“Il y a une ligne qu’il ne faut pas franchir”, a averti Kagame lors du 17ᵉ Forum de l’Unity Club, tenu le dimanche 17 novembre 2024. Il a pointé du doigt ceux qui, malgré une grâce, continuent de défier les lois et les appels à la retenue.
Bien qu’aucun nom n’ait été cité, ses propos visaient clairement Victoire Ingabire, révélant l’exaspération grandissante face à ses agissements.
Une reconnaissance internationale controversée
Récemment, l’université australienne James Cook a invité Ingabire à intervenir sur les “réformes judiciaires et politiques au Rwanda”, la présentant comme une “défenseure des droits humains et de l’Etat de droit”.
Cette description a choqué ceux qui connaissent son passé, suscitant des interrogations sur la glorification d’une figure associée à la négation du génocide et à des discours clivants.
En 2010, peu après son retour au Rwanda, Ingabire s’était rendue au Mémorial du génocide de Kigali. Sur place, elle avait demandé la reconnaissance d’un prétendu “génocide contre les Hutu”, des propos largement perçus comme une tentative de nier le génocide contre les Tutsi. Ces déclarations, ajoutées à ses activités post-carcérales, ont souvent sapé les efforts de réconciliation nationale.
Contradictions et discours divisionnaires
Bien qu’elle ait sollicité la clémence en prison, Ingabire a par la suite nié cette démarche, malgré des preuves écrites attestant de sa requête. Après sa libération, elle a relancé ses activités politiques via son parti non enregistré, FDU-Inkingi, un mouvement lié à des individus et groupes impliqués dans des tentatives de déstabilisation du Rwanda.
Au lieu de promouvoir l’inclusion, Ingabire est accusée d’alimenter des divisions ethniques. En 2019, lors d’une réunion dans le district de Kirehe, elle aurait demandé à ses partisans de recruter de nouveaux membres tout en excluant explicitement les Tutsi. Des témoins rapportent qu’elle ciblait particulièrement les jeunes Hutu sans emploi, renforçant ainsi les inquiétudes sur ses intentions clivantes.
Pour brouiller les pistes, elle a renommé son parti FDU-Inkingi en DALFA-Umurinzi à la fin de 2019. Toutefois, les critiques estiment que ce changement n’est qu’un écran de fumée, l’idéologie sous-jacente restant inchangée. Cette accusation a semblé se confirmer lorsque des affiliés de son ancien parti ont été impliqués dans une attaque à Musanze, survenue le 4 octobre 2019, causant la mort de 14 civils innocents.
L’utilisation des tribunes internationales
Depuis sa libération, Ingabire a exploité les médias et les institutions internationales pour critiquer le Rwanda, décrivant le pays comme répressif sur le plan judiciaire et politique. Elle se présente comme une victime de persécutions, alors que ses discours s’alignent souvent avec ceux des groupes cherchant à déstabiliser le pays.
En octobre, lors d’une interview diffusée sur YouTube, elle a critiqué le système judiciaire rwandais, affirmant que c’était la raison pour laquelle le Royaume-Uni hésitait à déporter des demandeurs d’asile vers le Rwanda. Elle a également qualifié les appels des citoyens rwandais pour des mesures de sécurité renforcées de “bellicisme”, ignorant les priorités nationales en matière de stabilité.
Des liens préoccupants avec des groupes armés
Les connexions de Ingabire avec des groupes armés continuent de susciter des inquiétudes. Son ancien parti, FDU-Inkingi, a été associé à la Coalition des Forces Démocratiques (CDF), une branche dissidente de la milice FDLR, connue pour son rôle dans le génocide de 1994. Des témoignages et des preuves judiciaires ont mis en lumière son implication présumée dans le financement et la planification d’activités perturbant la paix au Rwanda.
Ingabire a également publiquement loué la milice Wazalendo, active dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Malgré les atrocités documentées de ce groupe, notamment des attaques contre des civils, elle l’a qualifié de “défenseur des droits et des ressources naturelles de la RDC”.
En 1998, elle était coordonnatrice aux Pays-Bas du RDR, un prétendu parti politique fondé par des membres du gouvernement génocidaire. Sous sa direction, le RDR a systématiquement nié le génocide contre les Tutsi, une stratégie qu’elle semble n’avoir jamais abandonnée.
Une défiance constante
Depuis son retour au Rwanda en 2010, Ingabire n’a cessé de défier la loi et de rejeter les efforts de réconciliation nationale. Sa posture d’opposition constante a pesé sur les initiatives visant à instaurer une culture de tolérance et de pardon.
Alors que le Rwanda continue de relever les défis posés par des figures comme Ingabire, son cas illustre les tensions entre la nécessité de justice et la volonté de réconciliation. Ses actions soulignent également l’importance de protéger les progrès durement acquis face à ceux qui cherchent à les compromettre.
Pour de nombreux Rwandais, son parcours incarne un paradoxe troublant : une liberté accordée avec espoir, mais utilisée pour semer la discorde. A l’heure où le pays renforce sa stabilité, les provocations de Ingabire rappellent que la vigilance reste essentielle pour préserver l’unité nationale.
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