrepartie, assurer la sécurité de ces derniers."

Parmi les voix qui s’élèvent pour dénoncer les conflits, celles des femmes. Venues de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi et Walikale, elles se sont retrouvées à Goma, pour faire un état des lieux de la situation sécuritaire dans leurs localités respectives.

"Nous avons pris la ferme décision de sensibiliser les responsables de l’insécurité. Ce sont nos maris et nos enfants qui forment les groupes armés. Nous devons aller vers eux et leur parler sans crainte", résume une participante qui se définit comme messagère de la paix.

Par Vincent de Paul Rushago


Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité