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Pegasus, une bombe ou une grenade goupillée

Redigé par Tite Gatabazi
Le 23 juillet 2021 à 12:05

Le premier espion ou agent de renseignements est apparu ou alors repéré vers l’an 3000 avant Jésus Christ.

Un regard rétrospectif dans l’histoire, nous apprend que, d’une période à l’autre, le système de renseignement fonctionne et fait de vagues parfois.

Déjà, les pharaons disposaient des agents de renseignements chargés de fouiller pour obtenir des informations fiables auprès de la population locale. Ramsès II a battu les Hittites grâce à ses espions.

Des chercheurs en espionnage affirment que la Thora juive est l’un des premiers textes historiques et stratégiques connu. En effet, selon la Bible, sur les conseils de Dieu lui-même, Moïse avait dépêché ses hommes en reconnaissance des lieux avec les consignes précises : « vous verrez le pays, ce qu’il est et le peuple qui l’habite, s’il est fort ou faible, s’il est en petit ou en grand nombre, s’il est bon ou mauvais. Les villes sont-elles ouvertes ou fortifiées ».

Il s’avère que d’une époque à l’autre et même selon les épisodes du moment et des lieux où ils se déroulent, les mondes politiques, diplomatiques, industriels, commerciaux sont friands d’intrigues en tout genre.

Pegasus est cette pointe de l’iceberg sur la part d’ombre que portent les Etats, les entreprises, les sociétés et les individus dans la défense et la préservation de leurs intérêts. Même les amoureux ont recours à cette méthode.
L’espionnage regorge des histoires rocambolesques et parfois effarantes.

L’entreprise israélienne NSO, société privée créée par des Israéliens puis revendue comme beaucoup de start-up à un fonds américain, NSO emploie plusieurs centaines de salariés dont environ deux cent sont des ex-membres des unités d’élite du renseignement de l’armée. Après leur service militaire, ils se reconvertissent dans le privé où ils déploient leurs talents.

C’est cette société qui a conçu le logiciel « Pegasus » qui est au cœur de la tempête médiatique.

Le 19 juillet dernier, un consortium de médias internationaux coordonné par l’équipe de Forbidden Stories, avec l’aide d’Amnesty International a révélé le que le logiciel Pegasus avait été détourné par plusieurs États pour cibler des personnalités diverses dont des politiques.

En effet, Pegasus est un logiciel d’espionnage conçu par la société israélienne NSO Group, qui le vend exclusivement aux États. Introduit dans un téléphone portable, ce logiciel permet d’écouter les appels téléphoniques, mais surtout d’absorber tout le contenu du téléphone c’est-à-dire les photos, les données, messages et même si les applications dites sécurisées ; sans que rien n’indique à son propriétaire qu’il a été piraté. Une performance technologique.

L’affaire Pegasus pose de nombreuses questions en termes de cyber sécurité. Elle révèle que les plus hautes personnalités des différents ne sont pas suffisamment protégées ? Elle interroge aussi ces messages cryptés et dévoile qu’ils ne sont vraiment pas sécurisés. Alors, quelles seraient les techniques pour contrer ces attaques ? Vaste programme.

A la suite des révélations, le parquet de Paris a ouvert une enquête sur l’espionnage de certains journalistes français pour le compte de l’État marocain. Lequel rejette ces accusations.

Cette enquête a été ouverte pour atteinte à la vie privée, interception de correspondance, accès frauduleux à un système informatique et plus grave association de malfaiteurs entre autre.

Il s’agit de l’introduction, l’extraction et la transmission frauduleuses de données, qui peuvent être potentiellement reprochées aux utilisateurs de Pegasus. Même les nations unies s’en offusquent. Son haut-commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet a saisi cette opportunité pour réclamer « une meilleure règlementation du transfert des technologies de surveillance ».

Le Maroc, mis en cause par les révélations du consortium des journaux, a entamé une poursuite judiciaire. Il attaque Amnesty International et Forbidden Stories pour diffamation devant le tribunal correctionnel de Paris. Son Avocat, Maitre Baratelli estime que « toute la lumière doit être faite sur les allégations mensongères de ces deux organisations qui avancent des éléments sans la moindre preuve concrète et démontrée ».

