A Doha, le coordonnateur adjoint de AFC/M23, Bertrand Bisimwa, a rendu publique une patience exaspérée : « Au moment où, à Doha, nous ne nous lassons pas d’attendre l’arrivée de la délégation de Kinshasa… » Cette attente n’est pas anodine : elle suspend la mise en œuvre d’un processus dont l’articulation est limpide, l’accord de Washington signé le 25 juin 2025 ne prend sens que s’il se conjugue avec la Déclaration de principe de Doha et l’accord qui doit en découler. Or, sans Doha, Washington reste inachevé.
Félix Tshisekedi, après avoir annoncé aux Congolais de la diaspora jusqu’au Brésil, une invitation imminente de la Maison-Blanche pour la signature de l’accord de Washington, retient ses émissaires et refuse, pour l’heure, d’autoriser la signature de l’accord de Doha avec l’AFC/M23.
Cet allers-retours révèle une conduite politique faite de pas en avant suivis de replis prolongés : une volonté apparente de paraître conciliante dans le discours, mais une résilience à l’égard des engagements concrets qui compromet la crédibilité même du pays sur la scène internationale.
Sur le terrain, la posture se fait plus inquiétante. Le 11 novembre 2025, à 16h00, l’Alliance Fleuve Congo/M23, dénonçait ce qu’il qualifie d’« nième violation » du cessez-le-feu par Kinshasa, évoquant des attaques sur des zones densément peuplées du territoire de Masisi, notamment l’usage de drones.
Ces allégations viennent contredire le discours officiel et nourrissent l’impression d’un État tiraillé entre la rhétorique de la paix et des pratiques coercitives qui rendent tout processus de réconciliation incertain.
Les raisons de cette réticence sont multiples et lourdes de sens : pour plusieurs observateurs, le chef de l’État peine à se détacher d’alliances douteuses, recrues des FDLR intégrées à des unités de la Garde républicaine, recours à des contingents burundais et à des mercenaires autant de facteurs qui lui assureraient une protection circonstancielle mais l’attacheraient durablement à des réseaux compromettants.
L’entourage présidentiel, craignant l’ouverture d’enquêtes sur des actes économiques ou politiques, semble préférer la posture du statu quo et donc celle de la confrontation plutôt que la marche vers des concessions susceptibles de conduire à des révélations et à des poursuites.
Par ce refus obstiné de s’engager pleinement dans le processus de Doha pivot indispensable à l’effectivité de l’accord de Washington, Kinshasa ne choisit pas seulement la prudence : elle s’installe dans l’impasse diplomatique.
A force de tergiversations, l’État congolais se dérobe aux responsabilités qui lui incombent face aux facilitateurs et aux partenaires internationaux et finit par se placer sur le banc des nations, marginalisé, moins écouté et moins crédible.
Ce jeu du cache-cache avec les facilitateurs de Doha et les médiateurs américains n’est pas sans coût : il affaiblit la position négociatrice du pays, fragilise la confiance internationale et compromet la perspective même d’une paix stable et négociée.
En définitive, la posture de Kinshasa oscillant entre promesses publiques et refus privés de concrétiser les engagements confère au pays une posture d’attente dangereuse : elle allonge l’ombre d’un isolement diplomatique, profond et durable, et fait courir le risque d’une escalade sur le terrain qui viendrait enterrer, à la fois, les accords et l’espoir de sortie de crise.














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