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Urgent

Les parlementaires veulent interroger le mode administratif colonial belge au Congo, Ruanda-Urundi

Redigé par IGIHE
Le 22 juillet 2020 à 12:23

La journaliste Colette Braeckman annonce un débat parlementaire qui s’annonce en Belgique. Il est question pour le Parlement belge de lister une série d’experts devant faire équipe d’une Commission parlementaire devant apprécier le mode de gestion coloniale belge du Congo et du Ruanda-Urundi. Le débat semble achopper sur le pillage fait au Congo belge. Pourtant la triste réalité semble oubliée et qui continue de miner la vie sociale et politique du Rwanda et du Burundi actuels : le venin de l’ethnocentrisme hutu et tutsi. Les Parlementaires belges semblent ne pas saisir l’étendue et l’impact o combien criminelle de cette idéologie cultivée dans ces deux petits pays-frères siamois.

Il faudra que la dite Commission parlementaire belge à mettre sur pied, faite d’intellectuels humanistes, examine ce mal qui vient de loin, dans l’espace et dans le temps.
Aux origines du génocide contre les Tutsis (du Rwanda de 1994 et du Burundi de 1995 et 2015), il faut retracer les Allemands du Tanganika et Ruanda-Urundi de fin 19ème siècle avec leur divisionnisme racialiste du mythe bantou-hamite. Cette théorie-idéologie fut reprise et officialisé par les Belges tutélaires, en 1934-1935. Ils la réactivèrent en 1959 avec les pogroms et déplacements forcés sans fin de Tutsi dans la région et ailleurs. Les Français prirent le relais de cette idéologie avec une acuité criminelle en 1993, et la création de Hutu Power dont ils furent les parrains. Et la solution finale arriva avec le génocide de quelques 1.023.000 tutsi au Rwanda en 1994.
Cette Commission parlementaire va-t-elle s’imposer une mission de constat des lacunes de la Colonisation belge en Afrique centrale ? Insistera-t-elle sur les idéologies génocidaires qui ont fait des ravages au Rwanda et au Burundi qui ont découlé de ce mode de la philosophie de l’administration coloniale ?
Lire ci après ce qu’annonce Colette Braeckman :

Après des tractations dignes d’une partie d’échecs de haut niveau et des échanges enflammés, les membres de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre ont finalement « produit » la liste des dix membres d’une équipe multidisciplinaire qui sera chargée, d’ici la rentrée d’octobre prochain, de préparer les grandes lignes de réflexion de la commission d’enquête parlementaire qui, durant une année au moins, examinera toutes les facettes de la colonisation belge au Congo et de la tutelle au Rwanda et au Burundi.

La difficulté de constituer cette première équipe chargée de baliser un terrain miné illustre l’ampleur de la tâche qui attend les parlementaires. En effet, la liste des personnalités choisies frappe par sa diversité : les historiens considérés comme des spécialistes de la monarchie, Pierre Luc Plasman ou Valérie Rosoux côtoieront les professeurs Elikia M’Bokolo, qui enseigne à Paris et Kinshasa l’histoire « large » de l’Afrique, Guy Van Temsche, qui a beaucoup travaillé sur l’angle économique de la colonisation, Amandine Lauro (ULB) spécialiste de l‘histoire coloniale et Zana Etambala (KUL). Martine Schotsman, spécialiste des commissions Vérité et Réconciliation a également été retenue, dans le même esprit que Mgr Nahimana, un évêque du Burundi, présenté par la N-VA et qui présida la Commission Vérité dans son pays.

Société civile

La philosophie de la commission parlementaire étant d’entendre les voix, ou en tout cas les porte-parole des victimes, la politologue Nadia Nsayi, qui travaille aujourd’hui au Musée d’Anvers fut retenue, de même qu’Olivia Umurerwa Rutazibwa, qui enseigne la politique à l’Université de Portsmouth et se fit connaître en Belgique par ses vues très pointues sur la coopération au développement (un terme qui sera soumis à l’analyse…). Pressenties, les deux expertes ont jusqu’à présent décliné la proposition.

Dès le début, des associations s’exprimant au nom de la diaspora, comme « Bamko » ou « Change », avaient exigé de figurer dans le premier groupe d’experts, au titre de la société civile et pour les Ecolo/Groen, leur légitimité était au moins égale à celle des experts proposés par le MRAC - Musée royal de l’Afrique centrale - de Tervuren. Quatre représentantes des associations d’ Afro-descendants, (Bamko, Plateforme des femmes de la diaspora, Mamas For Africa et Collectif Mémoire coloniale) seront contactées au coup par coup dès le début des travaux. Ces militantes devraient contribuer au travail de déconstruction des préjugés discriminatoires considérés, jusqu’aujourd’hui, comme l’une des conséquences de l’idéologie raciste qui sous-tendit la colonisation.

Aucune voix du terrain

Si la liste des experts représente un « panaché » de la société belge, y compris la diaspora d’origine africaine et qu’elle tient compte de l’arithmétique électorale, elle souffre cependant d’une carence évidente : aucune voix ne vient directement d’Afrique ! En effet, les quelques Africains retenus ont étudié en Europe ou y résident tandis que des historiens comme Isidore Ndaywel ou Sabakinu n’ont pas été retenus à ce stade. Et cela alors qu’ils se trouvent en prise directe avec la réalité congolaise et plus précisément avec les conséquences psychologiques, politiques et économiques de la colonisation, parmi lesquelles le pillage persistant des ressources naturelles et l’absence d’industries de transformation. Alors qu’au Rwanda d’importantes recherches ont été menées après 1994 sur les prémices du génocide découlant de la politique belge de l’époque, aucune voix du terrain n’a été conviée en ce moment.

Quand, après la rentrée d’octobre, les parlementaires reprendront la main, ils corrigeront peut-être ces manques. Mais il est probable aussi que les rapports de force apparus au sein des travaux préparatoires seront plus tendus que jamais : le simple choix des experts académiques a déjà été l’occasion de violentes passes d’armes entre un bloc où se retrouvaient côte à côte le Vlaams Belang et la N-VA, unis dans leur critique de la monarchie et de la bourgeoisie francophone, et parfois rejoints par le MR lorsqu’il s’agissait d’atténuer ou d’occulter la responsabilité des entreprises belges au Congo.

Dans le « camp » d’en face se sont retrouvés les socialistes, le PTB, et surtout Ecolo/Groen, qui assurera la présidence de la commission. Pour l’un des quatre rapporteurs, Nabil Boukili (PTB) « il sera essentiel, au-delà de la brutalité des individus, de ne pas éluder la question du transfert de richesses dont ont bénéficié, en Belgique, des entreprises, des “grandes familles” qui tiennent toujours le haut du pavé. Il faudra aussi étudier en profondeur le fondement du rapport racial, afin de mettre à nu les racines du racisme persistant d’aujourd’hui et de déconstruire ce dernier."


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