Dans une période où même les danses et les chants étaient interdits, Rurangwa raconte les stratégies qu’il a dû adopter pour contourner ces restrictions. « J’ai imaginé des gens qui fuyaient de la Guinée vers un autre endroit au lieu de fuir du Rwanda vers le Burundi », explique-t-il, décrivant comment il a dû transposer la réalité pour éviter les foudres de la censure.
Ses pièces, telles que La Traversée du Désert et De Harlem à l’Accra, mettaient en lumière des thématiques sensibles, comme la libération et la diaspora, des sujets souvent perçus comme subversifs à l’époque.
« Quand je parlais des combats pour la libération, ces hommes américains partaient de Harlem, à New York, pour Accra, alors qu’en réalité, ils quittaient Bujumbura, Kampala, Kinshasa ou Goma pour rejoindre (le front au) le Rwanda », se souvient Rurangwa.
Cette démarche littéraire lui a permis de continuer à produire des œuvres malgré la censure et de mobiliser un public qui comprenait le véritable message derrière ses métaphores.
Cependant, la censure était omniprésente et frappait durement. Jean Marie Vianney Rurangwa évoque particulièrement un épisode douloureux lors de la présentation prévue de sa pièce Les Enfants du Soleil à l’Odéon Palace de Bujumbura.
Tout était prêt : les billets avaient été vendus, le décor installé et les spectateurs attendaient avec impatience. Mais le matin même, la pièce a été interdite. « C’était extrêmement pénible », se souvient-il.
Contraint de se rendre à la radio, il a dû annoncer l’annulation de la présentation et inviter les spectateurs à venir récupérer et se faire rembourser leurs billets. « C’était une grande frustration », avoue-t-il, une frustration qui a marqué non seulement lui, mais aussi toute son équipe artistique.
Malgré ces obstacles, Rurangwa n’a jamais abandonné. Son expérience l’a rendu plus résilient face à l’adversité. « Nous sommes un peuple très résilient », déclare-t-il.
Cette résilience, selon lui, est la clé qui lui a permis de continuer à créer et à persévérer malgré les interdictions et les censures répétées.
À travers la transposition littéraire et la créativité, il a réussi à contourner les obstacles, refusant de laisser la censure étouffer son art.
Les années qui ont suivi ont apporté un léger soulagement. Avec le changement de ministre au Burundi, la situation s’est adouci, et il a pu continuer à monter des pièces de théâtre. « Je n’ai jamais abandonné », affirme-t-il.
Cette ténacité et cet engagement inébranlable pour l’art et la culture font de Jean Marie Vianney Rurangwa une figure incontournable de la scène littéraire et théâtrale rwandaise et africaine, dont le parcours inspire des générations d’artistes.
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