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Le Maping Report ou Chiffon rouge

Redigé par Tite Gatabazi
Le 21 mai 2021 à 02:58

On entend parler du rapport Mapping le plus souvent pour accuser le Rwanda de Kagame d'avoir commis des crimes en République Démocratique du Congo.

Sur France 24, le 18 mai 2021, le Président Kagame a réitéré son propos : « le mapping report est très controversé et très politisé ». Voilà qui est dit et qui reflète la réalité de ce rapport des nations unies parmi tant d’autres, devenu le chiffon rouge de la mouvance négationniste.

« APR/AFDL a épargné la vie et a même facilité le retour au Rwanda d’un grand nombre de refugiés hutu » Mapping Report Cette phrase à elle seule aurait suffit pour éviter les polémiques. Hélas non !

Il faut bien le rappeler, depuis juillet 1994, le Rwanda post génocide fait face à une puissante machine de désinformation dont la stratégie bien huilée de manipulation de l’opinion publique est redoutable.

Le mapping report n’en est que la pointe émergée et visible de l’iceberg. Sauf qu’en termes d’insuffisances, il en accumule un paquet et souffre de faiblesses qui le rendent peu ou pas crédible.

Le mapping report est exploité par certains milieux à des fins politiques pour répandre le blâme sur le Rwanda post génocide et couvrir certaines responsabilités dans le génocide contre les tutsis en brandissant la « théorie du double génocide ».

Le mapping report ne répond pas aux normes de la méthodologie de recherche et le reconnait par ailleurs. Pour s’en convaincre, le mapping report repose presque entièrement sur l’utilisation de sources anonymes, des affirmations par ouï-dire, des enquêteurs et des témoins non identifiés, qui n’ont aucun indice de crédibilité, et allèguent l’existence de victimes sans certitude. En termes de rapport d’enquête, on a vu mieux.

Le mapping report fait l’impasse sur le contexte historique, notamment en ce qui concerne la nature du conflit en cours dans l’ex- Zaïre devenu République Démocratique du Congo.

Les rédacteurs du mapping report font preuve de malhonnêteté intellectuelle car ils n’évoquent nulle part le rapatriement et la réintégration de millions de réfugiés au Rwanda. Ceci atteste du niveau de connaissances des Nations Unies concernant le processus de rapatriement qui a eu lieu au Rwanda.

Le mapping report occulte les récits de la situation, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU, des ONG et de nombreux témoins oculaires de la région ont confirmé que les forces génocidaires, se faisant souvent passer pour des réfugiés civils, opéraient sous le couvert de camps de réfugiés de l’ONU.

Dans ces conditions, le mapping report ne parvient pas à élucidé les incohérences selon lesquelles les allégations des actes de génocide sont directement contredites par des efforts coordonnés pour rapatrier, réinstaller et réintégrer des millions de réfugiés hutus ; lesquelles efforts étaient soutenus par l’ONU.

Le mapping report est un rapport à la va vite. Ces auteurs ont eu un délai de six mois, pour enquêter sur un conflit vieux de dix ans dans un pays aussi grand que l’Europe.

La polémique lancée par le mapping report fut déclenchée par le journal Le Monde en France. On voit bien, du moins si on est à envie d’ouvrir les yeux. En effet, d’abord par une fuite du pré-rapport, fin août 2010, puis par un éditorial le 9 septembre 2010.

Deuxième scoop après celui du rapport Bruguière. Quelle coïncidence ! Quand des observateurs affirment que « le juge Bruguière et son enquête ont d’abord servi la raison d’Etat, visant à protéger la position de la France et son rôle dans le génocide contre les tutsis », ils savent de quoi ils parlent.

Il a fallu que le juge Trevidic conduise un collège d’experts français en balistique, acoustique, explosif et que par de minutieux relevés topographiques réalisés sur terrain, ils viennent contredire le rapport du juge Bruguière.

A l’instar du mapping report, le rapport Bruguière était fondé sur des témoignages fragiles, contestés. Dont aucun élément matériel ne venait à l’appui de la démonstration. Avec le rapport Trevidic, pièce par pièce, la construction Bruguière s’est dévastée.

Un regard rétrospectif sur l’exploitation médiatique de ce rapport atteste de l’acharnement contre le Rwanda post génocide. Et l’incrimination de « double génocide » sera reprise systématiquement depuis lors. Et quand, légitimement, le Rwanda indique aux Nations Unies, que si ce rapport sortait en l’état, il envisagerait de retirer ses troupes dans les missions de maintien de la paix des nations unies, le journal Le Monde le présente comme « un chantage ».

Faut-il le rappeler, les réactions à l'ONU au rapport Mapping, du Burundi, du Rwanda, de l’Angola et de l’Ouganda montrent que tous ces pays contestent ce travail et le considèrent comme dépourvu de rigueur, voire comportant parfois des contre-vérités. Et pourquoi alors cette fixation sur le Rwanda ? Il y a anguille sous roche.

Dans mapping Report, pour ceux qui ont pris la peine de le lire, ses auteurs écrivent ceci : "Compte tenu de son mandat, il ne revenait pas au Projet Mapping de se prononcer sur le nombre total de personnes mortes ou tuées du fait de la situation en RDC au cours de la période considérée.

Ces dix années ont, en effet, été marquées par une série de crises politiques
majeures, des guerres ainsi que de nombreux conflits ethniques et régionaux qui ont provoqué la mort de centaines de milliers, voire de millions de personnes » Pour les plus curieux, ils constateront que l'expression "nombre indéterminé est utilisée cent soixante dix sept fois dans ce rapport mapping.

L’Equipe d’enquête du Secrétaire général de l’ONU déployée en RDC juste après les événements a démontré dans son rapport final les défis que pose la référence à une intention spécifique claire à la base des tueries des Hutus en RDC en ces termes :

« Il est clair que, lorsque les camps du Nord-Kivu ont été attaqués, en octobre
et novembre 1996, l’un des objectifs était de contraindre les réfugiés résidant dans les camps à regagner le territoire rwandais. Dans une certaine mesure, le retour a été volontaire puisque de nombreux réfugiés authentiques avaient été empêchés de rentrer dans leur pays par les éléments militaires présents dans les camps ».

Ce rapport est un parmi tant d’autres mais qui ne bénéficient pas d’une couverture médiatique.

Quand le Président Kagame déclare qu’il existe d’autres rapports qui contredisent le Mapping Report, il fait allusion, entre autre, à celui-ci.

Dr Mukwege et le mapping report

Docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix, connu pour son travail de gynécologue à l’hôpital de Panzi, dans la périphérie de Bukavu, qui répare, physiquement et psychologiquement, les femmes victimes de viols de guerre dans l’Est de la RDC, fait partie de ces voix qui font la promotion du mapping report.

Compte tenu de son combat et sa notoriété, sa parole est particulièrement
légitime. Malheureusement, le mapping report est imprécis et contradictoire même dans l’identification des auteurs du massacre de Lemera, hôpital ou prestait Dr Mukwege avant de déménager à Panzi.

Le mapping report fait usage du conditionnel et de l’hypothèse. Mais Dr Mukwege s’en accommode. En mars 2020, au Sénat français était organisé ce qu’on a appelé « le colloque des négationnistes ».

Ce colloque était inscrit sous le haut patronage du Dr Mukwege. Qu’il ait décliné sa participation au dernier moment, cela n’a pas empêché les organisateurs de passer son discours.

Le paradoxe avec son activisme, ce qu’il n’évoque que le mapping report. Il passe sous silence les massacres de ses voisins du Sud, les banyamulenges, il n’évoque pas les massacres dans le Nord Kivu, dans l’Ituri.

Dr Mukwege est sélectif et cela pose un problème éthique de son engagement. Tout compte fait, après la publication du mapping report, les affrontements et entre la dizaine des groupes armés et les massacres des civils continuent en République Démocratique du Congo et ce, en présence des troupes de la MONUSCO. En foi de quoi, le 6 mai 2021, le Président Tshisekedi a proclamé l’état de siège.


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