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« Rester assis tue plus que le tabac »

Redigé par Le Monde
Le 25 janvier 2014 à 02:16

Pour le professeur François Carré, cofondateur de l’Observatoire de la sédentarité, « la sédentarité croissante est liée à la mauvaise utilisation que l’on fait du progrès. (...) Plus le temps journalier passé en position assise est élevé et plus courte est l’espérance de vie. »
Le cardiologue et médecin du sport est également l’auteur de Danger sédentarité . Vivre en bougeant plus (Ed. du Cherche Midi, novembre 2013). Pour le professeur François Carré, "La sédentarité croissante est liée à la mauvaise (...)

Pour le professeur François Carré, cofondateur de l’Observatoire de la sédentarité, « la sédentarité croissante est liée à la mauvaise utilisation que l’on fait du progrès. (...) Plus le temps journalier passé en position assise est élevé et plus courte est l’espérance de vie. »

Le cardiologue et médecin du sport est également l’auteur de Danger sédentarité . Vivre en bougeant plus (Ed. du Cherche Midi, novembre 2013).
Pour le professeur François Carré, "La sédentarité croissante est liée à la mauvaise utilisation que l’on fait du progrès".

Le Washington Post vient de publier une infographie méthodique dans laquelle elle inventorie les effets néfastes de la position assise pour le corps. Cette posture, prolongée, provoque des maux « de la tête aux pieds », explique les experts sollicités par le quotidien américain. Pourquoi cette sédentarité ?

Aujourd’hui, on reste assis (ce qui définit la sédentarité, du latin sedere, être assis) tous les jours de plus en plus longtemps (voiture, transports en communs, bureau, temps de loisir...). Les scientifiques se sont rendu compte que bien que le temps passé à faire de l’activité physique ait augmenté significativement ces vingt dernières années, il n’y avait pas eu d’effet net sur la baisse de l’obésité. Ceci s’explique car, parallèlement, le temps journalier passé assis a augmenté. L’augmentation de la sédentarité est clairement liée au progrès. Plus précisément, la sédentarité croissante est liée à la mauvaise utilisation que l’on fait du progrès. Ainsi la prise de poids est très bien corrélée au temps passé assis en voiture ou devant la télévision et autres écrans.

Lire : Rester assis trop longtemps est dangereux pour la santé

Quels risques présente cette « sédentarité croissante » ?

La sédentarité tue plus que le tabac. C’est prouvé. Plus le temps journalier passé en position assise est élevé et plus courte est l’espérance de vie. La sédentarité favorise le développement de facteurs de risque cardiovasculaire comme l’hypertension artérielle, le diabète, le cholestérol trop élevé, l’obésité, avec toutes les complications que cela implique...

Mais surtout, la sédentarité « encrasse » notre organisme et tous nos organes qui vont fonctionner moins bien avec un niveau d’inflammation et de stress oxydatif au niveau de l’organisme qui va augmenter. Ces dernières perturbations vont favoriser le développement de nombreuses maladies, comme les cancers.

La sédentarité favorise tous les troubles musculo-squelettiques, mal de dos, de cou, d’épaule, qui sont responsables d’un grand nombre d’arrêt de travail. Chez le sujet âgé, la sédentarité favorise le développement de la maladie d’Alzheimer et le risque de chutes. Enfin, la sédentarité favorise le développement de plusieurs désagréments qui nous gâchent la vie quotidienne : jambes lourdes, constipation, sensation de fatigue chronique (le moindre effort paraît insurmontable).

Quels conseils pour déjouer ces méfaits ?

Le premier conseil est de prendre conscience que notre santé, un bien précieux, dépend avant tout de nous.

Il faut limiter la durée du temps passé assis sans bouger. Ainsi, si notre profession l’exige, se lever toutes les 2 à 3 heures pour se détendre pendant 2 à 3 minutes en marchant ou en s’étirant. Par exemple, prendre l’habitude de téléphoner debout. Cette détente nous permettra d’être plus efficace lorsque l’on reprendra le travail. Dans les transports en commun, ne pas se ruer sur la place assise lorsque l’on a seulement quelques stations.

Chaque jour marcher d’un bon pas au moins 30 minutes (si besoin 3 x 10 minutes ou 6 x 5 minutes). Pour cela, utiliser tous les moments qui nous permettent de bouger : ne pas prendre l’ascenseur pour deux étages, marcher dans les escaliers roulants, descendre une station de bus ou de métro avant, ne pas prendre sa voiture pour un déplacement de moins de 2 kilomètres, ne pas chercher à se garer au plus près (parfois en double file) de l’endroit où l’on se rend.

Utiliser le vélo dans de bonnes conditions de sécurité dès que possible. Le midi, à la pause, raccourcir le temps du repas de 10 minutes pour faire une marche avant ou après celui-ci. Le soir, une fois les activités journalières terminées, un court moment d’activité physique défatiguera bien mieux que de « s ‘effondrer » sur le canapé devant la télévision. La télévision viendra après.

Enfin, et en plus de ce nouveau mode de vie, savoir programmer dans son emploi du temps une activité physique 2 ou 3 fois par semaine (30 à 40 minutes) en privilégiant le week-end mais en gardant une activité en milieu de semaine. C’est l’occasion de bouger avec la famille ou des amis.

Pour faciliter la lutte contre la sédentarité, plusieurs perspectives peuvent être envisagées et certaines se mettent en place. Par exemple, sur le plan ergonomique, des bureaux sur lesquels on travaille, au choix assis ou debout, commencent à être proposés ; au niveau de l’urbanisme, on peut imaginer que pour se rendre d’un endroit à un autre la distance soit rallongée par la disposition des lieux accessibles aux piétons.

Bouger est notre destin. Ne pas le faire induit, à terme, de limiter les effets bénéfiques des progrès, en particulier médicaux. Nous devons tous en prendre conscience, population et pouvoirs publics.


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