La bataille judiciaire s’avère intéressante à plus d’un titre. Elle mettra au prise les notions de liberté de la presse, la protection des droits de l’homme mais aussi la diffusion des informations infondées ou sans suffisants d’éléments factuels, ce qui est attentatoire.

Du côté d’Israël, une commission du Parlement va se pencher sur les allégations selon lesquelles le logiciel d’espionnage Pegasus conçu par la firme NSO a été utilisé à « mauvais escient » par certains États, selon un député.

Le ministère de la défense pour sa part a désigné une commission composée des députés de différents groupes, a indiqué à la radio militaire Ram Ben, Barak, qui dirige la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, le parlement Israélien.

Selon Ram-Ben Barak, député Israélien, « à vrai dire, ce système a permis de mettre au jour de nombreuses cellules terroristes et criminelles et a aidé un grand nombre de personnes. S’il a été utilisé à tort, ou vendu à des parties irresponsables, c’est quelque chose qui doit être vérifié ».

Une autre source israélienne habituellement bien informée et citée par l’agence Reuters, estime qu’il est peu probable que des restrictions à l’exportation soient imposées au logiciel Pegasus.

L’objectif étant plutôt de découvrir ce qui s’est passé, d’examiner ce problème et d’en tirer des leçons, a-t-elle indiqué.

Pour sa part, la société NSO assure que son logiciel sert uniquement à obtenir des renseignements sur des réseaux criminels ou terroristes.

Son président-directeur général, Shalev Hulio, ne s’est pas indigné non plus des révélations du consortium, sinon pour les assimiler à une tentative de salir l’ensemble de la cyber industrie israélienne.
Il s’est dit très favorable à une enquête pour blanchir sa société.

Et le porte-parole de la société d’ajouter en substance : « Nous nous félicitons de toute décision prise par le gouvernement d’Israël, et nous sommes convaincus que les activités de l’entreprise sont sans faille ».

En effet, dimanche, NSO avait soutenu que les révélations du consortium n’étaient qu’un ramassis d’hypothèses erronées et de théories non corroborées et avait dit étudier des poursuites en diffamation.

Elle a en outre annoncé qu’elle ne répondrait plus aux journalistes, pour ne pas entrer dans le jeu de groupes d’intérêts menant une campagne vicieuse contre la compagnie.

Un haut responsable de la société indique que NSO enquêtera en profondeur sur toute preuve de mauvaise utilisation de ses technologies, comme ils l’ont toujours fait, et mettront le système hors service si nécessaire.

En France, le Président Macron a convoqué un conseil de défense exceptionnel dédié à cette affaire qui fait grand bruit.

Mais qu’est- ce qu’il parait loin ce temps où l’on privilégiait le « renseignement humain ».

Dans les années 1980, Vladimir Vetrov vivait à Paris. Espion pour le KGB, le service de renseignement russe. Réfractaire aux méthodes de son pays, il avait décidé de retourner sa veste. Une aubaine pour la France.

Durant des mois, il avait travaillé pour les services secrets français. Il leur a fourni des milliers de documents révélant tout ce que faisait le KGB. Aucun service de renseignement n’avait jamais obtenu tant d’informations sur un service d’un autre pays ! Et c’était la période de « guerre froide ».
Vladimir Vetrov a finalement été condamné par l’URSS puis exécuté.

En 2013, il avait dévoilé de nombreux documents secrets montrant que la NSA surveillait les mails et les conversations téléphoniques de citoyens et d’entreprises du monde entier sans en avoir le droit.

Poursuivi par la justice américaine pour avoir révélé ces informations top secrètes, Edward Snowden s’était enfui et vit aujourd’hui en Russie.

Cette pratique semble aussi ancienne que le secret et la vie de l’homme sur terre et restera consubstantielle aux relations humaines c’est-à-dire étatiques, industrielles, commerciales et bien d’autres.

Pegasus ne sera qu’un faux semblant et une grenade dégoupillée plutôt qu’une bombe dans ce monde politico-médiatique que Françoise Giroud dépeignait comme « La comédie du pouvoir ».

Le premier espion ou agent de renseignements est apparu ou alors repéré vers l'an 3000 avant Jésus Christ.
L’affaire Greenpeace et le rambow warior, le passage à l'Est du chef du contre-espionnage allemand, l’expulsion régulière des diplomates pour fait d’espionnage.

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