00:00:00 Nos sites KINYARWANDA ENGLISH FRANCAIS

Urgent

Paul Barril : Confession d’un barbouze

Redigé par Paris Match
Le 30 décembre 2014 à 05:51

Voici le Tintin des eaux troubles, le SAS de la mitterrandie, le Bob Morane du Qatar, le Zola des barbouzes – car, comme Zola, il accuse et zézaie.
Paul Barril ne vous dit pas ­bonjour en vous disant : « Bonjour. » Paul Barril vous dit bonjour en vous disant : « Le DC-8 nous attendait ­moteurs tournants à Salvador en 1979, avec ­Prouteau, quand on a libéré les otages de l’ambassade. Paul Barril, l’ancien gendarme de l’Elysée publie ses Mémoires et lève le voile sur plusieurs opérations barbouzes. (...)

Voici le Tintin des eaux troubles, le SAS de la mitterrandie, le Bob Morane du Qatar, le Zola des barbouzes – car, comme Zola, il accuse et zézaie.

Paul Barril ne vous dit pas ­bonjour en vous disant : « Bonjour. » Paul Barril vous dit bonjour en vous disant : « Le DC-8 nous attendait ­moteurs tournants à Salvador en 1979, avec ­Prouteau, quand on a libéré les otages de l’ambassade. 

Paul Barril, l’ancien gendarme de l’Elysée publie ses Mémoires et lève le voile sur plusieurs opérations barbouzes.

Alors, commence une étrange cérémonie du verbe, où chaque marque de flingue brille de tous ses détails, où chaque treillis porte le jet de boue d’une exacte embuscade, où le prénom d’aucun caporal-chef n’est omis : de la prise d’otages de La Mecque, en novembre 1979 (où ça défourailla sévère), au dossier rwandais, en passant par l’affaire de la Fumade, en 1974 (un forcené fatalement stoppé dans sa folie par l’éloquence des 357 Magnum), Barril vous mitraille de rafales de mots concis.

Ses œuvres complètes sont des coups de force, de bravoure, de poker, de folie, de tête, de boule. ­Mitterrand, qui lui confia la direction de la cellule antiterroriste, le fit patauger dans tous les marais de la République, dans tous les marigots de l’Etat. ­

Barril est une tête à cloaques. Ces cloaques d’Afrique qu’il arpentait en canard, zigzaguant entre les alligators, avec ses commandos de l’impossible, sortant toujours indemne des guets-apens vicieux et des ­dossiers sordides (affaire des Irlandais de ­Vincennes, écoutes illégales).

Il renseigne les tyrans, protège les despotes et on lui reproche d’avoir joué un rôle dans le massacre des Tutsis

Barril n’a d’autre adresse que celle où se trouve son corps à l’instant où vous lui faites face. Tout ce qu’il dit est clair, mais tout s’obscurcit à mesure qu’il parle. Si vous êtes romancier, il est passionnant, il est exaltant, il est fascinant. Si vous êtes journaliste, j’imagine qu’il est angoissant, qu’il est irritant, qu’il est aberrant.

Barril eût voulu régner sur un pays ; il aura régné sur quelques songes. C’est un citoyen de l’ailleurs. Il erre d’abord dans son imaginaire, au pays des causes et des balles perdues. Il renseigne les tyrans, enseigne aux satrapes, protège les despotes : c’est l’ami viril et flou des négus et des Ubu.

Aujourd’hui pointé du doigt par les tribunaux de l’Histoire, on lui reproche d’avoir joué un rôle prépondérant dans le génocide des Tutsis par les Hutus. C’est lui qui organisa la défense de Kigali, capitale du Rwanda, alors dirigé par Juvénal ­Habyarimana jusqu’à son assassinat, le 6 avril 1994, dans un attentat, face aux rebelles menés par Paul Kagamé et son Front patriotique rwandais (FPR) – essentiellement composé de Tutsis de la diaspora, établis pour la plupart en Ouganda.

Dans un livre témoignage que j’ai lu comme je lisais, jadis, les ouvrages musclés et méticuleux de feu Gérard de Villiers, le capitaine Barril raconte comment les Tutsis de Kagamé (son « pire ennemi », autrement dit le méchant), rancuniers et cauteleux, raffinés et américanisés, ont déclenché, par l’attentat contre Habyaramina, la tragédie qui s’ensuivit – ce, dans le but de reprendre le pouvoir.

En 2012, le juge Trédivic a démontré que le président rwandais était tombé dans un piège tendu par des extrémistes hutus. On ne sait plus qui croire. La vérité, si elle existe, se situe quelque part entre les thèses explosives de Barril et les exactitudes officielles des journalistes. L’histoire tranchera dans mille ans.


Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité