Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Rwanda affiche un taux de suicide de 5,6 pour 100 000 personnes, proche de la moyenne mondiale fixée à 9,2 pour 100 000. Chaque année, plus de 700 000 personnes dans le monde mettent fin à leurs jours, faisant du suicide la 4ème cause de décès chez les jeunes de 15 à 29 ans. Bien que les taux les plus élevés soient observés dans les pays à faibles et moyens revenus, le suicide demeure un problème mondial touchant toutes les couches sociales, selon l’OMS.

Facteurs de risque complexes : traumatisme, addiction et isolement

Le Dr Jean Damascène Iyamuremye, Directeur des soins psychiatriques au Centre Biomédical du Rwanda (RBC), souligne que le suicide résulte d’une interaction complexe de facteurs psychologiques, biologiques et sociaux. Il rappelle que de nombreux Rwandais continuent de souffrir de traumatismes persistants, notamment ceux causés par le génocide contre les Tutsis en 1994.

« Beaucoup de survivants vivent avec un traumatisme et un stress post-traumatique, ce qui accroît considérablement le risque de suicide », explique-t-il.

Bien que la consommation d’alcool et de drogues soit moins répandue au Rwanda que dans d’autres régions, elle contribue néanmoins à des comportements impulsifs qui aggravent les problèmes de santé mentale et augmentent les risques de suicide.

Des initiatives ambitieuses pour la santé mentale

En réponse à ces défis, le Rwanda a fait de la santé mentale une priorité nationale. Des mesures significatives ont été mises en place pour garantir un accès rapide aux soins psychiatriques et psychologiques.

« Le Ministère de la Santé a intégré la santé mentale dans les services de soins primaires. Des soins spécialisés sont désormais disponibles dans tous les hôpitaux de district et les centres de santé du pays », a précisé le Dr Iyamuremye.

De plus, une vaste campagne nationale de sensibilisation a été lancée pour réduire la stigmatisation liée aux problèmes de santé mentale et encourager la recherche d’aide avant qu’il ne soit trop tard. Cependant, malgré ces avancées, il reste encore beaucoup à faire en matière d’éducation publique et d’amélioration de l’accès aux soins.

Un soutien immédiat : la ligne d’assistance 114

L’une des pierres angulaires de la lutte contre le suicide au Rwanda est la ligne d’assistance téléphonique pour la santé mentale, le 114, qui fournit une aide immédiate aux personnes en crise. Cette initiative s’ajoute à d’autres services locaux visant à améliorer le soutien psychologique. Le Rwanda collabore également avec des organisations mondiales, telles que l’OMS, pour renforcer son infrastructure de santé mentale et former davantage de professionnels dans ce domaine.

Le Dr Iyamuremye insiste sur l’importance d’écouter sans jugement ceux qui manifestent des pensées suicidaires ou qui ont perdu un proche dans de telles circonstances. Il exhorte également les Rwandais à consulter des professionnels de santé dès les premiers signes d’isolement ou de frustration.

« La guérison est possible, mais elle demande du temps. La première étape cruciale est de consulter un professionnel. Si vous remarquez chez quelqu’un des signes de dépression, d’isolement ou de tristesse profonde, soyez présent et guidez cette personne vers une aide professionnelle », conclut-il.

Les enquêteurs inspectent la scène d'un incident de suicide dans la ville de Kigali. Le Rwanda a rejoint la communauté internationale le 10 septembre pour commémorer la Journée mondiale de prévention du suicide